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JOSEPH JUSTE SCALIGER. st. della Feara

JOSE

B

LIGER.

COSEPH Jufte Scaliger naquit à J. J. SCA S Agen le 4 Août 1540. de Jules Cefar Scaliger & d'Andiette de Roques Lobejac.

Lorfqu'il eut onze ans, fon pere l'envoya avec deux de fes freres à Bourdeaux étudier dans le College de cette ville. Il y paffa trois années Occupé à apprendre les élemens de la langue Latine; mais la pefte l'en chaffa au bout de ce temps, & l'obligea à s'en retourner chez fon pere, qui prit lui-même foin de fes études, en lui faifant composer tous les jours une petite déclamation fur un fujet hiftorique qu'il lui fourniffoit. Il fe fervit auffi de lui, pour copier les Poefies qu'il compofuit, & lui donna par-là du goût & de l'inclination pour les vers. Inclination, qui le rendit bientôt verfificateur, puifqu'il compofa quelque temps après une Tragedie d'Oedipe, où il fit entrer tous les ornemens de la Poefie, mais qu'il n'a cependant

J. J. SCA- pas jugée dans la fuite digne de voir le jour.

LIGER.

Ayant perdu fon pere en 1558. il vint l'année fuivante, âgé de 19 ans à Paris, dans le deffein de s'y appliquer à la langue Gréque. II écouta pour cela pendant deux mois les leçons de Turnebe; mais voyant qu'en fuivant les voyes ordinaires, il feroit trop long-temps à parvenir à la connoiffance qu'il defiroit, il fe renferma dans fon Cabinet, refolu à fe paffer de Maître. Là, après avoir effleuré legerement les Conjugaifons Gréques, il fe mit tout d'un coup à lire Homere avec une traduction, & l'entendit tout entier en 21 jours. Sur cette Lecture il fe forma lui-mêine une Grammaire, qui fut la feule dont il fe fervit dans la fuite.

Il paffa enfuite aux autres Poetes Grecs, qu'il lut en quatre mois ; les Orateurs & les Hiftoriens vinrent après. Enfin une application affidue de deux années lui firent acquerir une intelligence parfaite de la langue Gréque. Il n'en quitta l'étude, que pour fe donner à celle de l'Hebraique

que, qu'il apprit aufli de lui-même J. J. SCA& avec la même facilité. Il avoit un LIGER. talent particulier pour apprendre les langues, & fi l'on s'en rapporte à du Bartas, il en favoit treize, l'Hebreu, le Grec, le Latin, l'Efpagnol, l'Italien, l'Allemand, le François, l'Ethiopien, l'Arabe, le Syriaque, le Chaldaïque, le Perfan, & l'Anglois.

Il ne fit pas de moindres progrès dans les autres Sciences, & s'acquit par-là un nom, qui lui a procuré les applaudiffemens de la plupart des Savans de fon temps. On s'eft épuifé en louanges à fon égard, & il a été traité d'Abîme d'érudition, d'Ocean de Science, de Chef-d'Oeuvre, de Miracle, de dernier effort de la nature, & d'homme divin. Ces louanges exceffives étoient affez du goût de fon ficcle; mais prefentement qu'on fait mieux réduire les chofes à leur jufte valeur, on avoue qu'il étoit profondement favant & qu'il avoit une érudition fort étendue; mais on fe garde bien de dire qu'on ne puiffe point pouffer les chofes plus loin que lui, puifque pluTome XXIII.

A a

J. J. SCA-fieurs Savans qui font venus après; l'ont furpaffé en bien des genres d'érudition.

LIGER.

En 1563. Jofeph Jufte Scaliger s'attacha à Louis Chafteignier de la Roche-Pozay, qui fut depuis Evêque de Poitiers, & qu'il accompagna en fes differens voyages.

En 1593. il fut appellé à Leyde pour y profeffer les Belles-Lettres & demeura dans cette ville jufqu'à fa mort.

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On rapporte dans le Menagiana tom. 4. p. 170. un trait, qui fait voir que le Roy Henri IV. ne fe foucioit pas de le retenir en France. Jofeph Scaliger, dit on, étant appellé par les Hollandois, pour être Profeffeur chez eux, alla prendre congé du Roi Henri IV. auquel it expofa en peu de mots le fujet de fon voyage. Tout le monde s'attendoit à quelque chofe d'important de la part du Roi; mais on fut bien furpris, lorfqu'après lui avoir dit: Eh bien, Monfieur de l'Efcale, les Hollandois vous veulent avoir, & vous font une groffe pen» fion; j'en fuis bien aife. Ce prince

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changeant tout à coup de difcours J.J. SCA» fe contenta de lui demander: Eft- LIGER,

il vrai que vous avez été de Paris » à Dijon fans aller à la felle ?

Il mourut à Leyde d'hydropific le 21 Janvier 1609. âgé de 68 ans fans avoir été marié.

C'étoit un homme fort fobre qui avoit tant d'amour & d'applica tion pour l'étude, qu'on la vû fouvent paffer des jours entiers dans fon Cabinet fans manger. Sa vanité & fa préfomption égaloient celles de fon pere, comme il paroît par fes Ouvrages. Chevreau nous fournit des exemples de la maniere dont il traitoit les plus habiles gens de fon temps, lorfqu'il parle ainfi dans le 11. tome du Chevraana. p. 87.

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Son Cœur ne répondoit pas bien à fon efprit, & il n'a jamais épargné perfonne dans fon degoût, » ou dans fon chagrin. Il traite Ori» gene de Rêveur Saint Juftin, de » fimple Saint Jerôme d'Ignorant; Rufin, de vilain Maraut; Saint »Jean Chryfoftome, d'Orgueilleux vilain; S. Bafile de Superbe; S. Epiphane, d'Ignorant, de pauvre efprit,

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