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ARBRE S.

Les arbres, l'un des plus beaux ornemens du paysage, ne font pas faciles à rendre, ils demandent une étude particuliere; car, outre la variété qui fe trouve dans leurs différentes efpeccs, il y a encore dans chaque arbre une variété particuliere qui fe fait remarquer dans les différentes manieres dont leurs branches font difpofées par un jeu de la nature, qui fe plaît à rendre les uns plus vigoureux & plus touffus, les autres plus fecs & plus dégarnis, d'autres plus verds, & d'autres plus roux ou plus jaunâtres.

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En général, il faut avoir foin de varier leurs formes & leurs couleurs; car la répétition des mêmes touches dans un paysage, caufe une forte d'ennui pour les yeux; cela eft d'autant plus facile que la nature nous en préfente de jeunes, de vieux, d'ouverts, de ferrés, de pointus; d'autres à claire voie, à tiges couchées & étendues d'autres faifant l'arc en montant en montant; d'autres en defcendant, & enfin une infinité de formes qu'on peut observer pour peu qu'on veuille y apporter quelque attention ; par exemple, on trouvera que les jeunes arbres ont les branches longues, menues & en petit nombre, mais bien garnies, les touffes bien refendues, & les feuilles vigoureuses & bien formées; que les vieux ont les branches courtes, groffes, ramaffées & en grand nombre les touffes émouffées, & les feuilles inégales & peu formées ; que plus elles font près de la terre, plus elles font grandes & vertes, parce qu'elles font plus à portée de recevoir la feve qui les nourrit ; que les branches d'en - haut commencent les premieres à

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prendre le roux ou le jaune qui les colorent dans l'arrierefaifon.

Les arbres s'ébauchent avec du verd de veffie & du biftre on augmente cette teinte pour fouiller dans les deffous; en formant un petit dentelé qui faffe fortir la partie éclairée du feuillé, on peut laiffer échapper fur les bords des branches maffées, un dentelé qui indique les feuilles ; mais il ne faut pas qu'elles fe découpent durement fur le ciel; que le milieu des branches foit traité plus vigoureufement, de manière qu'on puiffe fentir les parties des branches qui avancent, d'avec celles qui s'éloignent.

Comme la couleur des arbres eft variée à l'infini, il s'enfuit que les effets deviennent pittorefques par leurs mêlanges, & procurent des oppofitions intéressantes; quand les feuilles commencent à fe détacher, de vertes qu'elles étoient elles deviennent d'un jaune-verd rousfâtre; pour leur donner ce ton, il faut faire une teinte compofée de gomme-gutte, de terre de Sienne & de

verd de veffie.

Les troncs des arbres doivent être auffi variés, soit par les nœuds & les inégalités qui s'y rencontrent, ou par la mouffe dont ils font couverts; ils font ordinairement d'un gris tirant fur un brun verdâtre. Pour les représenter, on fait une teinte compofée d'encre de la Chine & de verd de veffie, avec une idée de terre de Sienne; les petites branches qui s'approchent du feuillé, doivent participer de fa couleur ; les arbres qui font fur les plans éloignés, doivent être vaporeux & peu exprimés dans leurs couleurs locales & leurs détails, enforte qu'on n'en diftingue que la maffe: avec un peu d'expé

rience, on varie les couleurs de maniere à rendre les différens tons des arbres & de leurs troncs.

TERRASSES.

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Les terraffes font représentées par un espace de terre dénuée ou peu chargée d'herbes, comme le font les grands chemins & les lieux fouvent fréquentés; on ne les emploie que fur les devants du tableau où elles doivent être spacieuses & bien ouvertes; on peut les confidérer comme la clef du payfage, parce que c'est ce qui fe finit le dernier, & que par leur vigueur elles repouffent les autres objets, & leur donnent, en quelque forte, la liaison & la vérité; les couleurs qui entrent dans leur composition, font moins rompues, c'est-à-dire que la couleur n'y est pas altérée, en obfervant cependant que les couleurs trop fortes les rendroient trop dures aux yeux; on les orne de quelques petites roches, cailloux, plantes, troncs d'arbres abattus, figures, &c.

Pour les colorier, on fe fert de terres de Sienne & d'Italie, ce qui leur donne de la vigueur; on en varie les tons avec de l'encre de la Chine & du bistre; on colore les plantes, en ajoutant à cette derniere teinte du verd de veffie & du bleu de Pruffe ; quelquefois on y mêle un peu de laque pour égayer le ton; on fuppofe quelquefois des corps hors du paysage, qui portent ombre fur les terraffes, & en font valoir les autres parties.

Dans les ruines & les chaumieres, les couleurs font très-indécises; c'eft une réunion de toutes les autres, un mêlange de gris, de verd, de violet, &c. plus ou moins, felon les différens cas..

Les figures & les animaux, en raifon des plans qu'ils occupent, doivent être touchés en vigueur ou en légéreté, obfervant que leurs ombres s'accordent toujours avec leurs plans, afin que l'harmonie générale se conferve.

OBSERVATION GÉNÉRALE fur la maniere d'ébaucher le Payfage.

Il faut toujours ébaucher par plans, & légérement, parce qu'on eft le maître d'ajouter; au lieu lieu que lorsqu'on a mis une teinte trop forte, on ne peut plus l'affoiblir on aura foin de réserver les clairs, & de les ménager à propos, de faire fentir les reflets, & de donner de l'enfoncement & de la faillie aux corps qui l'exigent.

Les ciels demandent à être faits au premier coup; il faut qu'on y reffente l'air, qu'on croye la légereté des nuages mobiles & agités par les vents; on termine enfuite les lointains, & on fe rapproche, à mesure, toujours en finiffant d'objets en objets jufqu'aux terraffes, qui ne finiffent que quand le payfage n'a plus rien à defirer.

A force d'exercer ce genre d'étude, on trouvera qu'il y a une combinaison infinie de couleurs, qu'il eft impoffible de mettre en méthode, & qui ne s'acquiert que par le goût & l'usage.

DE LA PEINTURE A GOUACHE.

Prefque toutes les couleurs peuvent être employées dans ce genre de peinture; il n'eft befoin pour les

détremper que d'eau mêlée de gomme; on couche les couleurs à plat, comme dans le lavis, l'eau gommée ne fe figeant pas trop promptement: on a beaucoup de facilité dans ce genre de travail; il faut toujours le couvrir d'une glace ou d'un verre blanc qui lui serve de vernis, & qui en adouciffe les touches; on obfervera auffi que, fans cette précaution, cette peinture étant à découvert & expofée à l'air, se gâteroit en peu de temps, foit par le frottement, foit par la pouffiere qui s'y attacheroit, ou par les excrémens des mouches qui en altéreroient les couleurs.

On délaye toutes les couleurs propres à ce genre de peinture avec de l'eau gommée dans de petits godets de fayence; l'eau gommée fe fait en mettant gros comme le pouce de gomme arabique, la plus blanche & la plus transparente, dans un verre d'eau bien claire, avec un petit morceau de fucre-candi, pour empêcher les couleurs de s'écailler on renferme cette eau gommée dans une fiole de verre bien propre, & l'on n'y touche jamais avec des pinceaux chargés de couleurs.

Pour connoître s'il y a affez de gomme dans les couleurs, il n'y a qu'à donner un coup de pinceau fur le dos de la main, après que la couleur eft bien délayée, ce qui feche fur le champ; fi la couleur fe fend ou s'écaille, il y a trop de gomme; fi elle s'efface en paffant le doigt deffus, il n'y en pas assez.

Couleurs dont on fe fert pour la Peinture à Gouache.

Le blanc de cérufe de Venife, La laque de Venife,

Le carmin,
L'outremer,

Le vermillon,

Le brun-rouge,

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