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meilleure

part en fa bonne grace, L. LABE

& les eût preferé à quelconque grand Seigneur, & fait courtoi» fie à l'un plûtôt gratis, qu'à l'autre pour grand nombre d'écus: » qui eft contre la coutume de celles de fon metier & qualité.

Demofthene eût été bien aife que la Courtifane Lais eût reffemblé à celle-ci. Il n'auroit pas fait le voyage de Corinthe inutilement, ni éprouvé

Qu'à tels feftins un Auteur comme
un fot

A prix d'argent doit payer fon écot.

Ce qui nous refte d'elle eft contenu dans un volume extrémement rare, qui a pour titre.

Euvres de Louize Labé, Lionnoize. Lion. Jean de Tournes 1556. in16. pp. 176. non chiffrées. Du Verdier met 1555. Je crois cependant qu'il n'y a point d'autre édition avant celle de 1556. Il peut avoir mis cette année, parce que l'Epitre dedicatoire eft datée du 24 Juillet 1555. & que le livre parut à la fin

LABE'. de cette année. Louife Labé a adreffé cette Epitre A. M. C. D. B. L. c'està-dire à A Mademoiselle Clemence de Bourges, Lionnoife, qui étoit auffi diftinguée par fon Merite & fa Science. J'apprens des additions Manufcrites de Mr. de la Monnoye aux Bibliotheques Françoifes de la Croix du Maine & de du Verdier, qu'il y a eu une feconde édition faite à Rouen chez Jean Garou la même année 1556. in-16,

Les pieces contenues dans ce Recueil font

Debat de Folie

d'Amour. C'est

un Dialogue en profe très-ingenieux, dont voici le fujet. Jupiter avoit ordonné à tous les Dieux de fe trouver à un feftin qu'il vouloit leur donner. L'Amour & la Folie arrivent en mê me temps à la porte de fon Palais pour s'y rendre. Mais elle étoit déja fermée, & il n'y avoit plus que le guichet d'ouvert. La Folie voyant l'Amour prêt à mettre un pied dedans, s'avance pour paffer la premiere. L'Amour se voyant pouffé fe met en colere; mais la Folie lui foutient que c'est-à elle à passer des

vant. Là deffus ils entrent en difpu- L. LABE'. te fur leurs prérogatives. L'Amour voyant qu'il ne pouvoit l'emporter par des raifons, met la main à fon arc, & lâche une fléche à la Folie, qui fe met hors de fes atteintes en fe rendant invifible, &. fe venge un moment après de l'Amour, en lui arrachant les yeux, & en lui couvrant la place d'un bandeau qui ne peut lui être ôté: Venus fe plaint à Jupiter de la Folie, & ce Dieu veut entendre la caufe de leur differend. Apollon parle pour l'Amour,' & Mercure pour la Folie. Après quoi, Jupiter ayant confulté les Dieux prononce ainfi fon Jugement. Pour la dificulté & importance de vos differends & diverfué d'opinions,nous avons remis votre affaire d'ici à trois fois, Sept fois, neuf fiecles. Et cependant vous commandons vivre amiablement enfemble, fans vous outrager l'un l'au tre. Et guidera Folie l'aveugle Amour, &le conduira par tout où bon lui femblera. Et fur la reftitution de fes yeux, après en avoir parlé aux Parques, en fera ordonné. Cette heureufe fiction a été tournée depuis en bien de ma

L. LABE' nieres, & plufieurs Poetes ont voulu fe l'approprier.

Elegies. Il y en a trois. Je rappor terai ici la troifiéme, qui regarde particulierement Louise Labé. Voici comment elle y parle d'elle-même.

Quand vous lirez, O Dames Lionnoifes

Ces miens écrits pleins d'amoureufes

noifes

Quand mes regrets, ennuis, depits &larmes

M'orrez chanter en pitoyables Car

mes

Ne veuillez point condamner ma fim-
pleffe

Et jeune erreur de ma fole jeunesse
Si c'eft erreur: mais qui deffous les
Cieux

Se peut vanter de n'être vicieux ?
L'un n'eft content de fa forte de vie,
Et toujours porte à ses voisins envie.
L'un forcenant de voir la paix en

terre,

Par tous moyens tâche y mettre la
guerre.

L'autre croyant pauvreté être vice;
A autre Dieu qu'Or ne fait facrifice

L'autre fa foy parjure il emploira
A decevoir quelqu'un qui le croira.
L'un en mentant de fa langue lezarde
Mille brocards fur l'un & l'autre darde.
Je ne fuis point fous ces planetes née
Qui m'euffent pu tant faire infortunée.
Oncques ne fut mon œil marri, de voir
Chez mon voifin mieux que chez moi
pleuvoir.

Onc ne mis noife ou difcord entre amis
A faire gain jamais ne me foumis ;
Mentir, tromper, & abuser autrui ̧
Tant m'a déplú que medire de lui.
Mais fi en moi rien y a d'imparfait,
Qu'on blame amour, c'est lui feul qui
l'a fait.

L. LABE'.

Surmon verd âge en fes laqs il me prit,
Lors qu'exercois mon corps & mon
efprit,

En mille & mille euvres ingenieufes
Qu'en peu de temps me rendit ennuieu-
Jes.

Pour bien favoir avec l'aiguille pein

dre,

J'euffe entrepris la renommée esteindre
De celle là, qui plus docte que fage,
Avec Pallas comparoit fon Ouvrage.
Qui m'eût vû lors en armes fiere aller,
Porter la lance & bois faire voler,

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