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Un nouveau chemin dans les airs,
S'empreffe d'aller rendre hommage
Au plus grand Roi de l'Univers.
Ici du haut d'une éminence,
Je la vois le précipiter;

Puis fe répandre & ferpenter

Dans ce charmant lieu de plaifance,

Ou LOUIS trouve tant d'attraits:
Là redoublant fa violence,

Elle entre en des conduits fecrets,
D'où vers le Ciel elle s'élance
Avec pompe & magnificence,
Et contribuant quelquefois
Au plaifir du meilleur des Rois
Elle en fait à toute la France.

Mufe, en voilà plus qu'il ne faut,
Vous prenez votre vol trop haut,
Ce feroit être témeraire

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De pouffer les chofes plus loin
D'autres s'il faut le fçauront faire,
De votre art on n'a pas besoin,
Et vous feriez mieux de vous taire.
L'avis me femble falutaire.

Laiffons donc à d'autres ce foin,

Peut-être que c'est la paresse,
Qui par surprise & par adreffe

Me fait cette belle Oraifon.

Je me rends pourtant, & je ceffe ;
Car il faut que je le confesse,
Pour cette fois, elle a raison,

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MINDEN N N NNENNAINEN

A MONSIEUR

I. D. F. A. G. A. P.
Sur la décadence du bon goût,

Depuis un tems, mon filence en fait foi,

Dans vos Cantons n'oferois plus écrire,
Grand Magiftrat, fi demandez, pourquoi ?
Tout bonnement je m'en vais vous le dire,
A maint écrit qu'à Paris on admire

Ou

peu s'en faut, ne puis comprendre rien; Le ftyle en est très-beau, je le vois bien; Mais tel qu'il eft, fi n'y puis rien entendre, N'ai-je pas lieu d'apprehender qu'au mien Paris auffi ne puiffe rien comprendre? Grand mal m'en veux, & ne fuis

peu

D'avoir l'efprit fi dur & fi bouché,

touché

Car j'ai beau faire, & hauffer mes lunettes
Et Profe & Vers tout eft fi haut perché,
Qu'également je m'y trouve empêché,
Et c'eft toûjours pour moi lettres fecrettes,
Goutte n'y vois. Oh! que tout a changé

Pour le langage; & que dans la grand-Ville,
Depuis le tems que j'en fuis délogé,
On s'eft rendu terriblement habile!

Un point pourtant sur cela m'a surpris,
Vous le dirai-je ? Excufez ma franchise,
C'est vous, Seigneur, qui caufez ma furprise;
Tout ce qui part de vous eft d'un grand prix,
Et peut fervir de regle & de modele,
C'eft verité dont perfonne n'appelle;
Jugez par-là de mon étonnement.
Lorsqu'en discours fortis de votre bouche
A nous forains tranfmis fidellement
J'ai trouvé tout énoncé clairement,
Rien de forcé, rien d'obscur, rien de louche.
Eft-ce donc là, d'abord me fuis-je dit,
Ce Magiftrat dont par toute la France
On prife tant le merveilleux efprit,
On vante tant la force & l'éloquence?
Je le croyois un oracle du tems,

Et cependant il parle & je l'entens.

Je vous le dis, Seigneur, c'eft grand dommage;

Cette clarté qui fut une vertu

Au tems pallé, n'eft plus du bel ufage;

Et ne voudrois en donner un fêtu

On la fouffroit jadis dans le langage,

Quand on parloit afin d'être entendu :
Mais aujourd'hui que l'on devient plus fage,
Adieu vous dis, fon crédit eft perdu.
On a raison, tout étoit confondu
Dans ces tems-là. Le peuple, la canaille,
Mettoit le nez dans les meilleurs écrits,
En décidoit fouvent vaille que vaille :
Chofe indécente, & que nos beaux efprits
N'ont dû fouffrir: ils ont mis fi bon ordre
A cet énorme & vicieux abus

Que leurs écrits font autant de Rebus,
Enigmes même, & n'eft aifé d'y mordre:
Qui le pourroit? Ils ne fe montrent plus
Qu'enveloppez de nuages confus :
Impunément ils bravent les orages,
Toûjours guindez dans le plus haut des airs,
De tems en tems du fond de ces nuages
On voit fortir des flammes, des éclairs;
Un peu de bruit & beaucoup de fumée ;
Puis un effain foi-difant renommée
Veut qu'on admire, & nous en fait la loi;
On obéït, on crie à la merveille,

Je crie auffi, fans trop fçavoir pourquoi :

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