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ordres Grecs, a ordinairement dix diametres de hauteur à fa colonne, compris bafe & chapiteau; je lui laisse cette proportion dans ce Traité : le chapiteau eft orné de deux rangs de feuilles & de huit volutes, qui prennent leur naiffance dans huit caulicoles, lefquelles ont des feuilles qui s'étendent fous les volutes, & qui femblent annoncer un troifieme rang de feuilles : quatre de ces volutes font plus grandes & font placées dans les angles; les autres, plus petites, font placées dans les milieux.

La corniche de l'entablement eft ornée de modillons, & quelquefois de denticules; prefque toutes les moulures font fufceptibles d'être ornées.

Vitruve, en parlant de l'ordre Corinthien, dit qu'il fut inventé par Calimacus, Sculpteur Athénien, qui demeuroit alors près la ville de Corinthe, une des plus confidérables de la Grece ; & comme il y a apparence que c'est-là où cet ordre fut mis en usage pour la premiere fois, c'est fans doute ce qui lui en a fait retenir le nom d'autres prétendent que le chapiteau Corinthien tire fon origine du temple de Salomon. Mais fans entrer dans un plus long détail, il faut convenir que l'ordre Corinthien eft le chef-d'oeuvre de l'Architecture; il eft réservé à cet ordre bien exécuté de faire les grandes impreffions par la nobleffe de fon caractere, & la grande maniere de fes ornemens. Il feroit à fouhaiter qu'on adaptât à cet ordre la belle bafe Attique, dont l'invention est infiniment fupérieure ; car celle dont on décore cet ordre, n'est autre chofe que la bafe Ionique augmentée d'un grand tore immédiatement au-deffus du plinthe, de maniere que le défaut de cette bafe eft d'être trop délicate ce qui fait qu'elle manque d'un certain air

de folidité fi defirable, & fi néceffaire à toutes bafes: les moulures en font fi finies, qu'au moindre effort elles doivent fe brifer.

Le chapiteau Corinthien eft un chef-d'œuvre de l'art; c'est par cet endroit que l'ordre Corinthien eft fenfiblement au-deffus de tous les autres ; il a une grace parfaite, il eft de la plus grande richeffe ; c'eft un grand vase rond, couvert d'un tailloir recourbé sur les quatre faces; ce vase est couvert par le bas de deux rangs de feuilles, dont les courbures ont une médiocre faillie: du fein de ses feuilles fortent des tiges ou caulicoles, qui vont former de petites volutes fous les coins du tailloir, & des quatre milieux ; ce qui procure à la faillie du tailloir un appui des plus élégans; enfin il regne dans tout cet affortiment une harmonie, que le goût feul peut faire fentir.

L'idée du chapiteau Corinthien, à ce que dit l'Hiftoire, eft venue par l'effet du hazard au Sculpteur Callimaque, il découvrit un vafe, autour duquel une plante d'acanthe avoit négligemment élévé fon feuillage & fes tiges; ce vafe avoit été placé fur le tombeau d'une jeune fille de Corinthe par fa nourrice, qui l'avoit rempli de tous les petits effets qu'elle avoit aimés pendant fa vie ; & pour empêcher qu'ils ne fe gâtaffent par la pluie, elle le couvrit d'une tuile : il arriva qu'au printemps les branches d'acanthe s'éleverent autour du vafe, & fe recourberent fous les coins de la tuile, ce qui produifit une forme de volute; c'eft de cet événement, felon Vitruve, que l'ordre Corinthien prit fon origine.

Le vase qui fait le fond de ce chapiteau, eft un corps folide qui a toute la force néceffaire pour porter

le

le tailloir & l'architrave, les feuilles d'acanthe & les caulicoles qui couvrent ce vafe, ne le dérobent point entierement à la vue; il paroît affez pour rappeller à l'imagination l'idée de fon origine & la raffurer; car fans cela elle feroit effrayée de voir un tailloir porté par de fimples feuilles ou tigetes; quoique ces feuilles, qui font courbées & délicates, défignent bien qu'elles ne portent rien, & qu'elles n'y font que pour l'ornement.

L'entablement de l'ordre Corinthien a beaucoup de reffemblance avec celui de l'ordre Ionique; mais les ornemens font plus multipliés, & la corniche n'est pas fi parfaite : elle est composée d'une denticule qui ne doit pas être taillée en dents, à cause des modillons qui font au-deffus; & qu'il ne feroit pas naturel de mettre les denticules qui font comme les chevrons fous les modillons qui tiennent lieu de force; ces modillons, avec leur arriere-corps, font couronnés d'un talon, d'un larmier, &c. Le feul inconvénient de cette corniche, c'est sa grande faillie; le plafond du larmier eft prefqu'auffi pesant que celui de l'ordre Dorique; il eft vrai qu'on ne peut difconvenir que ce plafond eft joliment historié par le mêlange des modillons & des caiffes quarrées, qu'on remplit par une rofe fculptée; ce qui autorife à dire qu'il feroit difficile de faire difparoître ce léger défaut, fans toucher aux vraies beautés.

On obferve toujours que les modillons foient difpofés de maniere qu'il y en ait un qui réponde au milieu, ou axe de chaque colonne.

L'ordre Toscan, le premier des ordres Romains, étant plus maffif & plus folide que les ordres Grecs, eft aufsi plus fimple jusqu'à paroître lourd, sa colonne n'ayant

E

eu jusqu'alors que fept diametres, compris bafe & cha-piteau (dans ce Traité, elle aura, comme je l'ai avancé précédemment, huit diametres): fon entablement répond à la fimplicité de cet ordre, n'étant fufceptible d'aucun

ornement.

L'Ordre Compofite, qui eft le second & le dernier des ordres Romains avoit les mêmes proportions que le Corinthien je l'ai réduit à neuf diametres & demi, au lieu de dix diametres, & j'ai changé, comme je l'ai annoncé, la décoration de fon chapiteau; ce qui étoit. indispensable, ainfi que je l'ai démontré.

La corniche de fon entablement n'a que des mutules doubles fur leur hauteur..

Les Romains, après s'être rendus maîtres de l'univers, enrichirent Rome, non-feulement de tous les tréfors que leur procurerent leurs conquêtes mais introduifirent. encore tout ce qu'ils trouverent d'admirable chez les étrangers, particulierement leur maniere de bâtir, que des ouvriers, leurs esclaves, leur enfeignoient; & bientôt furpaffant en magnificence toutes les autres nations, leurs édifices devinrent dans la fuite les plus excellens modeles qu'on pût imiter; & pour enchérir fur ce qu'ils tenoient des Grecs, ils voulurent se faire un ordre plus riche que tous les autres ; & comme dans ce temps-là: la matiere étoit déja épuisée, ils prirent des autres ordres ce qui leur parut de plus beau, & en firent celui qu'on a nommé depuis l'ordre Compofite. La feule Province de Tofcane ne voulant rien devoir aux Grecs, fes plus cruels ennemis, inventa l'ordre qui depuis a confervé fon nom; & pour se paffer abfolument des autres, il fallut le deftituer d'ornemens, fe contentant de décorer

les temples, & les autres édifices qui devoient avoir quelques reliefs de colonnes fans piédeftaux, & d'un fimple chapiteau furmonté par l'entablement dont la corniche & les autres parties font très-unies.

Le Compofite de Vitruve a la même base que le Corinthien; fon chapiteau a de grandes reffemblances avec le chapiteau Corinthien; c'est également un vase couvert de deux rangs de feuilles d'acanthe, difpofées de même maniere; au lieu de tigetes ou caulicoles, il y a de petits fleurons collés au vafe, & contournés vers le milieu de la face du chapiteau: le vase est terminé par un filet, un aftragale & un ove; de ce vafe fortent de grandes volutes femblables à celles de l'ordre Ionique; ces volutes font ornées d'une feuille d'acanthe qui fe recourbe, comme pour foutenir les coins du tailloir, & laisse tomber de deffous elle fur chaque rebord de volute, un fleuron qui le couvre prefque entierement le tailloir eft femblable à celui du chapiteau Corinthien.

L'entablement Composite ne répond pas à la beauté de fon chapiteau; la corniche eft très-pefante, la forme des modillons n'est pas agréable, la faillie du larmier au-delà des modillons eft ridicule, & rend l'usage des modillons tout-à-fait inutile; de maniere qu'il feroit fort

à

propos de la réformer entierement, & d'en compofer une autre, ce que je tenterai dans ce Traité : je defire réuffir au gré des Artistes, & de maniere à mériter leurs fuffrages.

Comme à tous les ordres la proportion des petites parties dépend de celles des plus grandes, tous les Auteurs, tant anciens que modernes, ont pris pour mesure

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