NEILLE.

T. COR- D'ailleurs il cite exactement fes garants; ce qui eft un avantage pour le Lecteur qui veut recourir aux fources. Cependant fon Dictionnaire étoit déja decrié prefque avant que d'être mis en vente. Il faur avouer auffi que le plan en eft vicieux auffi bien que l'exécution. Car 1o. il a omis les définitions des termes Geographiques, qui devroient s'y trouver. 2o. Il a fouvent pris fes articles tout faits au hafard dans les Auteurs qu'il avoit fous la main, & ¦ y a ajouté en forme de fupplément ce qu'il trouvoit dans d'autres; au lieu qu'il auroit fallu remanier le tout, & ne choifir que ce qu'il y avoit de meilleur dans chaque Ecrivain pour en dreffer un feul article. 3o. Il a negligé les divifions qui apportent neanmoins de l'ordre & de la facilité dans l'étude de la Geogra phie. 4. Il fe jette trop fur l'hiftoire. so. Il n'a pas fait affez d'ufage des excellens livres de Critique, qui étoient déja publics. 6°. Il lui eft fouvent arrivé de préferer la plus mauvaise maniere d'écrire les noms qu'il eft prefque impoffible de trou

ver, à caufe de ce dérangement. T. COR7°. Il n'a point mis d'Index Latin à NEILLE. la fin, croyant y avoir affez fuppléć dans le corps même de l'Ouvrage, où il a inferé beaucoup d'articles qui ne concernent que l'ancienne Geographie, & qui commencent par des noms Latins. Mais il s'en faut beaucoup que ce qu'il en a mis foit fuffifant, tant par rapport au nombre, que par rapport à l'exactitude. Malgré tous ces défauts fon livre contient une infinité d'excellentes chofes, & ne merite pas le mépris que tant de perfonnes en ont fait, fouvent fans connoiffance de caufe. C'est le jugement que M. de la Martiniere, bon juge en ces fortes de matieres, en porte dans un Effai fur l'Origine & les progrès de la Geographie, inferé dans les Memoires Hiftoriques & Critiques du mois de Decembre 1722. p. 13.

V. Son Eloge par M. de Boze dans PHiftoire de l'Academie des Infcriptions, tom. 1. Baillet Jugemens des Savans, fur les Poetes.

J. BI

GNON.

JERO

EROSME Bignon naquit à Paris l'an 1590. de Rolland Bignon, Avocat au Parlement, d'une ancienne famille originaire d'Anjou, & de Marie Ogier, fille de Chriftophe Ogier, auffi Avocat au Parlement.

Rolland Bignon, qui eft mal appellé Jerofme dans les Opufcules de Loyfel p. 582. né au mois de Fevrier de l'an 1559. fut un des plus favans hommes de fon fiecle. Il avoit été difciple de Meffieurs Roaldés & Ma. ran, fameux Jurifconfultes de l'Univerfité de Touloufe; & lorfque le premier fe retira dans celle de Cabors, il laiffa fa Chaire de Profeffeur en Droit à Rolland Bignon, qui comme cette Profeffion étoit alors très-honorable, y enfeigna publiquement pendant une année,& dicta d'excellens Paratitles fur les cinq livres des Decretales. Etant enfuite venu à Paris, il exerça avec beaucoup de reputation la profeffion d'Avocat, à laquelle fe bornoient

alors plufieurs perfonnes de Naiffan- J. BIce & de merire, qui confervoient GNON. la moderation des anciennes mœurs, & qui étoient prévenus d'une efpece d'averfion contre lavenalité des Charges introduites depuis peu. Après avoir brillé dans le Barreau, il devint celebre dans les Confultations, & fut generalement eftimé comme un homme d'une rare fuffifance, & d'une probité finguliere.

Perfuadé qu'il étoit plus redevable à fon fils qu'à tout autre, il ne voulut confier fon éducation qu'à lui-même. Jerôme Bignon n'eut pas befoin d'aller chercher une autre école, pour apprendre les Langues, les Humanités, l'Eloquence, la Philofophie, les Mathematiques, l'Hiftoire, la Jurifprudence & la Theologie. Il apprit fous un fi excellent Maître toutes ces Sciences, avec une rapidité extraordinaire, & fe vit prefque à la fin de fes études dans un âge, où l'on ne commence gueres qu'à deliberer fur les moyens de faire étudier les enfans.

Dès l'âge de dix ans, il donna au public un effai de fon érudition

GNON.

J. Bi- qui lui fit dès-lors meriter la qualité d'Auteur. C'eft une Chorographie, ou Description de la Terre Sainte; qui fut une preuve des connoiffances qu'il avoit déja acquifes dans l'Hiftoire, la Geographie & l'Ecriture Sainte. Il n'en demeura pas-là, & l'on fut encore furpris de voir trois ans après paroître deux autres Ouvrages de fa compofition; Ouvra-ges qui le firent connoître à tout ce qu'il y avoit de perfonnes habiles & confiderables dans la France.

Le Roi Henri IV. ayant entendu parler de lui, voulut le voir, & le choifit pour être en qualité d'Enfant d'Honneur auprès du Dauphin, qui fut depuis le Roi Louis XIII.

Le jeune Bignon parut à la Cour avec des manieres tout-à-fait aifées & polies. L'aufterité d'une étude affidue n'avoit point obfcurci les difpofitions naturelles qu'il avoit pour paroître dans le grand Monde; & le tumulte & les engagemens de la Cour ne furent point capables d'af foiblir l'inclination qu'il fe fentoir pour les Sciences.

Il compofa en ce temps-là un