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mens de la vie, parce que je n'en » connais ni la caufe ni le but. Je » contemplerai l'immenfité de l'univers & fes abymes, afin de me guérir de l'orgueil de me croire quelque chofe. J'obferverai les foins de l'au»teur de la nature pour le plus chétif » & le plus petit des êtres créés, afin de ne me point croire abando* née ».

Cela eft beau, maman.

« J'emploîrai mon loifir à confidérer l'ordre & la magnificence de » fes ouvrages, afin d'avoir des fujets » continuels d'admirer & de me ré» jouir. Tous les êtres vivans & ina»nimés obéiffent à fa loi, & trouvent » leur bonheur & leur confervation » dans cette obéiffance. Je ferai fou» mife à fa volonté, afin d'être auffi >>> heureuse ».

Allons, obéiffons. Mais, maman eft-il bien sûr que le bonheur viene toujours de cette obéissance ?

LA MER E.

Cela me paraît à moi démontré. Une des loix de la nature les plus évidentes, par exemple, c'est qu'il faut jouir des plaifirs de la vie avec modération & fageffe. Ecartez-vous de la tempéranice qu'elle vous prefcrit, & yous jouirez de quelques plaifirs réels ou imaginaires, mais paffagers & fugitifs, & qui feront bientôt fuivis de repentir & de la perte de biens ineftimables, tels que la fanté du corps & de l'ame. Voilà à quel prix il vous aura été loifible de méprifer les loix de la tempérance.

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J'entends. Voilà encore un bon trait contre la diffipation. Livrez-vous-y, & adieu la fanté !

LA MERE.

Au moins celle de l'ame.

«

EMILIE

( continue.)

J'admirerai les travaux & les ver

» tus de l'homme, fon courage & fa » conflance, fon génie & la fublimité de fes penfées, & je me réjouirai d'être de fon efpece. Je pré» serverai ma vue de l'aspect du vice, afin que fa baffeffe ne flétriffe pas » mon cœur, & ne me faffe point › rougir de mon femblable ».

C'est encore bien dit. Cela fait bien de la peine, de voir le mal.

«Que mon cœur n'éprouve jamais la laffitude du bien! Que la certi»tude de paffer ma vie dans l'inno»cence ne me quite jamais, afin que » je conserve le défir de vivre » !

Maman, il faut que j'aie cette certitude, car j'ai bien envie de vivre.

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Tant mieux, pourvu que vivre & bien vivre foit la même chofe chez vous, comme chez toutes les persones vertueuses.

EMILI E.

Cela va fans dire.

(Elle continue.)

«Je regarderai la vie comme un » bien passager , que je ferai valoir » de mon mieux, afin de le rendre » fans regret, lorsque j'en aurai joui » pour le bonheur des autres & pour » le mien ».

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Ah, oui vraiment, il faut rendre.

« La vertu vaut mieux que la vie, puifqu'il n'y a point de bonheur » fans elle, & que la vie fans bonheur » ne mérite pas d'être confervée ». Cela me paraît clair.

Сс

Que plutôt je ceffe de vivre que

» de faire le mal»!

C'est la conféquence.

сс

Que je ne fois jamais affez mal» heureuse, pour être la caufe même > innocente de l'infortune des autres » Dieu m'en préferve!

D!

« La fauffeté n'approchera point de

» mon cœur, le menfonge ne fera » point fur mes levres, parce que » je gâgnerai à me montrer telle » je fuis ».

Et moi auffi, à ce que j'efpere.

que

Plus mes devoirs feront étendus » & nombreux, plus mon cœur aura » de fujets de fatisfaction ».

Et je n'aurai pas befoin de diffipation; n'est-ce pas?... Ah, maman, on va fervir... Au milieu de ma Méditation !

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Je n'avais pas prévu que vous en feriez en même temps le commen

taire.

EMILI E.

Eft-ce qu'il vous a déplu?

LA MER E.

Pardonez-moi, je l'ai trouvé beau; mais il n'a pas abrégé la lecture.

EMILI E.

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C'est qu'avec vous, ma chere ma

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