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Le premier afped fut terrible. Il offrait de tous côtés l'image de la plus afreufe mifere. Les enfans paraiffaient avoir foufert de la faim ; la mere, renverfée fur fon mauvais grabat, dont elle n'avait pas eu la force de fe relever depuis deux jours, était accâblée par une groffe fievre. Madame la Duchefle ne put fe défendre d'un violent mouvement d'indignation contre fon châron de pere en fils en fe tournant vers lui, elle lui reprocha vivement fa dureté, de laiffer périr, faute de fecours, dans fa propre maison, une famille toute entiere. Maître Truchard en rejeta la faute fur fes afaires, fur fes voyages à la cour, fur le retard de fon brevet d'honeur, mais principalement fur cette femme elle même qui, loin de lui confier fa détreffe, ne lui avait

jamais demandé le moindre fecours.

EMILI E.

Maman, je crois que j'ai maître Truchard en averfion. Si j'avais l'honeur de parler à la Reine, je lui dirais: Votre Majefté n'aime pas les mauvais cœurs; ainfi point de brevet d'honeur pour Jacques Truchard, LA MERE.

La révolution qui fuccéda à ce premier moment fut encore plus extraor❤ dinaire. L'arivée imprévue de tant de monde & le bruit qui en était inféparable, avaient rendu à la femme malade des forces & toutes fes inquiétudes. Elle fit un éfort pour fe mettre fur fon féant, & regarda autour d'elle avec un air très-égaré; enfin paraiffant reconaître Madame la Ducheffe, elle jeta un cri & retomba fans connaiffance, Revenue à elle après un long évanouiffement, elle dit d'une voix tremblante & éteinte ;

Venez, nres enfans, jetez-vous aux pieds de Madame la Duchesse, & obtenez d'elle de ne pas vous priver d'une mere qui ne l'a jamais offenfée. En ce moment un des gens qui avait fuivi fa maîtreffe, s'écria: Ah, bon dieu, c'elt Cécile! Alors la Ducheffe fit fortir tout le monde, & ne garda que fa fille auprès d'elle. Ne comprenant rien à ce qu'elle venait d'entendre ne reconaiffant pas meme malgré le cri de fon laquais, cette infortunée, à qui fa présence inspirait tant de frayeur, elle employa pour la calmer & la raffurer, tout ce qu'elle avait de bonté, de douceur & de tience.

EMILI E,

pa

Ah, maman, voilà le moment du tableau ! C'est Madame la Ducheffe qui la confole!

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Eft-ce vous, Cécile, lui dit-elle ?

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En quel état faut-il que je vous retrouve? Quoi, malheureufe, il y a fix mois que vous êtes à Paris, & il ne vous eft pas venu dans la penfée de vous préfenter chez moi! Et voyant que ce mot la replongeait déja dans fes inquiétudes, elle l'affura de nouveau, que la providence fans doute l'avait conduite ici, que bien loin d'avoir aucun deffein de lui nuire, elle n'avait d'autre défir que de la fecourir & de la fauver..

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Maman voilà Madame la Ducheffe plus avancée que moi. Qui est'elle donc cette Cécile?

LA MERE.

C'était Cécile Frênel, la compagne de fon enfance, la fille de fa gouvernante qui pour prix de fés fervices avait obtenu,, avec une bonne penfion, la furintendance d'un de fes châteaux en Angoumois.

Tome II.

R

EMILIE.

Me voilà un peu plus perplexe qu'auparavant. Que faut-il penfer enfin de cette Cécile Frênel? Peut-on s'y intéreffer en sûreté de confcience? Si elle a fi grande peur de Madame la Duchesse, elle a donc eu de grands torts avec elle?

LA MERE.

Je vais fixer votre opinion, en vous contant les malheurs en peu de

mots.

Une figure aimable & une grande douceur de caractere avaient fait chérir Cécile Frênel de tout le monde pendant fon enfance. Malgré la différence de quelques années, Madame la Ducheffe l'avait paffionément aimée, & cet heureux hazard avait procuré à Cécile une éducation bien au deffus de fon état. Lors du mariage de la Ducheffe, Anaftafie Frênel, fa mere, follicita & obtint la ré

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