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Je vois que vous deviez avoir bien des afaires à la fois. Faire d'abord les demandes, & puis les réponses pour la petite, & en foufler encore à un ignorant, qui répondait peut-être tout de travers.

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Tout jufte, maman, vous y êtes.
LA MERE.

Et quel était l'objet de l'exercice?

Oh,

EMILIE.

maman, c'était férieux. Il

s'agiffait des cinq fens.

LA MERE.

Vous avez raifon; voilà un fujet férieux & grave. Je fuis bien fâchée de ne m'être pas trouvée à cet exercice. J'aurais appris, entre autres particula rités, comment on peut faire trois rôles à la fois.

EMILI E.

Cela n'est pas bien difficile, ma

chere maman. Voulez-vous en voir un échantillon?... Mais non, cela vous fatiguerait peut-être..

LA MERE.

Au contraire, cela me repofera.
EMILI E.

Eh bien, ma chere maman, quand je ferai la gouvernante, je me tiendrai à votre droite; puis je pafferai à votre gauche, pour faire la niece ou la poupée; & quand je me placerai devant vous, ce fera pour foufler M. de Gerceuil, qui fait mon frere le Chevalier. LA MER E.

Je crois qu'il faut d'abord retrancher ce dernier rôle. Outre que je ne me foucie pas qu'il gâgne encore une fois la croix fans l'avoir méritée, il pourait embrouiller notre exercice de façon que ma faible tête fût hors d'état de le fuivre.

EMILIE.

A la bonne heure, cela rendra mon afaire

afaire bien aifée. C'est domage que je

n'aie pas

le temps de tirer la petite de

fa boîte. Je la mettrais là à votre gauche, & ce ferait comme hier.

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Il n'y manquerait alors que le grand enfant, pour faire le rôle de votre frere.

EMILI E.

S'il vient, maman, Vous verrez qu'il le prendra tout de fuite. LA MERE.

En atendant, vous avez parfaitement remédié à l'abfence de la poupée; en changeant de côté, fuivant le rôle, vous me préserverez de tout danger de m'embrouiller.

EMILIE

(commence.)

LA GOUVERNANTE. Je crains bien, Mademoiselle, que vous ne brilliez pas beaucoup aujourd'hui. Vous ne manquez pas d'efprit, Tome II.

N

mais vous y avez une certaine paresse qui vous fait tort.

LA POUPÉE.

Mais non, ma bonne, ce n'eft pas pareffe. Mais c'eft qu'il y a des chofes que je comprends bien, qui me frapent tout de fuite, & d'autres que je n'entends qu'à-peu-près. Dites-moi pourquoi je ne comprends pas tout.

LA GOUVERNANT E. Dites-moi pourquoi vous pouvez at, teindre avec votre main jufqu'au bufte de Henri IV, qui eft placé là fur cettę

cheminée.

LA POUPÉE.

C'est que c'est à ma portée.

LA GOUVERNANTE.

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Et pourquoi ne pouvez-vous pas atteindre aux bobéches qui font dans les bras? LA POUPÉE.

C'est que je ne fuis pas affez grande.

LA GOUVERNANTE.

Eh bien, c'est la même raison qui fais

que vous comprenez de certaines chofes, & que vous n'en entendez pas d'autres. LA POUPÉE.

Comment, parce que je ne fuis pas affez grande?

LA GOUVERNANTE. Sans doute, Mademoiselle. L'efprit a befoin de fe fortifier & de s'étendre comme le corps. Quand il eft jeune, il n'a pas encore toute fa hauteur, il ne peut pas aller au delà d'une certaine portée ; entendez-vous ?

LA POUPÉE.

t

Ma bonne, je ne favais pas cela.

LA GOUVERNANTE. Ceft que vous ne réfléchiffez jamais. LA POUPÉE.

Je fuis jeune, ma bonne ; mon efprit ne peut pas aller au delà d'une certaine portée.

LA GOUVERNANTE.

Soit. Mais cette portée il faut l'étendre tous les jours.

I

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