Qui est celuy qui eust envie Des miserables courtisans?...... Vivez contens, ô gentils hommes, Estimant vos fruits et vos pommes Si vous n'avez auprés d'un prince Vous ne cherchez point l'artifice Ou pour Vous n'estes point dans une sale Tantost d'un chevalier Romain 5.... (NICOLAS RAPIN). 1. Il y a là quelques souvenirs d'Horace. Voyez la deuxième Epode. 2. Fonctions officielles dans lesquelles on est établi. 3. Velours. Italien velluto. On a fait velouter. 4. Ou godronner, faire des plis ronds (godrons) aux fraises qui entourent le cou. 5. Cette jolie pièce, d'allure vive et ronde, à la bonhomie spirituelle, ROIS ET REINES Les princes de la race des Valois-Angoulême ont droit à une place parmi les poètes du siècle où ils ont régné : ils ont cultivé les lettres qu'ils protégeaient. FRANÇOIS Ier écrivit des vers sur les dames de sa cour et à sa sœur. HENRI II, son fils, en adressa à Diane de Poitiers. CHARLES IX, son petit-fils, célèbre la royauté poétique de Ronsard. Les femmes aussi ont tenu la plume; l'une d'elles, n'eû!elle pas été sœur de roi et reine, se fut fait un nom inoubliable dans l'histoire du xvIe siècle. MARGUERITE D'ANGOULÊME ou de Valois, duchesse d'Alençon, puis reine de Navarre (1492-1540), écrivit, outre l'Heptaméron, qui lui assure le premier rang entre les conteurs du xvi siecle, des poésies nombreuses (poèmes mystiques, poèmes mythologiques, mystères, farces, épîtres, complaintes, chansons spirituelles), publiés en 1547 sous le titre de Marguerites de la Marguerite des Princesses). - JEANNE D'ALBRET (1531-1572), fille de la précédente, « qui, dit d'Aubigné, n'avoit de femme que le sexe, l'âme entiere aux choses viriles, l'esprit puissant aux grandes affaires, le cœur invincible aux adversités », n'a pas dérogé au goût de sa race pour les choses de l'esprit. Elle l'a transmis au sang des Bourbons dans son fils HENRI IV, dont on sait l'originalité épistolaire et oratoire; on cite de la mère des sonnets, du fils des chansons. Ne séparons pas de cette lignée royale la seconde MARGUERITE DE VALOIS, la sœur de Charles IX, qui a écrit de charmants Mémoires, et sa belle-sœur MARIE STUART, dont les vers touchants n'ont pas été oubliés. HUITAIN Celle qui fut de beauté si louable Que pour sa garde elle avoit une armee 1, VERS A UN CRUCIFIX 1 (FRANÇOIS Ir). C'est vous, Seigneur, pendant en ceste croix, percée d'une pointe d'épigramme, qui est le caractère des Ménippéens en leur prose et leur poésie. Le mot y est franchement rustique, et sent parfois le basse-cour, le chenil et la cuisine, plus que les parfums subtils de la cour et les roses et œillets qu'on respire dans les vers des Ronsard et des Belleau. On y entend la « cane» plus que le rossignol et l'alouette mais à l'occasion, la boute-selle. Sous le paysan, il y a le gentilhomme. 1. Hélène. 2. C'est le premier couplet d'une ballade, qui accompagnait un crucifix envoyé par le roi à sa sœur. Vous commandés aux princes et aux roys, PRIÈRE A DIEU POUR SON FRÈRE MALADE: De touttes ses graces et dons Donnés à nature victoire Sur son mal et nostre malheur. O grand medecin tout puissant! Que douleur brise dans nos cueurs : Par Jesus-Christ, nostre Sauveur, J'en suis loing: dont j'ai douleur telle, Le desir du bien que j'attendz 1. Le fier [étant] humilié. 2. Nous commençons notre citation à la sixième strophe de la Chanson faicte par Madame Marguerile dans sa litière, durant la maladye du Roy, son frère, auprès duquel elle se rendait. Pensées de la reine de Navarre estant en sa.. 3. La semaine sainte. 4. Affirmer. On donne aussi ce titre : Ne bouge, ou retourne en arriere, Je regarde de tous costés (MARGUERITE D'ANGOULEME). ADIEUX A LA FRANCE 1 Adieu, plaisant pays de France, La plus cherie, Qui as nourri ma jeune enfance; Pour que de l'autre il te souvienne. A RONSARD (MARIE STUART). L'art de faire des vers, deust on s'en indigner, Esclatte (CHARLES IX). Vers écrits en vue des côtes de France, sur le vaisseau qui conduisait la reine en Ecosse. XVII SIÈCLE LA POÉSIE AU XVII. SIÈCLE Entre Malherbe qui, après les brillantes aventures poétiques du XVIe siècle, avait ouvert magistralement la carrière au xvie, et meurt respecté quarante-trois ans après Ronsard oublié, et Boileau qui, en 1660, commence à écrire quand Louis XIV commence à régner et ouvre le Siècle de Louis XIV, entre les deux maîtres sévères qui enseignent et représentent la discipline, la poésie prit ses aises, s'émancipa et suivit librement plusieurs voies. Pendant un demisiècle, le faisceau d'unité que le premier avait noué et que le second renoua, se délia et se dispersa. On peut compter plusieurs groupes distincts. D'abord les disciples restés fidèles aux leçons du maître qui avait régenté et dominé la poésie. Ils les suivent, chacun dans la liberté de sa nature et de son esprit, mais tous respectueux de la langue, de l'harmonie, du goût et de la raison: RACAN (1589-1670), quelquefois négligé; GODEAU (1605-1672), souvent prolixe; MAYNARD (15821646), un peu froid; GOMBAULD (1570–1666), plus vigoureux qu'abondant; et, si l'on veut encore, SEGRAIS (1624-1701), venu après eux, mais venu avant Boileau, qui, dans le peu qu'il a légué, est heritier de leurs traditions. Opposons-leur tout de suite les indépendants, amoureux de la fantaisie, imaginations brillantes et hardies, mais hasardeuses. Ce sont les THEOPHILE DE VIAU (1590-1626), les SAINT-AMAND (1593– 1660), les GEOrges de ScudÉRY (1601-1667), les CYRANO DE BERGERAC (1620-1655), les improvisateurs de la poésie, dont plusieurs s'aventurent dans l'épopée (Moïse sauvé, 1653, par le second; Alaric, 1654, par le troisième). Il faut leur adjoindre le créateur de la poésie burlesque en France et de la Mazarinade, SCARRON (1611-1660), gai et fin conteur en prose, plus d'une fois marotiste en vers, poète comique, protée infatigable. Leur plume court, libre en ses caprices, et eux-mêmes, à part Scarron, cloué à vingt-sept ans dans son lit ou son fauteuil, sont sujets à courir les grands chemins, SaintAmand, de la Pologne, Théophile, des Pyrénées. Quelques-uns sont suspects ou convaincus de libertinage religieux, comme Théophile, et les épicuriens DES YVETEAUX (1560-1649), fils de Vauquelin de la Fresnaye, DES BARREAUX (1602-1673), dont un sonnet a rendu célèbre la conversion finale, HESNAUT /mort en 1682), qui traduisit Lucrèce |