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parties vifibles d'une once entiere d'or, il faut multiplier 4,000,000 par 576: ce qui donne 2,304,000,000 parties vifibles, auxquelles l'Art réduit une feule once d'or.

23. OBSERVATION H. Les Ouvriers qui préparent le Fil d'argent,pour le convertir en galons & en étoffes, portent encore plus loin cette prodigieufe extenfion de l'or, quand on le file.

Avec une quantité de feuilles d'or, qui n'excede jamais fix onces, & qu'ils diminuent quelquefois jufqu'à une once, ils couvrent un Cylindre d'argent, de vingt-deux pouces de longueur fur quinze lignes de diametre, & du poids de quarante-cinq marcs.

Ils font paffer ce Rouleau doré fucceffivement par les différens trous d'une filiere ou lame d'acier, lefquels trous vont toujours en décroiffant depuis le premier jufqu'au dernier : de façon que, s'alongeant continuellement aux dépens de fon diametre, ce Cylindre ou ce Rouleau devient enfin auffi délié qu'un cheveu, & d'une longueur qui égale environ 97 lieues de 2000 toifes chacune.

24. EXPLICATION. I°. Les feuilles d'Or que l'on applique à se Cylindre, s'uniffent intimement à fa furface; & font comme un même tout avec l'argent à qui elles fervent d'enveloppe, & auquel elles adherent avec force.

Cette forte adhérence des feuilles d'or au Cylindre d'argent, femble avoir principalement pour caufe, la grande affinité qu'a l'or avec l'argent: affinité qu'il a dans un plus ou moins haut degré, avec toutes les fubftances métalliques, & qu'il n'a pas de même avec les fubftances non métalliques.

II°. En paffant fucceffivement par les différens trous de la Filiere, l'Or, en vertu de fa ductilité & de fon affinité avec l'argent, s'étend fur le Cylindre; & lui

refte adhérent, à mefure que le Cylindre s'alonge. Le Fil doré qui en réfulte, eft encore un petit cyIndre d'argent, auquel l'or, qui s'eft de plus en plus. étendu, & qui le couvre encore, fert toujours de fourreau & d'enveloppe. Ce Fil doré fe nomme Trait. (*)..

III°. On fait paffer le Fil doré ou le Trait, entre deux Rouleaux d'acier poli, qui l'écrafent & l'applatiffent en forme de lame fort mince, dont on enveloppe enfuite un fil de foie pour l'ufage des différen tes Fabriques.

Dans l'opération des rouleaux, le Trait s'étendant en longeur & en largeur, devient plus long encore d'un feptieme. Ainfi, au lieu de 97 lieues que nous avons précédemment comptées pour fa longueur, il faut compter 111 lieues..

IV°. La Dorure qui enveloppe le fil applati, doit. être confidéré comme une double Lame d'or, appliquée fur la double furface de la lame d'argent. Chacune de ces lames d'or ayant 111 lieues, les deux enfemble auront 222 lieues.

V°. Le Trait, en s'écrafant fous les rouleaux d'acier, prend la largeur d'environ un huitieme de ligne: largeur qui fe divife facilement en deux portions fenfibles.

Le Trait pourra donc être divifé dans toute fa longueur en deux petites lames, dont chacune aura fa double enveloppe d'or. Par conféquent, au lieu de deux lames d'or, il en faudra compter quatre ; qui égaleront en longueur 444 lieues..

VI°. En fuppofant du Fil le plus légérement doré, voilà donc une Once d'or, convertie en quatre lames, dont la furface vifible a 444 lieues d'étendue.

(*) ETYMOLOGIE. Du mot latin trahere: tirer, étendre, fler: tractum, filé.

En multipliant les lieues par 2000 toifes, les toifes par 6 pieds, les pieds par 12 pouces, les pouces par 200 parties que l'oeil difcerne aifément dans la longueur d'un pouce: vous aurez donc une once d'Or, étendue & divifée en 888,000 toifes; en 5,328,000 pieds; en 63,936,000 pouces; en 12,787,200,000 parties vifibles.

VII. Mais fi l'on fait attention que la petite lame d'or qui couvre de part & d'autre la Lame d'argent, n'eft vue que dans fa Surface extérieure ; & qu'elle pour roit être vue également dans fa furface intérieure, qui eft appliquée fur l'argent: on conçoit que le nombre précédent de parties vifibles que donne cette once d'or, pourroit être encore augmenté de moitié: comme le nombre de parties visibles d'une feuille d'or battu, devient double à raison de fa double surface.

25. COROLLAIRE. Si les Artiftes humains, armés de leurs inftrumens groffiers, peuvent opérer une fi prodigieufe divifion dans la Matiere : à quelle divifion ne pourra pas la porter l'Artifte fuprême; qui, pour agir, n'a qu'à vouloir; à qui tout ce qui ne répugne pas, eft aifément poffible!

26. REMARQUE. Le même Mécanisme qui convertit en feuilles & en fil l'or & l'argent, convertit également en fil & en feuilles le fer & le cuivre.

L'Or, l'Argent, & le Cuivre, font les trois métaux qu'on emploie pour la Dorure, dont nous allons donner une fuccincte idée.

27. DÉFINITION. La Dorure eft l'art d'appliquer une couche d'Or, extrêmement mince, à la furface de differens corps: pour leur donner toutes les apparences extérieures de ce précieux métal. L'Or destiné à la dorure, doit être réduit, ou en feuilles, ou en parties très-fines.

VRAIE DORURE.

28. DESCRIPTION. La vraie Dorure se fait, ou avec des feuilles d'or, ou avec de la poudre d'or, que l'on applique en différentes manieres, fur la furface des Corps auxquels on veut donner l'éclat & la beauté de ce métal. Voici quelques-unes de ces manieres de donner la Dorure.

I°. L'Or s'unit très-bien par le fimple contact, avec certaines fubftances métalliques, qui font ductiles comme lui, & avec lefquelles il a une grande affinité. On l'applique en feuilles fur la furface bien polie & bien nétoyée du métal qu'on veut dorer, par exemple, de l'argent ou du cuivre ; & à l'aide d'un certain degré de chaleur, & du frottement qu'on fait avec une Pierre hématique qu'on nomme Pierre fanguine, on fait adhérer parfaitement l'or à la furface du métal.

Cette parfaite adhérence vient de ce que les Parties réciproques de ces deux fubftances ductiles, en vertu de leur affinité, & par le moyen de la chaleur & de la preffion, s'infinuent facilement dans leurs pores refpectifs; & fe lient les unes aux autres, comme par une infinité de petits clous imperceptibles, que le refroidiffement & la ductilité des deux fubftances, applique intimement aux petites concavités qui les hapent, & qui fe referment fur ce qu'elles ont faifi.

II°. Comme l'Or en poudre, s'attache & adhere au Mercure, & s'amalgame avec lui; on fait de ce mélange, ou de cet Amalgame d'or & de mercure, une pâte dont on enduit le métal qu'on veut dorer: on chauffe enfuite le métal, affez pour faire évaporer le mercure.

L'Or s'attache & adhere au métal; & on le brunit, en le frottant ou le poliffant avec la Pierre fanguine. III°. On fait diffoudre une petite quantité d'or dans de l'Eau régale on in bibe des linges, de cette diffo

:

lution d'or on fait brûler ces linges, & on en garde la cendre, qui est toute noire. Cette cendre, frottée avec de l'eau à la furface d'une Lame ou d'une Feuille d'argent, par le moyen d'un chiffon, ou même avec les doigts, y laiffe les molécules d'or qu'elle contient, & qui y adherent très-bien.

On lave la Lame ou la Feuille d'argent, pour ôter la partie terreuse de la cendre; & en la poliffant avec la Pierre fanguine, on lui donne facilement & à trèspeu de frais, une fort belle couleur d'or. Telle est la dorure d'une foule de Bijoux de grande apparence & de peu de valeur.

IV. On applique auffi l'Or en feuilles, mais avec beaucoup moins d'ahérence, fur des cryftaux, fur des porcelaines, fur d'autres matieres vitrifiées & bien polies, que l'on expofe auparavant à un certain degré de chaleur, & que l'on brunit enfuite légèrement, pour leur donner leur éclat.

Dans ces opérations, la chaleur ouvre & dilate les pores des furfaces polies auxquelles la feuille d'or eft appliquée ; & la petite preffion de la dent qui les polit, fait que la feuille d'or, en vertu de fa ductilité, s'infinue dans les pores de ces fubftances, comme par une infinité de petits coins; s'y fixe & s'y attache, à mefure que la chaleur ceffe & que les pores fe refferrent.

L'adhérence de l'or à ces Subftances vitrifiées, est incomparablement moins grande, que l'adhérence de l'or aux Subftances métalliques: foit parce que la preffion qui unit l'or aux fubftances vitrifiées, eft néceffairement beaucoup plus foible; foit parce que la ductilité qui doit cimenter cette union, n'étant pas réciproque, les fubftances vitrifiées ne s'étendent pas. pour faifir & envelopper les petits clous d'or qui pénetrent dans leurs concavités; foit enfin & principalement parce que l'or n'a pas avec ces fubftances vi

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