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fectes. Mais perfuadé que ce n'étoit P. M. point lire Ariftote que de le lire VERMI dans les traductions Latines qu'on L1Q. en a faites, il crut qu'il devoit ap prendre la langue Gréque, pour le lire en lui même. Il manquoit cependant de Maîtres capables pour le guider dans ce travail; mais cet obftacle ne l'arrêta pas, il le furmonta par fon affiduité infatigable, & parvint par-là à acquerir une connoiffance fort étendue de la langue Gréque.

L'étude de la Theologie l'occupa auffi, & il s'y appliqua fous un Hermite de S. Auguftin, & fous deux Dominicains, qui l'enfeignoient à Padoue.

Enfin lorfqu'il eut atteint fa 26e année, on le chargea de prêcher, & il s'acquita de cet emploi avec beaucoup de fuccès, d'abord à Brefcia, & enfuite dans les villes les plus confiderables de l'Italie, comme à Rome, à Boulogne, à Pife, à Venife, à Mantoue, à Bergame. Cela ne l'empêcha pas d'enseigner auffi la Philofophie & les Saintes Lettres aux jeunes Religieux de fon Ordre à Pa

P. M. doue, à Ravenne, à Boulogne, & à VERMI-Verceil. Il expliqua même Homere LIO.

dans cette derniere ville, à la priere de Benoist Cufani, qui avoit été à Padoue fon compagnon d'étude dans la langue Gréque, & avec lequel il paffoit fouvent les nuits entieres fur les livres Grecs.

La lecture de l'Ecriture Sainte, à laquelle il fe donna alors avec affiduité, lui fit fentir qu'il lui manquoit quelque chofe pour la bien entendre, je veux dire, l'intelligence de la langue Hebraïque. Ce fut ce qui l'engagea à l'apprendre pendant qu'il étoit Sous-Prieur à Boulogne, ayant pris pour Maître un Medecin Juif, nommé Ifaat.

La bonne opinion que les Religieux de fon ordre avoient de fon merite, le fit nommer quelque temps après Abbé de Spolete, & il s'acquit dans cette place l'eftime & l'affection des habitans de cette ville, tant en rétabliffant la regularité dans les maifons de fon Ordre, qui étoient de fa dependance, qu'en faifant ceffer les divifions qui regnoient à Spolete, & qui caufoient tous les jours des batteries & des meurtres.

Après trois années de féjour dans P. M. cette ville, Pierre Martyr fut en- VERMI voyé par le Chapitre General de LIO. F'Ordre à Naples, en qualité de Superieur du College de S. Pierre,

Pendant qu'il y demeuroit, il lut les Commentaires de Bucer fur les Evangiles & fur les Pfeaumes, le traité de Zwingle de la vraye & de la fauffe Religion, & quelques autres Ouvrages des Proteftans, qui lui inspirerent du goût pour leurs fentimens; goût qui fue bien augmenté par les converfations qu'il eut avec Jean Antoine Flami

Jean Valdés, Galeas Garacciol, & plufieurs autres, qui profeffoient déja en fecret la nouvelle Religion.

Il expliquoit alors en public la premiere Epitre de S. Paul aux Corinthiens. Mais étant aux verfets 13 & 14 du 3 Chapitre, il prétendit que les paroles qu'on y lifoit ne pouvoient fervir de rien pour prouver le Purgatoire; ce qui deplut à plufieurs perfonnes & lui attira une défenfe de continuer fes explications. Martyr refufa de deferer à aette défenfe, & en appella au Pa

P. M. pe, qui prévenu par les amis qu'il VERMI- avoit auprès de lui, la leva, & lui permit de continuer.

LIO.

Il n'y avoit pas encore trois ans qu'il étoit à Naples, lorfqu'il tomba dangereufement malade. Ses Superieurs attribuant fa maladie à l'air de cette ville, qui lui étoit contraire, jugerent à propos de l'en retirer, & le nommerent Vifiteur General de l'Ordre.

La feverité avec laquelle il exerça cette Charge, & la maniere dont il punit quelques particuliers & même des Superieurs qui menoient une vie fcandaleufe, lui attirerent leur inimitié, & lui procurerent plufieurs chagrins.

Il fentit l'effet de l'animofité qu'on avoit conçue contre lui dans le Chapitre General qui fe tint quelque temps après à Mantone, où fous prétexte de lui faire honneur, on lui tendit un piege, dont cependant il fe tira heureufement par fa prudence. On le nomma Prieur de S. Fridien à Lucques. C'étoit à la verité un poste fort honorable, puifque ce Prieur a la Jurifdiction Epifcopale

fur la moitié de la ville; mais auffi P. M. les Lucquois haïffent mortellement VERMIles Florentins, & l'on comptoit que LIO. Martyr auroit beaucoup à fouffrir par-là dans cette place, & qu'on lui fufciteroit fans ceffe des chagrins. Mais ces vûes malignes n'eurent point leur effet; car Martyr fçut fi bien gagner l'affection des Lucquois, qu'ils le traiterent toujours comme un de leur Compatriotes, & qu'ils demanderent inftamment aux Superieurs de fon Ordre, qu'on ne le leur ôtât point.

Il n'oublia rien pour faire fleurir les études dans le College de Lucques. Paul Lacifi Veronois y enfeignoit la langue Latine, Celfe Martinengo la Gréque, Emanuel Tremellius l'Hebraïque ; pour lui, il expliquoit les Epîtres de S. Paul, tant pour exercer la jeunesse dans la langue Gréque, que pour les inftruire de la Religion, & prêchoit tous les

Dimanches.

Cependant il fe formoit contre lui un orage à Genes, où le Chapitre General étoit affemblé. Il reçut un ordre d'y comparoître, apparem

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