SCENE I I. ZELMIRE, NOURADIN DUO. Les deux premiers vers en récitatif. ZELMIRE, après avoir bien regardé file Cadi eft forti NOURADIN... It n'eft plus ici...... NOURADIN. Zelmire... Changez de parti. Venez, tout nous réuffit: Point de grace; Oui, puniffons fon audace. Calmez ce jufte dépit : 'Ah! quittez, quittez la place J'en aurois le démenti!... On peut l'avoir averti. ZELMIRE. Il faut fonger A fe venger NOURADIN. Après un fi cruel outrage. Notre bonheur eft for A vous venger? ouvrage. NOURADIN. D'un vain fuccès c'eft vous flatter. Je n'ai pas deffein d'éclater. Craignez la noirceur du Cadi. Non, non, non; j'ai pris mon parti. ENSEMBLE. ZELMIRE. NOURADIN. Venez, tout nous réuffit, Calmez ce juste dépit,&c. &c. ZELMIR E, vivement. Non, non; rien, vous dis-je, ne peut me faire changer de réfolution; tout ce que vous venez de m'apprendre, redouble encore ma haine pour lui. Le fourbe!... Il eft homme à rendre cette aventure publique... Et je ne chercherois pas à me venger!... Ah! je le connois.... je veux le prévenir.... Je vous ai parlé d'un Teinturier de cette ville qui avoit une fille d'une laideur effrayante.... Le Cadi ne m'a jamais vue ... je ne vous en dis pas davantage. NOURADIN. Le Cadi eft le plus méchant, le plus noir de tous les hommes. Je fçais qu'il n'a pas tenu à lui que vous ne foyez la victime de fon dépit jaloux; mais, ma chere Zelmire, encore une fois, pourquoi vouloir vous venger? Vous savez qu'il est la dupe de sa malignitė: faut-il vous répéter encore que je ne fuis point au-dessous du mari auquel il a cru vous engager: ce que je vous ai dit de ma naissance.... de mon nom.... les preuves que vous en avez.... ZELMIRE. Air: De l'Amour tout fubit les loix : ou, Je n'en fais pas un vain myftere, &c. Ah! votre amour, cher Nouradin, Eft tout ce que mon cœur veut croire: Qu'il a voulu nous faire. NOURADIN. Plus vous vous obstinez à fuivre votre projet, plus je dois croire que vous vous repen tez de m'avoir pour Epoux... ZELMIRE. Pouvez-vous le penfer?.. NOŬRADIN. Ah! parlez .... ordonnez de mon fort. Air: Noté n°. 2. Si votre flamme eft trahie, Brifez, brifez les beaux nœuds; Toujours plein de ma tendresse, 'Amant fidele & fenfible, ZELMIRE. Tout doit vous raffurer: je fuis trop heu reuse que la fòrtune me mette en état de vous prouver mes fentimens. Oui, je vous l'ai déja dit, cher Nouradin; Air: Noté n°. 3. Mon deftin eft affez doux. De combler nos vœux, NQURADIN. Quoi! ce Dieu vous enflamme! Tout promet à mon ardeur Que n'ai-je encore une ame Eft-il un deftin plus doux? ZELMIRE. Mais j'oublie, en vous parlant, qu'il faut craindre que le Cadi ne nous voye ensemble.. Eloignez-vous un moment ... perfonne ne vous connoît dans cette maifon qu'un feul Efclave; tâchez de le mettre dans vos inté rêts: engagez-le à dire à Fatime que fon mari la trompe.... Elle l'aime.... Elle eft jalouse.... Allez, je me charge du refte.... NOURADIN. Je vous laiffe feule à regret.... ZELMIRE. Je vous rejoins dans un moment. [Nouradin fort.] |