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ce; je ne fuis pas un parti affez confidérable pour elle. Toute cadete qu'elle est, elle doit former des efpérances d'autant plus hautes, que le choix de fa foeur a dû à coup sûr tromper celles de fa mere.

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Le Prince n'eut pas encore achevé ces paroles, que la dame de compagnie fe mit à courir de toutes fes forces vers le château, & Reinete à troter après elle, faifant en un clind'œil plus de réflexions qu'elle n'en faifait auparavant, malgré fon efprit réfléchi dans toute une journée. Avant d'ariver au château, elle avait déja découvert au Prince Trois Etoiles une infinité de qualités intéreffantes aimables, folides, qu'elle ne lui avait pas remarquées jusqu'à ce moment. La dame de compagnie se rendit en grande hâte auprès de fa mere, pour lui faire part de fa découverte. La vieille d'atours ne perdit pas un inflant pour en faire confi

dence aux Fées. Celles-ci faifies de l'enthousiasme qui fuivait chez elles certains momens lucides, fe mirent à crier, comme des foles: A travers le verd! L'oracle eft acompli! A travers le verd! Elles fe féliciterent furtout d'avoir trouvé leur revanche pour réparer la fotife du premier ma→ riage. Leur éloquence brilla pour la troifieme fois, & produifit fur Régentine fon effet ordinaire. La chofe la plus fage fut projetée, conduite & terminée comme l'avait été la chofe la plus fole, excepté qu'on remarqua en ce moment à Capricieuse une humeur diabolique.

EMILIE.

Ah, maman!

LA MERE.

Et quoi, ma fille ?

EMILI E.

Nous voilà arivées, & mon conte n'est pas fini, à beaucoup près.

LA MERE.

Eh bien, il ne nous échapera pas ; vous le finirez une autre fois. Defcendons, & voyons d'abord fi notre potager eft en bon état. Cela nous menera infenfiblement au moment de nous mettre à table.

EMILI E.

Voyez-vous, maman commé bêtes & gens font bien aifes de vous revoir. Bon jour, Mariane... Bon jour, mes amis... Comment fe porte le pere Noël ?. Ah, te voilà, mon pauvre Placide!.. Maman, Crampon me reconaît encore... Après dîner, Mariane, vous aurez notre vifite; nous verrons la baffe-cour, comme fi nous étions à demeure. N'eft ce pas', maman?. Maman, ils difent

que vous trouverez. le. pere Lahaie & fon fils dans le potager.

LA MERE.

Eh bien, entrons-y. Je ne vous demande pas comment vous avez trouvé ce conte de Fées. Il me femble qu'il vous a fait affez rire.

EMILIE.

C'eft vrai, maman, il eft bien drôle : cependant il m'a paru un peu long, par-ci, par-là. Et puis, il y a peut-être des chofes que je n'entends pas bien. LA MER E.

Cela pourait bien être.

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Malgré cela maman j'ai une grande curiofité de favoir comment tout cela finira.

LA

MERE.

Patience, vous le faurez demain

ou après, au premier moment de loifir

que vous aurez.

EMILI E.

Ah, chere petite maman, dites-le moi feulement en peu de mots, pour que je n'aie pas tous ces gens là autour de moi, pendant que-nous irons à la baffe-cour, à la ferme, à la lingerie. Vous l'avez lu, vous favez tout cela.

LA MERE.

Mais ce ferait vous ôter bien malà-propos le plaifir de la furprise.

EMILI E.

Oh, cela n'y fait rien. Ces gens-là font drôles, ils m'amuferont toujours affez. Et puis, vous favez bien, maman, qu'Andromaque & Mérope m'ont fait pleurer, quoique je les aie bien lues, & que j'en fache les plus beaux morceaux par cœur.

LA MERE.

Mais, quand je voudrais vous obli

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