페이지 이미지
PDF
ePub

propre fonds: fans quoi il pourroit & il devroit arriver qu'un bloc de marbre ou de chêne fe remuât de lui-même, quand il eft en repos; ou s'arrêtât de luimême, quand il eft en mouvement: ce qu'il feroit évidemment abfurde d'affirmer ou de penfer.

III. Nous avions déjà obfervé & démontré dans notre Métaphyfique, en confultant & l'expérience & la raifon, que la Matiere eft effentiellement incapable & de Penfée & de Sentiment: que la Matiere en repos ou en mouvement eft abfolument incapable de produire par elle-même & comme caufe efficiente, le mouvement & l'action dans une autre matiere. (Met. 1042 & 1222).

Nous venons d'obferver & de démontrer ici que la Matiere n'a point le mouvement en elle-même par fon effence, & qu'elle ne peut prendre & fe donner accidentellement le mouvement par elle-même ou par une vertu intrinfeque qui lui foit propre.

D'où il réfulte que la Matiere n'a & ne peut avoir par elle-même, aucune Action quelconque : que la Matiere eft à tous égards une fubftance paffive, une fubftance capable de recevoir & incapable de fe donner l'action & le mouvement; une fubftance dont une Inertie intrinfeque & radicale eft en tout & partout l'apanage naturel. C. Q. F. D.

76. ASSERTION II. Le mouvement & l'action qui animent la Nature vifible, fur la Terre & dans les Cieux, ont néceffairement pour Caufe efficiente, l'action permanante de l'Etre incréé & créateur

DÉMONSTRATION. Il est évident qu'il y a dans la Nature vifible, une fomme immenfe & permanante de Mouvement; mais quelle en eft la fource & la caufe?

I. Il eft certain que le mouvement qui renouvelle fans ceffe la face de la Terre, qui vivifie &

perpétue la Nature vifible autour de nous, dans le Regne animal, dans le Regne végétal, dans le Regne minéral, n'a pour caufe efficiente, ni la matiere qui conftitue notre Globe, ni aucune autre matiere femblable ou diffemblable: puifque, felon l'Affertion précédente, la Matiere n'a par elle-même & de fon propre fonds, qu'une inertie abfolue & univerfelle, qu'une incapacité radicale & entiere de fe mouvoir ou de mouvoir une autre matiere, Donc le mouvement qui anime notre Globe terreftre, n'a & ne peut avoir évidemment pour principe, pour caufe efficiente, que l'action permanante du Créateur.

Car quelle autre caufe, qu'une Cause infinie & en intelligence & en puiffance, pourroit & connoître & produire à chaque inftant, dans le Globe que nous habitons, fans excès & fans défaut, le degré précis & la qualité convenable d'action, qu'exige perfévé ramment la Nature matérielle, dans toutes fes parties par exemple, le degré précis d'action, qui convient à une Puiffance mécanique, dont la force variable croît & décroît toujours comme fes leviers qu'elle ne mefure pas le degré précis d'action, qui convient à chaque Corps terreftre, dont la force gravitante devient plus grande en allant de l'équateur vers les poles, devient plus petite en allant des poles vers l'équateur, augmente en s'approchant & diminue en s'éloignant du centre de la Terre, toujours en raifon inverfe des quarrés de fa diftance actuelle au centre de la Terre; quarrés qu'elle ne connoît pas le degré précis & la qualité convenable d'action, d'où doit résulter le jufte équilibre des Elé ments, le conflit harmonique des Solides & des Fluides, le développement des Germes, la formation & l'accroiffement de tout ce qui vit & végete, l'éternel renouvellement de la Nature vifible: myfteres in

:

concevables, auxquels les génies les plus profonds & les plus pénétrans ne comprenent rien?

II°. Il eft certain que la Lune, en fe mouvant autour de la Terre, que les Planetes & les Cometes, en se mouvant autour du Soleil, ont chacune féparément, fur tous les points de leurs Courbes elliptiques, un Mouvement projectile, toujours en raifon inverfe de leur diftance au centre de leur mouvement; un Mouvement centripete, toujours en raifon inverse des quarrés de leur distance au même centre de leur mouvement; un Mouvement centrifuge toujours en raison inverfe des cubes de leur dif tance au même centre de leur mouvement ; comme nous l'expliquerons & le démontrerons dans la théorie des Loix de Kepler. (1273 & 1298).

Or, quelle autre Puiffance, que la puiffance infinie de l'Etre incréé & créateur, peut produire & varier à chaque inftant, felon des Loix fixes & invariables, cette immenfe fomme de mouvement, dans les Planetes & dans les Cometes? Quelle autre Intelligence, que l'intelligence infinie de l'Etre incréé & créateur, peut perfévéramment & toujours indéfectiblement connoître & déterminer la quantité précife d'accroiffement & de diminution, que doivent prendre à chaque inftant, ces Mouvemens toujours croiffans ou décroiffans felon différentes Loix, pour conduire & pour retenir chaque Globe errant, dans la route qui lui fut tracée, & dont il ne s'écarte précifément qu'autant que l'exigent les invariables Loix auxquelles il eft foumis? (1307).

Il est donc certain, il eft donc évident, que le mouvement & l'action qui animent la Nature visible, & fur la Terre & dans le Ciel, n'ont & ne peuvent avoir pour Caufe efficiente, que l'action permanante de l'Etre incréé & créateur, C. Q. F.D.

PARAGRAPHE

SECOND.

CAUSES PHYSIQUES, ET LOIX D'OU DÉPEND
L'ACTION DE LA MATIERE.

77. OBSERVATION. AVEUGLE

VEUGLE & inerte par fa nature & de fon propre fonds, la Matiere eft foumise à certaines Loix générales & invariables, d'où réfulte dans elle une Action réguliere & permanante, infiniment digne & de l'étude & de l'admiration du Philofophe.

Ces Loix générales font pour la Matiere, de vraies Caufes phyfiques: puifqu'elles y donnent lieu à l'exiftence d'une infinité d'effets différens, qui font tout auffi réels & tout auffi phyfiques en eux-mêmes, que s'ils avoient pour cause efficiente, la Matiere elle même.

Parmi les différentes Caufes phyfiques, dont il nous eft donné de faifir, d'observer l'influence & l'action :

I°. On nomme Caufe particuliere, une action ifolée. Tel eft le choc d'une boule, contre une autre boule, ou contre un corps quelconque : tel eft l'effort d'un homme qui leve un fardeau.

II°. On nomme Caufes générales, une action com mune, qui convient ou peut convenir à tous les Corps, & d'où naiffent plufieurs efpeces d'effets. Telle est l'Impulfion en général, qui occafionne une infinité d'effets de différente efpece, & qui n'eft étran gere à aucune espece de corps. Telle eft l'Attraction en général : elle affecte tous les corps, & produit une foule de phénomenes dans la Nature. Telle eft encore l'Affinité: il n'y a aucun corps qui n'ait une attraction Spéciale à l'égard de quelque efpece de corps.

III. On nomme Caufe primitive, un effet général, qu'on obferve conftamment dans la Nature, & auquel

on ne peut affigner aucune caufe d'où dépende ultérieurement fon existence.

Par exemple, la Tendance qu'ont tous les Corps les uns vers les autres, eft un effet général, auquel on he peut affigner aucune caufe ultérieure: cet effet ou cette tendance eft une cause primitive dans la Nature.

Par exemple encore, s'ily a dans la Nature, quélque Fluide moteur, destiné à mettre en jeu les corps terreftres ou céleftes par fon choc, fans qu'aucun choc & qu'aucune autre caufe ait occafionné le mouvement de ce fluide: cet effet fans caufe, ce Mouvement-principe, ce Fluide en action & destiné à tout mettre en jeu & en action, sera une cause primitive dans la Nature.

IV. On rend raifon de l'action des Caufes particulieres, par l'influence des Caufes générales & primitives. On ne rend raifon des Caufes générales & primitives, que par la Volonté libre du Créateur, qui a établi telles Loix, tel Ordre des chofes; parce que tel a été fon bon plaifir.

L'étude & le mérite de la Phyfique, confiftent donc à obferver & à découvrir felon quelles Loix s'exercent les actions réciproques des diverfes Subftances matérielles: pour remonter, par le moyen des effets connus, à certaines Caufes générales qui foient propres à donner à toute la Nature matérielle, l'Action que nous y voyons; & dont on ne puiffe rendre d'autre raifon, que la volonté libre de l'Etre créateur, lequel a voulu l'Ordre préfent des chofes, & non un Ordre différent.

V°. L'obfervation des Phénomenes nous apprend & nous démontre, que la Nature matérielle eft en prife à trois Caufes générales & primitives, favoir, à I'Impulfion, à l'Attraction, à l'Affinité, de qui elle reçoit perfévéramment tout ce qu'elle a d'action réelle; & qui font précifement ces trois Loix générales

« 이전계속 »