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ger, je ne le pourai peut-être pas. Je vous avoue que j'ai lu ce conte un peu fuperficiélement; je ne me fouciais pas de me lier beaucoup avec tous ces perfonages. Vous favez d'ailleurs que je n'ai point de mémoire, & je vous en rendrais vraisemblablement un bien mauvais compte.

EMILIE.

Effayez toujours, ma chere maman. Que je fache feulement en deux mots le dénoûment.

LA MER E.

Le dénoûment? Je ne fuis pas sûre que l'auteur en ait voulu faire un, en commençant fon conte. Mais n'importe, voyons à vous fatisfaire. Donnez-moi toujours le cahier, pour que je puiffe me retrouver, fi je me perds. Nous avons laiffe les deux PrinM ceffes mariées un peu brufquement, quoique le récit de l'hiftorien ne foit

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rien moins que brusque. On congédia les deux Fées, & le départ de ces dames produifit d'abord le bon effet que Capricieufe n'eut plus fes boudoirs ouverts du feul côté de l'île heureufe, & qu'elle ne fit plus de Régentine & de fes filles les uniques objets de fes petites attentions. Pour apaiser le Landgrave Toutrond, il fallut que Céleste oubliât son vou, & conduisit fon colifichet de mari aux pieds de fon pere. Régentine crut de fon devoir d'acompagner fa fille, afin de prévenir toute nouvele tracafferie. Elle confia la régence de fes états à fa fille cadete, ou plutôt à fon époux, le Prince Trois Etoiles.

Cependant le beau Phénix cherchait par-tout des périls, pour fe délivrer de fa paffion avec la vie, & partout où il fe montra incognito, il ne trouva que des fuccès & de Padmi ration. A peine fon oncle Songecreux

de la mort glorieufe du Prince Co

libri.

EMILIE.

Et le mariage?

LA MER E.

Ce fut encore Toutrond qui rompit la glace. Célefte qui avait molefté tant d'yeux par l'éclat de sa beauté, ne put penser à Phénix fans baiffer les Bens. Plus ce Prince avait mis de délicateffe & de magnanimité dans fa conduite, plus la plus belle Princeffe du monde fe fentit confufe & conquife. Sa paffion, devenue plus violente par les éforts qu'elle avait faits pour l'étoufer, ne lui laiffa entrevoir aucune poffibilité de fe raprocher d'un Prince, dont la fupériorité l'humiliait fi fort à fes propres yeux. Toutrond aplanit tout. Il pria le Prince Phénix de venir recevoir de sa main, la plus belle & la feule récompense digne de lui. La noce fe fit chez le Landgrave

Landgrave, qui fut enchanté des Cofaques que le beau Phénix avait amenés avec lui. Il ne leur permit de retourner dans leur patrie, qu'après avoir affifté à toutes les fêtes du mariage, comblés d'honeurs & de préfens. Leur chef fut chargé par Phénix d'un camée repréfentant une Minerva Vidrix, d'un travail grec fuperbe, que ce Prince efpérait faire agréer à l'Impératrice, en reconaiffance de la protection qu'il en avait reçue.

EMILI E.

Et voilà le conte fini.

LA MERE.

Et les Fées?

EMILIE.

Quoi, ces vieilles radoteufes reparaiffent encore, pour tout gâter? LA MER E.

Elles n'eurent garde de manquer un repas de noces de cette importance. Le Landgrave qui ne les aimait Tome II.

G

pas plus que vous, s'était excufé de les recevoir, fous prétexte qu'il ne pouvait les loger convenablement à leur rang; mais il ne leur coûta qu'un mot pour ajouter deux ailes au château de Toutrond. Il fe réfigna donc à leur préfence, comme à un mal nécessaire; mais pour les faire enrager, il fit prier. Capricieuse avec la plus grande cérémonie, & la logea dans l'apartement d'honeur, tandis que ces dames avaient été obligées, pour ainfi dire, de faire les frais de leur loge

ment.

EMILIE.

Maman, nous ne fortirons jamais de ce conte. Voilà les chofes plus embrouillées que jamais,

LA MERE,

Point du tout. Les deux vieilles très-confufes de leurs fotifes paffées, n'oferent plus foufler. La troifieme,

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