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éplucher la conduite de la mere avec la même rigueur, & je n'y trouverais pas mon compte.

EMILI E.

En voilà bien d'un autre ! Vous avez peut-être auffi des fautes à vous reprocher?

LA MER E.

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Plus que je ne voudrais. Avec la différence que vous détournez les yeux des vôtres & c'est ce qu'on peut faire de mieux, quand elles ne font pas.de de conféquence; & que moi je trouve les mienes affez graves, pour y avoir toujours les regards atachés. Il me femble que je donnerais volontiers la moitié de ce qui me reste à vivre, pour recommencer votre éducation avec la possibilité de les éviter.

EMILI E.

Ce que vous dites-là, ma chere maman, me paraît bien férieux, à

moins que vous ne badiniez. Voyons donc ces fautes que vous voudriez racheter à fi haut prix ?

LA MER E.

Demain c'est le jour de la revue ; après la vôtre viendra la miene tout naturėlement, Mais à mes yeux l'efpérance de réparer un feul de mes torts, mériterait fuffifament le facrifice auquel je me réfigne.

EMILI E.

Quel est donc ce tort?

LA MERE.

Celui que vous a fait ma fanté.

EMILIE.

Vous avez raison, ma chere maman; vos enfans n'auraient plus d'inquiétudes, fi vous aviez une fanté plus robufte.

LA

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MERE.

Ce n'eft pas précisément pour vous

épargner des inquiétudes, que je la défirais meilleure; mais fi vous saviez combien mes maladies ont dérangé mon plan, combien ma conftitution frêle a contrarié mes deffeins!

EMILIE.

Je ne m'en fuis jamais aperçue.
LA MERE.

Par exemple: vous n'ignorez pas quelle importance j'ai toujours atachée, fur-tout pendant les premieres années de l'enfance, aux exercices du corps, ou plutôt à l'exercice & au mouvement habituels, fi effentiélement neceffaires au dévelopement des organes & des forces phyfiques.

EMILI E.

Je n'ai donc pas affez couru, affez fauté, je ne me fuis pas affez tourmentée, je ne vous ai pas affez importunée, à votre avis?

LA MERE.

Non à coup sûr. A la campagne vous

faites paffablement de l'exercice; mais en ville, vous favez quelle peine j'éprouve journélement à vous y dé

terminer.

EMILIE,

C'est qu'il n'y a rien de fi ennuyeux que de paffer & repaffer une allée ou un boulevard fans vous.

LA MER E.

Vous voyez donc bien que ma mauvaise fanté vous fert ou de raifon ou de prétexte, & que je n'ai pas tort de la regarder comme trèspréjudiciable à votre éducation. Je me la reproche toutes les fois que je remarque chez vous de la moleffe, foit du côté phyfique, foit du côté

moral.

EMILIE.

Mais, maman, vous vous reprochez là ma faute, & non pas la vôtre.

LA MER E.

En ce cas, il ne tiendrait donc

qu'à vous de m'épargner ce repro

che.

EMILI E.

Je conviens que je n'ai le cœur à rien quand vous êtes malade.

LA MER E.

Mais ce qu'on ne fe fent pas le goût ou l'inclination de faire, on le fait éfort de raison, quand on en connaît l'importance; & c'eft en quoi confifte la force du caractere.

par

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LA MER E.

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fans caufer

Vous me rapelez-là un autre de mes torts; c'eft de vous avoir laiffé prendre trop de goût à nos converfations.

EMILI E.

Comment, vous vous reprochez nos converfations?

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