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LA MERE.

Je foupçone qu'en cela, comme en beaucoup d'autres endrois, il a voulu fe moquer des auteurs, fes confreres qui donnent fouvent à leurs perfonages les plus beaux noms & les plus beaux caracteres en paroles, fans avoir le talent de les repréfenter réélement tels qu'ils voudraient nous les montrer, ou que leur caractere l'exigerait.

EMILI E.

Ah, ah! Voilà par exemple, une chofe que je n'aurais jamais devinée toute feule.

LA MER E.

Il y en a tant de ce genre, que je ne conçois pas comment ce conte a pu vous amufer.

EMILIE.

Ah, maman, vous êtes fervie. On vient vous avertir.

LA MERE.

Dieu merci, nous n'entendrons plus parler de Fées, ni de Princes &

Princeffes de leur conaiffance: car vous vous rapelez nos conventions. EMILIE.

Vraiment, maman, il ferait beau voir nous occuper de ces fadaifes comme vous les appellez, tandis que nous avons tant de chofes importantes à régler.

LA MER E..

Certainement nous n'aurons point de temps de reste.

EMILI E.

A peine, maman, aurons-nous le temps de dîner. D'abord, après le café'; rendre nos devoirs à Mariane & à ses poules, enfin à toute fa cour. LA MERE.

Proprement dite la baffe-cour.
EMILI E.

Puis la laiterie. Puis le colombier. Puis la lingerie: examiner fi tout eft bien blanchi, bien plié, bien rangé dans les armoires pour l'année prochaine. Puis voir au village la bonne

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mere Gillet, qui est toujours malade. Puis faire une vifite au moulin, favoir fi pere & mere font bien fâchés d'avoir fait inoculer leurs enfans fuivant vos confeils. Puis aller à la ferme, où l'on voudra peut-être nous faire manger de la crême. Puis revenir au potager, où les Fées nous ont empêchées ce matin de faire notre devoir. Puis, avant 'de partir, donner un coup-d'oeil à la maison & même à la cuifine, pour voir fi tout eft remis en ordre...

LA MER E.

Quel bel étalage de foins & d'occupations! Savez-vous bien que vous me fatigueriez l'imagination, à me faire peur pour mes forces, fi je ne connaiffais pas Pétendue de nos domaines.

EMILIE.

Eh bien, oui, vous direz qu'il n'y a qu'un pas, pour aller par-tout - là ; cela n'empêche pas que nous n'ayons He quoi nous occuper, & même de

quoi nous fatiguer... Ah, maman pourquoi n'avez-vous pas fait prier Monfieur le Curé de venir dîner avec vous? Vous l'aimez. C'eft un fi excellent homme, I ..

LA MERE.

Et fi vous le trouviez dans le falon?
EMILI E.

J'en ferais bien aife. Mais vous ne lui avez rien fait dire?

LA MER E.

Vous croyez donc que, tandis qu'Emilie joue avec fon mouton, ou fait fa révérence au chien de baffecour, fa mere ne pense à rien?

EMILIE.

Ah, ah!.. Vous fouvenez-vous, naman, de l'énigme qu'il me donna à deviner le jour de notre, départ?

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de plus faible & de plus fort au monde.

LA MERE,

Et c'était?

EMILIE.

Un enfant.

LA MERE.

Sa faibleffe me paraît aifée à démontrer; mais fa force?

EMILIE.

Monfieur le Curé difait qu'il portait les forces de toute fa vie fous fa petite envelope.

LA MER E.

Ah, ah! Je ne me rapele pas cela, mais je ne vous le dispute pas. Il est -certain que l'impératrice de Ruffie & le Roi de Pruffe ont été bercés comme Emilie.

EMILIE.

Comment, maman, vous ne vous rapelez pas cela? Et vous difiez qu'en ce cas l'éducation confiftait à

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