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mens: en telle forte que les élémens de chaque efpece, différens des élémens de toute autre efpece, furent tous parfaitement femblables entre eux.

Tels font, felon cet illuftre Philofophe, les Principes des Corps. Ces Elémens femblables, taillés avec un art infini dans leur inconcevable ténuité, ont entre eux une Attraction mutuelle; ou une tendance naturelle qui les emporte les uns vers les autres avec des forces parfaitement égales; & en vertu de laquelle ils femblent empreffés de s'unir ensemble, de s'éloigner des élémens diffemblables, & de former par leur concours, des Touts de leur efpece.

II. C'est d'après cette hypothefe, qu'Anaxagore entreprend d'expliquer le grand myftere de la formation & de la reproduction des Corps. L'Univers, d'abord formé fous la direction de cette fuprême Intelligence qui en tailla & en prépara les principes, fe conferve & fe perpétue par l'Attraction permanante de ces Principes indeftructibles.

Un Corps animal, le Corps humain, par exemple, fe forme ou s'entretient : parce que les alimens dont il fe nourrit, renferment des particules parfaitement femblables aux parties intégrantes de fon fang, de fes veines, de fes os, de fes nerfs, de fes mufcles, de fa peau, de ses esprits vitaux, de fes cartillages, de fes ongles, de fes cheveux; & ainfi du refte. Ces Particules fimilaires, mélangées & confondues dans la maffe des alimens, vont naturellement s'unir aux parties du Corps humain avec lesquelles elles ont de la reffemblance.

III. Ce Corps humain vient-il à fe décompofer, par la mort & par la putréfaction? Les Elémens qui le compofent, après s'être répandus dans la Terre ou dans l'Atmosphere, toujours indeftructibles & inalté rables, s'affemblent dans les parties des animaux & des végétaux avec lesquelles ils ont de l'analogie; &

par

le moyen defquelles ils iront de nouveau nourrir & former de la même maniere & par le même mécanisme, les Générations fuivantes.

L'Enfant qui vient d'être conçu, leur devra fon développement & fon accroiffement: l'Homme mûr leur devra la réparation permanente de fes pertes, & l'entretien conftant de fa vigueur.

IV. Il en eft de même des autres Corps. Un Germe de chêne, par exemple, placé dans le fein d'une terre favorable, fe convertit peu à peu en arbre: parce que la terre où il fe développe, lui fournit fucceffivement des particules analogues & à fon tronc & à fon écorce & à fes feuilles & à fes fruits; & que ces particules, en vertu de leur attraction, s'uniffent & s'attachent fans ceffe aux parties fimilaires de ce germe plus ou moins développé, & le portent à la fin à fon entier accroiffement. (*).

L'Efprit humain pouvoit-il, au tems d'Anaxagore, imaginer rien de plus beau qu'une telle Hy

(*) NOTE. Voici comment cette Hypothefe eft rendue par Lucrece, dans le premier Livre du Poëme de la Nature. Nunc & Anaxagora fcrutemur Homeomeriam,

Quam Græci memorant, nec noftrá dicere lingua
Concedit nobis patrii fermonis egeftas:

Sed tamen ipfam rem facile eft exponere verbis,
Principium rerum quam dicit, Homeomeriam.
Offa videlicet è pauxillis atque minutis
Offibu, fic & de pauxillis atque minutis
Vifceribus vifcus gigni, fanguenque creari
Sanguinis inter fe multis coeuntibu' guttis:
Ex aurique putat micis confiftere posse
'Aurum; & de terris terram concrefcere parvis:
Ignibus ex ignem, humorem ex humoribus effe:
Catera sonfimili fingit ratione, putatque,

pothese? Si l'on n'y voit pas encore la vraie Phyfique débrouillée & fimplifiée: on y voit déjà, ou tre l'action d'un Dieu Auteur de la Nature, le germe de l'Attraction du grand Newton, le germe des Affinités des Chymiftes, le

niques du célebre de Buffe des Molécules orga

CINQUIE ME

SENTIMENT.

L'EAU, PRINCIPE DE TOUT, SELON THALÈS.

161. EXPLICATION. Thalès, natif de Milet, le premier des fept Sages de la Grece, & le chef de P'Ecole Ionienne, prétendit que l'Eau eft le principe de tous les Corps. Il fondoit fon Opinion, fur ce que les corps, en fe décompofant, fe réduifent en vapeurs, les vapeurs en pluie, la pluie en plantes & en fruits.

Cette Opinion étoit tombée depuis long-tems, dans le difcrédit & dans l'oubli : la fameuse expérience de Vanhelmont faillit la remettre en vogue. Ce célebre Phyficien prit une certaine quantité de terre, la fit fécher dans un four bien chaud, la pefa, la plaça dans un vafe ifolé, & y planta un rameau de faule; qui, expofé à l'air & arrofé à propos, devint un arbre. L'Arbre fut enfuite arraché; & la terre, féchée & pefée comme auparavant, se trouva n'avoir rien perdu de fon poids.

De-là, Vanhelmont conclut que l'eau feule avoit formé ce Saule. Mauvaise conféquence! Il s'enfuit fimplement de cette expérience, qui a été répétée depuis avec plus d'exactitude par d'autres Phyficiens, mais qui eft toujours à peu près la même relativement à l'induction qu'en tiroit Vanhelmont, que l'Eau & l'Air font le véhicule commun des diverfes fubftances, qui entrent dans la compofition des Corps.

1o. L'Eau, que l'on peut regarder comme le plus

fimple & le plus inaltérable de tous les corps, a une affinité marquée avec une foule de fubftances étrangeres à fa nature: elle s'en faifit, elle les tient en diffolution, elle les entraîne avec elle à travers les canaux des Végétaux; & les y dépofe, en s'évaporant infenfiblement dans l'air, avec lequel elle a auffi une affinité fimple ou complexe. (94 & 108).

II°. l'Air a auffi à fon tour une grande affinité avec une foule d'exhalaifons terreufes & falines, qu'il enleve à la terre, qu'il unit à fes molécules, & qu'il éleve à une plus ou moins grande hauteur.

La partie aqueufe qui occupe les pores extérieurs des Végétaux, attire ces exhalaifons répandues dans l'air, & les entraîne dans l'intérieur des Plantes; ou circulant en feve afcendante & en feve defcendante, elle les laiffe unies aux parties analogues de la Plante, à mesure qu'elle fe diffipe infenfiblement par l'évaporation.

IV. Il réfulte de-là, que l'Arbre de Vanhelmont, a pu fe former & fe convertir en une affez grande maffe. , par le moyen de l'eau dont on l'arrofa, & qui lui voitura une foule de fubftances étrangeres à fa nature fans que l'eau fe foit convertie ellemême en toute la fubftance de cet arbre.

Cet Arbre, quand on le pefa, étoit en partie compofé d'eau: puifque l'eau eft un des principes de tous les Végétaux. Mais il n'étoit pas uniquement compofé d'eau parce que les Végétaux ont toujours d'autres principes, qui font l'air le feu, & la

terre.

V°. Boyle dans le dernier fiecle, & Eller vers le milieu du fiecle préfent, ont infructueufement tenté de renouveller l'Opinion de Thalès & de Vanhel

mont.

Une graine de Citrouille, convertie en deux groffes citrouilles dans une terre préparée & arrofée comme

dans l'expérience précédente, ne prouve rien en faveur de cette Opinion.

Une dragme d'Eau diftillée, qui, battue avec un pilon de verre dans un mortier de verre, l'un & l'autre bien polis, s'épaiffit & fe convertit en partie en une pâte extrêment fine & déliée, ne devient pas une preuve plus fatisfaifante en ce genre. Elle prouve uniquement que du mortier & du pilon de verre, fe détachent peu peu des particules trèsfines, qui mêlées avec celles qu'y dépose l'air ambiant, y forment cette pâte.

163. REMARQUE: Selon Heraclite, il n'y a également qu'un feul Principe des Corps: c'eft le Feu. Le Feu, difoit-il, fe change en air, l'air en pluie, la pluie en terre, la terre en toute forte de corps.

Ce grand Pleureur vouloit fans doute faire rire : en donnant férieufement, pour une hypothese philofophique, ces puériles Métamorphofes, qui n'ont aucune lueur de vraisemblance & de raifon.

SIXIEME SENTIMENT.

LES TROIS ÉLÉMENS DE DESCARTES.

163. EXPLICATION. Après avoir reconnu bien fine cérement, que l'Univers a été réellement créé comme le rapportent les Livres Saints: Defcartes examine comment auroit pu être produit de la maniere la plus fimple, ce même Univers. Donnez-moi fimplement une Matiere homogene, & un Mouvement permanant, dit Defcartes : c'eft tout ce qu'il me faut, pour former le Monde vifible.

Que le Tout-puiffant créé une Matiere homogene & dans fa fubftance & dans fes configurations, divifée en petits cubes femblables: qu'il imprime dans le Plein à tous ces petits Cubes égaux, un double Mouvement de rotation, l'un autour de leur centre

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