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fongea plus à fon fouper à la campagne. Elle fit tranfporter Madame Baruel le foir même à fon hôtel & les foins qu'elle en fit prendre la rétablirent bientôt. Il ne fut plus queftion que de la garantir des fuites de fon bonheur.

EMILIE.

Comment cela, maman?

LA MERE.

Dès le lendemain Madame la Ducheffe s'occupa de la liberté de fon mari, en faisant payer fes dettes. Les médecins redouterent avec raifon l'entrevue des deux époux. Madame Baruel était trop faible encore pour quiter le lit, lorfque fon mari entra dans fa chambre. On l'avait préparée à ce moment avec toutes les précautions néceffaires; elle avait pro mis de fe conduire avec la modération qu'on exigeait d'elle; mais les éforts qu'elle fit fur elle pour tenir

fa promeffe, penferent lui devenir funeftes. A cette modération de commande fuccéderent d'horribles convulfions; la fievre fe raluma avec la plus grande violence; ce ne fut qu'au bout de fix femaines qu'on put regarder Madame Baruel comme fauvée & confervée à fon mari & à fes enfans.

EMILIE.

J'efpere, maman, qu'elle fe porte bien préfentement. La verrons-nous cet hiver à Paris?

LA MER E.

Dès l'année derniere fa bienfaitrice la fit retourner en Angoumois avec fon mari & fes enfans. Là, après avoir pourvu à tout, elle lui acheta dans fes propres domaines un bien quatre fois plus confidérable que celui qu'on lui avait enlevé. Ce bien fut afranchi de toute redevance, & érigé en franc-aleu & bien libre avec les plus

grandes formalités. En même temps Madame la Ducheffe dota la fille pour le moment où fon verait un fujet digne de partager le

pere trou

bonheur d'une telle famille. Son retour en Angoumois eut un air de triomphe, toute la province en fut dans la joie; & pour qu'il n'y manquât rien, (car le défastre des méchans eft regardé comme un bonheur public) le chicaneur s'était caffé les reins en tombant de cheval peu de temps auparavant, & fes promenades ne menacerent plus la poffeffion de perfone.

EMILIE.

J'allais dire, Dieu foit loué; mais cela ne ferait pas bien, je crois. Et Madame Anastasie, maman?

LA MER E.

Madame la Ducheffe ne voulut jamais lui pardoner, malgré toutes les fupplications de fa fille. Elle la

chaffa de fon château, & ne lui laiffa une petite pension pour vivre, qu'à condition qu'elle fe retirerait dans un couvent hors de la province, afin de s'y repentir de ses fautes le refte de fa vie.

EMILIE.

Il ne faut, je crois, vouloir du mal à perfone; mais puifque juftice s'eft faite, je m'en confole. Il n'y a qu'à être bon, & l'on ne recevra jamais que du bien de Madame la Ducheffe.

LA MERE.

Et il n'y a pas grand mal peutêtre, que la méchanceté réfléchie foit punie.

EMILI E.

Ah, maman, quand j'aurai cette eflampe, je la regarderai avec des yeux bien différens, à préfent que je fais toutes les circonftances de cette fatale histoire.

LA MERE.

On ferait aifément de ces différens incidens une fuite de tableaux, tous intéreffans; je crois même qu'on en a le projet, & que Madame Baruel efpere avoir, avec le temps, tous ces deffins originaux, pour en orner fon heureux manoir, & pour rapeler fans ceffe à fes enfans la remife du châron.

EMILIE.

Et moi auffi j'efpere avoir la fuite de ces eftampes dans mon manoir, pour me rapeler une hiftoire qui m'a gâté une belle journée. Mais, dieu merci, tout eft bien à préfent; je puis me coucher en paix & dormir tranquillement. Seulement je balance fi je dois me coucher la tête basse ou haute.

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Qu'est-ce que cela fait à l'histoire de Madame Baruel?

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