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écoles on fait, mieux que vous, fe mettre au niveau de l'enfance?

LA MERE.

Sans contredit, ma chere amie. Mon cenfeur prétend qu'un jardinier qui n'aurait qu'une plante à foigner, courrait grand rifque de lui nuire par trop de foins, par un excès d'attention & de culture au lieu qu'obligé de partager fes foins entre un certain nombre de plantes diverfes, il eft efficacement garanti de cet inconvénient, & heureusement borné à ne donner à chaque plante confiée à fes foins, que la portion de culture qui lui est salutaire.

EMILI E.

Mon dieu, maman, que votre cenfeur m'impatiente avec fon jardinier! Ce monfieur me prend apparemment pour une laitue : c'est-à-dire, que je ne fuis venue au monde que pour végéter ?

LA MER E.

Voule fans figure?

qu'il vous parle

Entre nous deux je

fuis la plus forte; & par un effet naturel de ma force, il m'arive, vrai femblablement à tout inftant, de vous élever vers moi, au lieu de descendre vers vous; mais fi j'avais vingt enfans autour de moi, il n'en ferait plus de même à force de me tirailler vers eux de tous les côtés, ils me forceraient bien de refter à leur niveau ; & pour les dever infenfiblement & fans facade à un niveau fupérieur, ils m'enseigneraient bien des routes qui me font reftées inconnues.

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EMILIE.

Je vois, ma chere naman, que je l'ai échapé belle, fi je ne me trouve pas au beau milieu d'une vingtaine de marmots & fans vous.

LA MER E.

Après bien des incertitudes j'ai préféré, je l'avoue, l'inconvénient d'une éducation particuliere, prefque toujours trifte, maniérée & découfue, à celui d'une éducation publique que je ne pouvais ni approuver ni corriger.

EMILI E.

Sans quoi vous n'auriez pas manqué de courage pour me chaffer de votre maifon?

LA MER E.

J'efpere, ma chere amie, que je Paurais eu.

EMILI E.

Ah, vous ne m'aimez pas comme je vous aime. Voilà une fàcheuse décou verte pour un jour folemnel!

LA MERE.

Il me femble au contraire, que ja mais je ne vous aurais prouvé plus

fortement combien vous m'étiez chere, qu'en faifant le pénible éfort de vous éloigner de moi pour votre plus grand bien, & de vous priver pour un temps. de l'apui trop conftant de la tendreffe maternele, qui a auffi fes dangers, & qu'il faut peut-être compter parmi les inconvéniens de l'éducation domes tique.

EMILIE.

O dieu! pouvez-vous penser amfi ? Si vous voulez me voir mourir bientôt, vous n'avez qu'à fuivre ces idées, LA MERE.

Vous coupez-là le noeud de la piece par une catastrophe.

EMILIE.

Heureufement, heureusement il n'y a point de danger; il n'y a point d'éducation publique qui vous conviene..

LA MERE

Encore ici faudrait-il être en garde contre les illufions de l'intérêt. Je ne

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me fuis peut-être exagéré les imperfections de notre éducation publique, qu'afin de fournir à ma tendreffe un prétexte plaufible pour vous garder près de moi, malgré mes juftes préventions contre l'éducation privée.

EMILIE.

Non, non, vous n'aimez pas les exagérations. Je fuis bien sûre que vous penfez jufte fur ce point comme fur beaucoup d'autres.

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Convenez du moins, puifque nous avons préféré l'éducation domeftique, qu'il nous importe fur-tout de nous occuper férieusement de fes imperfections, afin de nous en préserver, ou de nous en tirer, fi nous avons eu le malheur d'y tomber.

EMILI E..

A la bonne heure, cela s'appelle parler, ma chere maman, Nous pou

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