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avant lui, le Pere Ville-Vincent, Augustin, au Traité qu'il a fait pour former un Théologien, d'avoir dit in Anchorato, que ces mots, Mon Pere eft plus grand que moi, font veritables, même à l'égard de la nature divine de Jefus-Chrift. Cependant il n'y a rien de plus injufte que cette accufation. Voici le paffage de S. Epiphane fidelement traduit en François: Ce que le fils dit, Mon Pere eft plus grand que moi, il le dit honorant fon Pere comme il étoit bienfeant, étant honoré par le Pere. Car il faloit que qui étoit vrayement fils de Dieu honorât fon Fere, pour faire voir qu'il étoit ve ritablement fon fils. Mais comment penfez-vous que le Pere foit plus grand? Eftce de circonference, de groffeur, d'âge, de temps, de dignité, de divinité, d'immortalité, ou d'éternité? Nullement. Car à l'égard de la divinité, le Pere n'a rien de plus que le fils. Un Auteur anonyme ayant attribué la même erreur à S. Epiphane, le grand Nicolas le

E

lui

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Févre, dont la pieté n'a pas été moins admirable que le fçavoir, après l'avoir relevé de cette bevüe, ajoûte, à la page 167. de fes Opufcules, Je m'ébahis qu'il n'a pris plus près garde à ce qu'il écrivoit. Mais ceux qui fe fient aux lieux communs, à ce qu'en difent les autres, font fujets à telles fautes. C'est ce qui eft arrivé à M. du Moulin & au Pere Ville-Vincent; qui font apparemment les Sçavans qu'entend André Rivet au 9. chapitre de fon Traité de l'autorité des Peres. Le même M. du Moulin pag. 897. & fuiv. du même Ouvrage, ne maltraite gueres moins Fulbert que S. Epiphane, accusant ce bon Evêque de Chartres d'avoir corrompu dans un de fes Sermons un Paffage de S. Auguftin. Mais il n'y a rien de plus fort contre cette accufation que les deux Manufcrits fur lefquels on a imprimé les Oeuvres de Fulbert. L'un étoit de la Bibliothéque du Coljege de Navarre, & l'autre de celle

de M. Petau Confeiller au Parlement de Paris Mais ni l'un ni l'autre, comme je l'apprends de perfonnes qui ont vu ces Manufcrits là, n'a cette falfification. M. du Moulin avoit parlé fur le même fujet avec plus de retenuë, à la fin de fon Apologie pour la Cene imprimée l'an 1609. Mais laiffons là la cenfure, & paffons à quelque chofe de plus divertiffant. C'eft à l'occafion de ce Livre de M. du Moulin, fi nous en croyons M. de Balzac dans fes Entretiens, que Malherbe fit cette jolie Epigramme:

Quoique l'Auteur de ce gros Livre
Semble n'avoir rien ignoré,

Le meilleur eft toûjours de fuivre

Le Prône de notre Curé.

Toutes ces doctrines nouvelles

Ne plaifent qu'aux folles cervelles,

Pour moi comme une humble brebis

Sous la houlette je me range;
Il n'eft permis d'aimer le change
Que des femmes & des habits.

(

A quoi Madame Defloges répondit

par cette autre, qui eft un peu Huguenote:

C'eft vous dont l'audace nouvelle

A rejetté l'antiquité,

Et du Moulin ne vous rappelle

Qu'à ce que vous avez quitté.
Vous aimez mieux croire à la mode,
C'est bien la foi la plus commode
Pour ceux que le monde a charmez:
Les femmes y font vos idoles,
Mais à grand tort vous les aimez
Vous qui n'avez que des paroles.

M. Menage dans fes Remarques fur les Poëfies de Malherbe conte la chose un peu autrement.

1. C'eft à la page 583. I de la feconde édition, où il donne la premiere Epigramme à Racan & l'autre à Gombaud, & il affure qu'il le fçavoit

I

J'avertis

d'eux mêmes. Il faut lire avec Menage le premier vers de l'Epigramme de Racan de cette façon:

Bien du Moulin en fon Livre.
que

Et le huitiéme & le neufviéme ainfi,

Je vais où mon Pasteur me range,
Et n'ai jamais aimé le change,

ici ceux qui voudront avoir dans leurs Bibliothéques ce Livre de M. du Moulin, qui eft le plus confiderable de fes Ouvrages, de ne le prendre point d'une autre édition que celle que j'ai marquée, qui eft beaucoup plus ample que les précedentes, mais moins belle pour le caractere & pour le papier.

Richelet n'a point fait difficulté de croire Menage plûtôt que Balzac; il a reftitué l'Epigramme à fon Auteur Racan,

en ajoutant affez peu judicieusement, ce me femble, que la réponfe deGombaud n'avoit pas beaucoup de fel. M.

Oeuvres de Plutarque, traduites par Jacques Amyot. A Paris chez Vafcofan, 2. vol. in fol.1

L

Es deux coups d'effai d'Amyot pour la traduction, font l'Hi

1. Henry Eftienne, dans la Préface, de fon Traité préparatif à l'Apologie pour Herodote, parle des deux Traducteurs François de Plutarque,

aufquels, dit-il, cet Auteur eft d'autant plus obligé qu'ils ne lui ont changé que la robe. Par ces deux Traducteurs il n'a veritablement p

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