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recevoir bien du monde cette aprèsmidi?

EMILIE.

Sans compter peut-être les brioches, les fruits & les fleurs; car une noce de jardinier eft bien riche en tout cela.

LA MERE.

Sur-tout quand c'eft le jardinier de Madame la Maréchale. Après?

EMILIE.

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Nous fommes arivés à l'église dans le plus bel ordre. C'était, je vous affure, maman une proceffion à voir, fur-tout par le beau foleil qu'il fait. Tout le bas clergé était rangé dans le choeur en habit de cérémonie, pour faire honeur au pere Noël qui eft fort confidéré, comme vous favez. Monfieur le Curé eft forti de la facriftie, il a falué Madame la Maréchale. Ha donné la bénédiction nuptiale aux

mariés,

mariés, & leur a fait une très - belle

exhortation.

LA MER E.

Qui a fait pleurer tout le monde?
EMILIE.

pas

Tout le monde, non; mais le pere Noël s'eft effuyé les yeux deux ou trois fois. Pour le marié, je n'ai pu le voir; mais Babet, maman, depuis l'inftant qu'elle s'eft approchée de l'autel, a pleuré, oh, elle a pleuré! yeux étaient deux fontaines.

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LA MERE.

Et vous?

LA MERE.

Moi, maman, je n'ai pas pleuré; mais j'étais bien attentive.

LA MERE.

Cependant vous avez abrégé le récit des cérémonies de l'églife, plus que je ne comptais. J'efpérais que vous ne me feriez pas grâce d'une falutation, d'une inclination de tête, d'une parole. O

Tome II.

EMILIE.

C'est que j'ai craint de vous ennuyer peut-être.... Et puis, le plus beau n'est pas encore venu.

LA MER E.

Voyons donc le plus beau.

EMILIE.

Après la cérémonie nous fommes retournés à la maifon du pere Noël dans le même ordre, excepté Madame la Maréchale, qui a dit qu'elle avait une vifite à faire dans le voifinage, mais qu'elle allait bientôt revenir. Nous avons trouvé un trèsbon déjeûner; il y avait des petitspâtés excellens.

LA MER E.

Eft-ce là le plus beau?

EMILIE.

Un peu de patience, ma chere maman, je vous en prie. Monfieur

le Curé eft arivé. Tout le monde l'a entouré, comme de raifon. Il a dit : « Ecoutez-moi, Etiene Herselin, » & vous, Elifabeth Noël. Madame la » Maréchalę, dont les largeffes & les » charités font la confolation & la bé» nédiction de tout ce canton, me charge de vous remettre un contrat » de cinq cens livres de rente, comme » un préfent de noces de fa part. Sa» chez que la majeure partie de ceux

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qui travaillent à la vigne du Seigneur » en ce royaume, ne jouit pas d'un revenu plus confidérable, que celui » que vous devez à la grande généro» fité de votre bienfaitrice. Mais comme fa fageffe égale fa bonté, elle ne » veut pas que ce revenu serve aux be" foins de votre ménage, & par conféquent à vous rendre moins labo» rieux : vous devez pourvoir à vos » befoins par le fruit de votre travail; c'eft la loi du Seigneur. Madame la » Maréchale veut que la rente dont

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» elle vous gratifie, foit employée tous les ans, d'après mon confeil » & notre commune décision, à l'ac» quisition de quelque portion de terre » à votre bienséance, & qui puisse » vous fervir, avec le temps, de

propriété & de retraite dans vos » vieux jours, afin que fi votre mariage » est béni, comme nous l'espérons, »ces portions de terre puiffent devenir

l'héritage de vos nombreux enfans, » & vous rendre cher votre état, au» quel dieu a particuliérement ataché » fa bénédiction, par le contentement » qui en est le partage, par la pureté » & l'innocence des mœurs, la fé»curité d'une bonne confcience, la fanté du corps & de l'ame »,

LA MERE.

Vous avez raifon, ma chere amie, voilà fans contredit le plus beau & je fuis bien aise que vous l'ayez fi bien retenu,

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