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c'est-à-dire, chacune de fon côté, pour voir qui fera mieux.

LA MER E.

Et il y a tout juste quinze jours que nous avons du tout cela? Voilà un trait de mémoire vraiment admirable.

EMILIE.

C'est que nous avons dit encore autre chofe, & une chofe en rapele une autre; vous le favez bien, maman. C'est comme une chaîne qui fe tient d'un bout à l'autre, parce qu'un anneau fe trouve pris dans l'autre, & qui en touche un, remue tous les

autres.

De forte

LA MER E.

que d'autres en autres (car en voilà une demi-douzaine au moins

à

qui ne doivent pas fe trouver trop leur aife, preffés les uns à côté des autres), nous avons encore remué un autre anneau?

EMILIE.

Mais oui, maman, affez.

LA MER E.

Tant mieux; cela me fait espérer que vos freres feront deux grands géometres.

EMILIE.

Sans compter que je ne me pro mene pas toujours avec eux, & qu'ils favent peut-être bien des chapitres dont ma bonne & moi n'avons pas pu faire notre profit.

LA MER E.

J'aurais été, je crois, bien agréablement furprise, en trouvant à qui parler à propos de Bacchus & de Silene.

EMILIE.

Le conte de Fées vous a détournée de la mythologie.

LA MER E.

Je ne fais comment cet anneau du conte de Fées s'eft trouvé à côté de

celui des extraits. Apparemment mes anneaux n'êtaient pas trop bien arangés ce jour-là.

EMILIE.

Maman, peut-être la vendange du pere Noël s'eft elle trouvée entre deux, c'est-à-dire, que nous avons parlé des extraits le matin, & du conte de Fées le foir.

.

LA MER E.

Vous avez bien raifon de dire que tous vos anneaux fe tienent, & qui en touche un, les remue tous, furtout dans une chaîne auffi mobile que la vôtre.

EMILIE.

Mais c'est vous, mamar, qui avez mis tous ces anneaux en mouvement. LA MER E.

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En ce encore moi? Je fais donc bien des chofes fans le favoir. Quant au conte de Fées, je me rapele ma promeffe & je vous tiendrai parole.

EMILIE.

Je crois même que vous m'avez promis d'en faire un tout exprès pour moi.

LA MERE.

Ah, cela vous plaît à dire. Malgré mon respect pour votre chaîne, je fuis bien sûre du contraire.

EMILIE.

Vous en êtes sûre, maman?
LA MER E,

Je n'ai pu m'engager à l'impoffible.
EMILI E.

Comment à l'impoffible?

LA MER E.

C'eft qu'il faut de l'imagination pour faire un conte de Fées, & que je n'en ai point.

EMILIE.

Ah, vous n'avez pas affez d'imagination pour un conte de Fées, tandis que ma bonne m'en faifait tant que je voulais, quand j'étais petite !

'Allons, allons, c'est que vous n'aimez pas les féeries; je m'en fouviens à préfent, vous me l'avez dit.

LA MERE.

Y a-t-il encore quinze jours que nous avons dit cela? Il faut que ce jour des vendanges ait été un jour de confeffion générale, comme celui des Tuileries eft devenu un jour de réminifcence générale.

EMILIE,

Mais pourquoi, maman, n'aimezvous pas les féeries? Il les féeries? Il y a un peu de caprice à cela.

LA MERE.

Cela fe pourait bien. Qui vous a dit que je n'avais pas mes caprices comme une autre?

EMILIE.

Soit; mais je parie que vos caprices ont toujours quelque motif.

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LA MER E.

Les vôtres n'en ont donc point?

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