페이지 이미지
PDF
ePub

>> recherche d'esprit, ni cette enluminure, ni >> ces défauts brillans qui caractérisent les pro>>ductions du jour : il parle plus à la raison » qu'aux sens. Il n'a jamais prostitué sa plume »> ni à la faveur, ni à l'esprit de parti il ne » s'abaissa point, pour plaire à la multitude, » à prendre le goût à la mode et le ton du » jour, à caresser les opinions dominantes. Il » préféra des vérités sérieuses à des choses >> agréables; ses ouvrages en sont la preuve : »ses Observations sur les Grecs et les Romains, » ce livre fait le pendant de celui de Montes» quieu; ce n'étoit pas une petite entreprise » de dire des choses nouvelles et de se faire » lire après ce grand homme. Le Droit public » de l'Europe, écrit pour des hommes d'état, » et même pour de simples citoyens, a été >> traduit dans toutes les langues : ses Principes » de Négociation servent d'introduction à cet » ouvrage. On trouve dans les Entretiens de » Phocion les matières approfondies et épui»sées sans effort, sans sécheresse, sans diffu>>sion. Cette saine raison, si rare dans ce siècle, » y marche d'un pas ferme, le flambeau à la >> main, et découvre sur sa route des vérités >> profondes, enchaînées les unes aux autres, >> formant un tout aussi instructif, que pensé Hhhh

2.

» avec justesse et sagement digéré. Ses Obser »vations sur l'Histoire de France, sont l'his >>toire de notre ancien gouvernement et de >> ses révolutions. L'auteur appeloit ce livre » son testament. Dans les Doutes proposés aux » Économistes, l'auteur bat en ruine un sys>> tême qu'il avoue dangereux autant que ri>> dicule.

>> Un ouvrage du Gouvernement de Pologne, » lui acquit l'estime et la reconnoissance de >> cette nation. Plusieurs personnes regardent » son livre de la Législation ou Principes des » Loix, comme son chef-d'œuvre. Pour goûter » cet ouvrage, il faut déjà de l'instruction; » quoique les jugemens qu'il porte sur Vol>> taire et Robertson, dans sa Manière d'écrire » l'Histoire, aient paru trop sévères, on y trouve » d'excellentes choses. L'Étude de l'Histoire » a été imprimée à la suite du Cours d'Études >> par Condillac, et étoit destinée à l'éducation » d'un prince. Quelques passages hardis qui » s'éloignoient des opinions vulgaires, excitè>> rent des réclamations contre les Principes de » Morale (*). »

De tous les ouvrages de l'abbé de Mably,

(*) Les Trois Siècles de la Littérature française.

c'est peut-être Phocion ou les Entretiens de Phocion, qui est le plus agréablement écrit.

Ses Principes de Morale sont fort bien discutés ; mais on leur reproche de donner de temps en temps dans la morale relâchée; et quoique Caton le censeur eût félicité un jeune homme d'avoir mieux aimé entrer dans un lieu lubri que, que de séduire la femme de son voisin, pour l'abbé de Mably, pas une raison d'autoriser une pareille licence dans un pays où les mœurs et la religion sont très-différentes de celles des Romains.

ce n'étoit

Dans sa Manière d'écrire l'Histoire, il représente Voltaire comme n'ayant ni honte, ni goût, ni jugement, pour avoir dit qu'on ne fait pas les hommes à coups de plume. Il ne rapporte pas en entier le texte de Voltaire, lequel, en parlant du père Petau, de Cadmus, et de Deucalion, dit, et même assez agréablement : Le père Petau fait des hommes à coups de plume, comme Deucalion en faisoit à coups de pierres. La critique tombe sur ce fameux jésuite, pour avoir, dans sa Chronologie, porté à un nombre excessif le dénombrement des Hébreux.

CONDILLA C.

Etienne Bonnot de Condillac, frère de l'abbé de Mably, naquit à Grenoble en 1715.

Une littérature étendue et éclairée, un grand sens, un jugement sain, une métaphysique claire et profonde, un caractère solide et égal, une ame forte mais sensible, des mœurs sévères pour lui-même sans être austères pour les autres; grave et silencieux dans le monde, gai et doux dans la société privée : tels sont les traits qui forment le portrait qu'on nous a donné de l'abbé de Condillac.

On lui proposa en 1764 d'être précepteur de l'Infant don Ferdinand, prince de Parme, petit-fils de Louis XV (*). L'abbé Millot fat nommé sous-précepteur; et ces deux hommesde-lettres, qui furent dans la suite de l'académie française, se rendirent ensemble au lieu de leur destination. M. de Keralio (**) étoit en même

(*) Marie-Louise-Élisabeth, fille de Louis XV, épousa en 1739 Philippe, Infant d'Espagne, duc de Parme.

(**) M. de Keralio vit encore (novembre 1803.) Il a quatre-vingt-neuf ans, jouit d'une fort bonne santé, et qui plus est, a conservé intactes toutes ses facultés intellectuelles.

temps son gouverneur; et il étoit difficile de faire un meilleur choix pour élever un jeune prince, d'autant plus que l'amitié la plus étroite règnoit entre ces trois instituteurs. L'éducation dura près de dix ans, au bout desquels Condillac, de retour en France, fut récompensé par la nomination à l'abbaye de Murceau jouissant en même temps d'une pension de dix mille livres, que lui faisoit la cour de Parme. Personne n'étoit plus universellement estimé que lui, et ne méritoit plus de l'être. Principalement occupé de l'étude, il passa sa vie entre Paris et sa terre de Flux près de Beaugency, où il mourut d'une fièvre putride, le 2 août 1780.

Les principaux ouvrages de l'abbé de Condillac sont:

Essai sur l'origine des Connoissances humaines. On a observé que cet ouvrage n'étoit qu'un développement des idées de Locke. Mais s'il adopta les idées de cet illustre écrivain, il devenoit nécessaire pour lui qu'il les mit en évidence. Cependant il y en a ajouté d'autres encore; et ce qu'on admire dans Condillac, n'est pas seulement la profondeur de ses pensées, mais la manière claire et facile avec laquelle il les expose.

« 이전계속 »