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LES

GEAN S

POËME EPIQUE

L

Chés

A PARIS,

E CLERC, Quai des Augustins,
SAUGRAIN,"

MOUCHET,

au Palais.

PRAULT, Quai de Gêvres.

M. DCC. XXV.

Avec Approbation,& Privilege du Roi,

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PREFACE

E fut l'année que le Duc de
Lorraine battit les Turcs à
Gran, & que le Comte de
Caprara termina cette glo-

rieufe Campagne par la prise de Neuhaufel, que je fus affés heureux de retirer des mains d'un Capitaine de Cavalerie au fervice de l'Empereur le Manuferit dont je donne ici la traduction. Cet Officier étoit des environs de Belgrade, & il m'affura qu'étant allé voir un de fes Parens qui demeuroit près des embouchures du Danube (ce. même païïs qui étoit autrefois habité par les Scythes, dont parle QuinteCurce dans la vie d'Alexandre) ce Parent lui avoit donné ces Cahiers, qui étoient remplis de ratures & de tranf

pofitions. Il y a aparence que l'OM cier qui me les abandonna, n'en faifoit pas plus de cas, que la perfonne dont il les avoit reçus, puifque j'en fus quitte pour lui faire un prefent de peu de valeur.

L'antiquité & le titre du Manuscrit, dont l'écriture commençoit à s'effacer en plufieurs endroits, m'avoient d'abord infpiré de la veneration ; & fi le Hongrois avoit pûide viner l'extrême envie que j'avois de mien rendre le maître je lui en aurois donné de prix qu'il eût voulu y mettre. [~~~

J'étois endore fort jeune, j'avois paffél toutes mes Claffes, avec plus dé fuccès que d'application 30 plus laborieux par choix, qu'affervi à Pufagedes Ecosi les, qui nous font consumer fans fruit, la plus grande partie de notre jeunesse Je m'étois fait une étude particuliere, & toujours peh occupé des Sciences qui m'étoient prefcrites parames Maî tres giravois lûles Hiftoriens, & fur tout les Poëtes, avec avidité.mb som

Soit que le feu divin qui brille dansı les Ouvrages excellens qu'ils nous cont a iij

laiffés, frape agréablement tous les hommes, foit qu'étant né moi-même avec quelque talent pour la Poësie, je duffe y être plus fenfible; mon efprit avoit faifi tous les traits qui l'avoient touché, & ma memoire s'en étoit char gée fans peine. J'avouerai même, que quoique l'ambition m'eût fait prendre le parti des Armes, comme celui qui convenoit le plus à un Gentilhomme, j'avois de tems en tems quelque regret d'avoir embraffé un métier, qui m'éloignoit d'un commerce où j'avois trouvé tant de charmes.

J'étois vivement rempli de ces idées, quand je fis l'acquifition de mon Manufcrit; il avoit pour titre LES TITANS, Poëme compofe par MUSE'E Poëte Grec & traduit en Latin par OVIDE NASON. Le nom de l'Auteur, & de celui qui en avoit fait la traduction, m'imprimerent également du refpect: je regardai avec une espece d'idolatrie, l'Ouvrage d'un homme dont la reputation égaloit celle d'Homere, fi elle ne l'a point furpaffée. On prétend que fon ftyle étoit plus concis, & fa Poëfie plus harmo

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