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trifiées, l'affinité néceffaire pour l'unir & l'attacher intimement à elles.

V°. Comme l'Or ne s'unit pas par le fimple contact, aux Subftances non métalliques ; & que plufieurs de ces fubftances, fort hétérogenes dans leur nature, ne peuvent jamais prendre des furfaces bien polies & d'une folidité bien égale, capable de réfifter partout uniformément à la preffion de la dent; fans quoi la feuille d'or fe déchire, au lieu de s'étendre: pour appliquer l'Or à ces fortes de fubftances, par exemple, à la pierre & au bois, on eft obligé d'en enduire la furface de plufieurs couches de quelque fubftance tenace & collante, qui happe & qui retienne l'or.

On donne à ces fortes de fubftances tenaces & collantes, le nom général de Mordans. C'eft fur ces Mordans, que l'on applique l'or en feuille ou en poudre ; & quand le tout eft affez fec, on le polit avec une dent de loup, ce qui s'appelle, le brunir.

FAUSSE DORURE.

29. DESCRIPTION. La fauffe Dorure eft celle dans laquelle on n'emploie pas réellement de l'Or; ou dans la compofition de laquelle l'Or n'entre pour rien.

1o. Telle eft la couleur d'or, que l'on donne au Cuivre jaune & à l'Argent: en appliquant fur ces mé taux, un Vernis jaune-doré, lequel étant tranfparent, laiffe appercevoir tout leur brillant. On fait beaucoup d'ornemens de cuivre, vernis de cette maniere; & qu'on appelle en Couleur d'or, pour les diftinguer de ceux qui font véritablement dorés.

II°. Ce qui paroît feuille d'or fur prefque tous les Cuirs dorés, n'eft que feuille d'argent, à laquelle on donne la couleur de l'or, par le moyen du Vernis jaune-doré dont on vient de parler.

III°. Les Papiers dorés doivent leur apparente do

rure à des feuilles de cuivre battu, qu'on leur rend adhérentes par le moyen de certaines Colles qui happent ce cuivre & l'uniffent au papier.

30. REMARQUE. L'Art, en filant les Métaux comme on vient de l'expliquer, imite la Nature, fans s'en appercevoir.

Le Ver à foie a une filiere naturelle, par laquelle il moule ce fil précieux dont il fait fa coque. Ce fil eft d'une telle fineffe, que trois cens aunes qui en furent mefurées, ne peferent que deux grains & demi: de forte qu'il n'en faut rien moins que 69,120 aunes, pour faire le poids d'une once.

Le fil de l'Araignée, dont on eft venu à bout de faire des gands affez folides & très-moelleux, se forme par un femblable mécanifme: il excede incomparablement en fineffe, le fil du Ver à foie.

L'un & l'autre, en fortant de la filiere de l'animal, n'est qu'un fuc vifqueux, qui fe durcit à l'air, ainfi que le mortier & la terre graffe, par la diffipation des parties humides qui s'évaporent, & par l'union plus intime des parties folides qui fe rapprochent.

SECONDE DÉMONSTRATION:

LA DIFFUSION DES ODEurs.

31. EXPÉRIENCE. Soit une petite Caffolette de verre ABD, en partie pleine d'une liqueur odorante; par exemple, d'eau de fleur d'oranges, ou d'efprit de vin chargé de lavande. Pofez cette Caffolette, ou fur quelques petits charbons ardens, ou fur une petite lampe allumée. (Fig. 2).

Quand la liqueur s'échauffe & commence à bouillir, on voit fortir par le bec D de la Caffolette, une Vapeur abondante, qui fe fait fentir dans tous les points d'une chambre: fans qu'il paroiffe aucune diminution fenfible dans le volume de la liqueur, lorfque l'expérience ccffe après deux ou trois minutes.

32. EXPLICATION. La Vapeur que l'œil voit fortir du bec de la Caffolette, & qui porte fon odeur dans toute la chambre, n'eft rien autre chofe, que la partie la plus évaporable de la liqueur, que l'action du feu a féparée de la maffe, & qu'il a élancée dans toutes les parties de la chambre en particules extrêmement divifées. Ces particules évaporées, malgré le peu de diminution qu'elles caufent au volume qu'elles ont quitté, fe trouvent en affez grand nombre dans tous les points fenfibles de la Chambre, pour y faire par-tout une impreffion bien nette & bien caractérifée fur les fibres de l'odorat. Sur quoi voici quelques réflexions à faire.

par

1o. Combien immenfe doit être le nombre des ticules évaporées! Suppofons que la Chambre, affez petite, ait feulement en nombres ronds 15 pieds en longueur, en largeur & en hauteur: il y aura 3375 pieds cubes d'air.

Un Pied quarré contenant 20,736 lignes quarrées un pied cube contiendra 429,981,696 lignes cubes; qui multipliées par les 3,375 pieds cubes d'air que contient la chambre en queftion, donneront 1,451,188,224,000 lignes cubes d'air dans cette chambre.

Suppofons encore, pour mettre en tout les chofes, au pis, que la Liqueur évaporée foit de deux Lignes cubes; & qu'il n'y ait dans chaque ligne cube d'air que quatre particules odorantes. Pour avoir le nombre de particules odorantes qu'ont donné ces deux lignes cubiques de liqueur évaporée ; il faudra multiplier par quatre, le dernier nombre précédent. Voilà donc deux lignes cubes de liqueur, divifées affez éga lement en 5,804,752,896,000 parties fenfibles.

II. Mais ce qui fait l'Odeur fenfiblement répandue dans cette chambre, n'eft que la moindre partie de ce qui s'eft évaporé, Car dans une liqueur odorante 1

il faut diftinguer les parties propres du Liquide, des parties dont eft parfumé, lefquelles font en quantité bien moins confidérable.

Suppofons donc, ce qui eft beaucoup trop, que la partie odorante foit le quart de la partie du liquide évaporé le quart de deux lignes cubes évaporées, fera une demi- ligne cube, divifée en 5,804,752,896,000 parties fenfibles.

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III. Mais cette demi-ligne cube de liquide odorant, évaporée & répandue affez également dans toute la chambre, n'étoit pas toute de matiere, avant l'évaporation: elle avoit, comme tous les Corps liquides & folides, fes pores & fes vides; qui dimi nuent encore beaucoup fa maffe pofitive, ou fa quantité abfolue de matiere. L'Or, par exemple, qui a lui-même une quantité confidérable de pores ou de vides, n'eft dix-neuf fois & demi plus pefant que l'eau; que parce que l'or, à égalité de volume, renferme dix-neuf fois & demi plus d'élémens de matiere, que l'eau. Donc, en fuppofant que l'or foit tout matiere, ou que l'or n'ait point de pores & de vides: un Liquide égal en poids à l'eau, auroit encore environ vingt fois plus de vide que de plein; ou vingt fois plus d'étendue vide & pénétrable, que d'étendue impénétrable & folide.

Suppofons donc la Liqueur contenue dans la Caffolette, égale à l'eau en denfité & en poids : la demiligne cube de matiere odorante, répandue dans la chambre, ne feroit en fomme réelle & pofitive, qu'environ la vingtieme partie d'une demi-ligne cube de matiere fans pores & fans vides.

IV. Une demi-ligne cube de matiere, divifée en vingt portions égales, n'auroit guere pour chaque divifion, que le volume d'un petit grain de fable. Voilà donc une quantité de matiere, qui réunie, n'égaleroit que le volume d'un petit Grain de fable, di

vifé par l'action du feu en 5,804,752,896,000 parties fenfibles!

Quelle inconcevable ténuité doivent donc avoir ces particules odorantes; & quelle doit être la fineffe & la mobilité des fibres de notre odorat, pour en être fenfiblement affectées & ébranlées ! Qu'il eft grand & admirable dans fes œuvres, cet Artiste adorable, qui forme & ces élémens pour nos organes, & nos organes pour ces élémens !

LES CORPS ODORANS.

33. EXPLICATION. La diffufion des Odeurs, s'opere naturellement dans les fleurs, dans les plantes, dans les fruits, dans les animaux, dans tous les corps odoriférans, par un mécanisme affez femblable à celui de la Caffolette dont nous venons de parler.

Une Fermentation intérieure, occafionnée ou par le feu élémentaire qui fe trouve répandu dans toute la Nature, ou par la chaleur vivifiante du Soleil qui donne l'action & le mouvement à tout ce qui vit & végete, ou par quelque autre caufe qui varie felon la nature du fujet où elle agit, fait dans le Corps odorant, par exemple, dans une rofe, dans un grain de Mufc, dans un corps qui fe corrompt, ce que fait la chaleur du feu fur le Liquide renfermé dans la caffolette AB: c'eft-à-dire, que cette fermentation occafionne dans cette rofe, ou dans ce grain de mufc, ou dans ce corps qui fe corrompt, par la voie des pores dont ils abondent, une Evaporation invifible, mais réelle & permanante, affez femblable à celle que l'oeil apperçoit à l'orifice de la Caffolette pofée fur la lampe allumée : évaporation qui entraîne, comme dans la Liqueur dont on vient de parler, & des parties odorantes, & des parties non odorantes, lefquelles vont fe répandre & fe mêler à une plus pu moins grande diftance & à une plus ou moins

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