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DIX-NE U VIEME

CONVERSATION.

EMILIE.

AH, maman, l'agréable journée que nous avons paffée! Convenez que Madame la Maréchale fait bien faire les honeurs d'une fête....

LA MER E.

Même villageoife.

EMILIE.

Comme elle s'eft occupée de tout le monde ! Comme tout le monde a été heureux & à fon aife!

LA MERE.

Chacun à fa maniere, fans gêne, fans embaras; fans manquer un moment à la décence, au milieu de la

franchise, de la gaité & de la confufion des états.

EMILIE.

Comme fes gens font polis, attentifs & prévenans! On a bien raifon de dire: Tel maître, tels valets. LA MER E.

Je n'ai véritablement jamais vu une fête plus agréable & plus intéreffante pour tous ceux qui devaient y prendre part.

EMILI E.

Cela ne m'a pas surprise. Vous favez, maman, que Madame la Maréchale a beaucoup d'efprit, à ce que tout le monde dit.

LA MERE.

Auffi, quand je parle de ceux qui devaient y prendre part, je la compte la premiere. Il lui était bien aifé de faire la dépenfe d'une fête & fort magnifique & fort trifte; je vous

avouerai même que je m'y atendais

un peu.

EMILI E.

Pourquoi donc cela?

LA MERE.

Parce que la premiere condition, pour qu'une fête réuffiffe, c'eft que la perfone qui la donne s'y plaife beaucoup elle-même ; & je n'avais nullement prévu ce grand intérêt que Madame la Maréchale a mis à la fiene, & qui a fait tout le fuccès de la journée.

EMILIE.

Oh moi, je me fuis atendue à une journée fort intéressante... LA MERE.

Pour Emilie; je n'en ai pas été en peine un inflant. Mais pour une femme qui a paffé fa vie à la cour & dans le plus grand monde faire une occupation d'une noce de village; avoir l'air de fe plaire dans

se

!

ces foins, & d'être à fa place au milieu d'un monde fi étranger pour elle, ce fpectacle, je vous l'avoue, a été tout-à-fait nouveau pour moi. EMILI E.

C'eft qu'elle eft fi bonne & fi bienfaifante.

LA MERE.

Ç'a été auffi ma premiere réflexion; mais j'en ai fait encore une autre.

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Il faut que les joies fimples & pures du village aient un attrait qu'on chercherait en vain dans les fêtes les plus magnifiques & les plus brillantes du grand monde, puifqu'une femme de fon rang s'en fait préférablement un fujet de fatisfaction.

EMILIE.

Vous croyez donc, maman, qu'une

fête du grand monde ne lui auraît pas fait le même plaifir?

LA MERE.

Difficilement. Je n'en ai jamais entendu vanter que la fatigue & l'importunité, tant ces fêtes d'appareil font redoutables pour tout le monde.

EMILIE.

Jufqu'à préfent, dieu merci, je ne les redoute point du tout.

LA MER E.

Oh, les enfans font finguliérement intrépides fur ce chapitre.

EMILIE.

Mais, maman, quel rifque courton d'affifter à une fête; à un grand & beau fouper de noce, par exemple?

LA MERE.

Celui de s'y ennuyer confidérable

ment.

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