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me Innocent VIII. avoit aboli toutes ces per- AN. 1485. miffions accordées par fon précéceffeur; Fer

dinand s'adressa au nouveau pape pour lui en Raynald ad demander la continuation. Innocent la lui con- hunc ann.

Anton. Ne

briff. decad.

tinua par une bulle datée du vingt-fixieme 1485.
d'Août de cette année, & lui écrivit ensuite de
même qu'à Isabelle, le trentieme de Janvier 2.1. 1.
fuivant. Cette permiffion détermina ce prince
à rentrer dans le royaume de Grenade avec une
armée plus nombreuse qu'il n'avoit eue juf-
qu'alors; & l'ayant partagée en plufieurs corps,
il attaqua en même-tems, & emporta avec une
diligence incroyable plufieurs châteaux qui em-
pêchoient l'approche de la ville de Ronda. Les
Maures croyoient cette place imprenable, &
fa prife jetta une fi grande terreur dans toutes
les villes voisines, qu'il fuffifoit de les fommer,
pour les obliger à fe foumettre. Par-là Ferdi-
nand fe rendit maître de dix-neuf villes des
montagnes d'Arraval; des dix-fept de celles de
Gaufin, des douze de Villa-Longua, de Mara-
velle, de Mont-Major, de Cortas, & de douze
places des environs. Pendant qu'il combattoit
ainfi en apparence pour le jeune roi de Grenade,
fon véritable but étoit de s'emparer pour lui-
même de ce royaume. Pour mieux réuffir, il
n'oublia rien de tout ce qui pouvoit entretenir
la méfintelligence entre l'oncle & le neveu ; il
augmenta les défiances de celui-ci, & pour lui
ôter à fon égard tout fujet de foupçon, il re-
doubla les careffes qu'il lui avoit faites jufqu'a-
lors, & le combla de nouveaux préfens. Par ces
bons traitemens, il lui fut aifé de faire entrer
le jeune roi dans tous fes deffeins, Ferdinand
lui ayant fourni des troupes, il les conduifit lui-
même contre fon oncle, qui trop foible pour
réfister à tant de forces, fe vit en peu de tems
hors d'état de s'oppofer aux progrès du roi
d'Arragon.

XVIII.

découverte

cidentales.

ibid. l. 25.

6.270

La découverte des Indes Occidentales que AN. 1485. l'on commença cette année, augmenta encore la puiffance de ce prince. On doit cette découCommence- verte aux foins de Chriftophle Colomb. Il étoit ment de la né à Aigurier, petit bourg proche Genes. Après des Indes Oc- avoir affez bien étudié la cofmographie & l'aftronomie, il s'appliqua à la navigation, & pafla Mariana, d'abord en Portugal avec Doria, que la republique de Genes envoyoit au roi dom Juan en Marmel. 1. 9. qualité d'ambaffadeur. Il fe maria à Lisbonne avec Philippe Mogmez, fille du fameux Periftiello, qui avoit découvert les ifles de Madere & de Porto-Sancto. Les fréquentes converfations qu'il eut avec fa belle-mere, jointes aux obfervations qu'il avoit faites, lui firent concevoir le deffein de découvrir les Indes Occidentales. Mais comme il ne pouvoit foutenir Jui feul une fi grande entreprife, il en fit la propofition au roi de Portugal, auquel il demanda de fi grands avantages, que ce prince eflaya d'en faire la découverte par un autre, fur les inf tructions de Colomb. Il fit partir fecretement une caravelle, feignant d'envoyer des vivres & du fecours aux ifles du Cap Vert. Celui qui la commandoit n'entendant ni l'astronomie, ni la navigation, ne put fuivre la route que Colomb avoit marquée, & à fon retour perfuada à dom Juan que tout ce que lui avoit dit ce Génois étoit chimérique.

XIX.

Colomb n'ayant pas été écouté favorablement Chriftophle du roi de Portugal, passa en Caftille avec fon Colomb re- frere Jacques Colomb, & envoya en Angleterfufé par le roi re fon frere Barthelemi Colomb, pour faire la de Portugal va en Caftil- même propofition à Henri VII. qui venoit de monter fur le trône. Chriftophle étant arrivé Thomas Fa à Cordoue, où Ferdinand étoit alors, exposa zel, hift.Sicil. fon deffein à Louis de Saint-Ange, homme de qualité d'Arragon, qui le préfenta au roi; &

le.

ce prince donna la commiffion au prieur de Prado, depuis archevêque de Grenade, d'examiner AN. 1485. le projet de cette découverte. Mais ceux que Juftiniani Ferdinand employa pour cet examen, n'étant & Soprani pas affez habiles, n'y purent rien comprendre, fritt. della Ligur. & renvoyerent Colomb, qui rebuté de tous ces obftacles, voulut paffer en France, & de-là en Angleterre, pour avoir des nouvelles de fon frere. Mais le prieur Jean Perez, à qui il communiqua fon deffein, le pria de différer jusqu'à ce qu'il eût parlé à la reine Isabelle. Il alla trouver cette princeffe à Loxa; & Colomb qui ne fut pas plus heureux cette feconde fois que la premiere, étoit fur le point de fe retirer & de partir pour la France, lorfque Saint-Ange offrit à la reine de faire les avances pour la premiere navigation. Ifabelle l'accepta, & l'on courut après Colomb pour le conduire à Loxa. Là dom Juan de Colonia fecrétaire d'état lui expédia des lettres patentes, par lefquelles il étoit déclaré Amiral de l'Océan, & viceroi de Terre-ferme, & des ifles qu'il découvriroit, avec plein pouvoir de mettre & d'ôter les gouverneurs & les juges à fa volonté.

XX.

Quoique toute cette négociation ait commencé dans cette année, il se passa beaucoup ! met à la de tems jufqu'à l'exécution, puifqu'il paroît voile pour alque Colomb ne partit que dans le mois d'Août couverte de 1492, & qu'il ne découvrit la Floride que dans l'Amérique. le mois d'Octobre de la même année. Mais je Ferd.Colomb. penfe qu'il s'agiffoit alors d'un fecond départ au hift. de l'anom de Ferdinand, qui étoit ravi que Colomb mir. Chrift. eût fi bien réuffi dans fon premier voyage, & qui vouloit que les premieres découvertes qu'il fe- los illuftres roit dans la fuite fuffent en fon nom, & qu'il Varones de en eût le profit. Il paroît donc que Colomb Nuevo mun après avoir reçu ces premieres expéditions dans cette année, fit équiper trois caravelles avec

Colomb.

do.

Pizarro de

lesquelles il mit à la voile. Il prit la route des AN. 1485. Canaries, où il s'arrêta quelques jours ; & après Foglieta in avoir effuyé plufieurs périls, & avoir eu à foufelog. frir le murmure de fes gens, qui le menaço ent de fe révolter, parce qu'ils croyoient fes entreprifes impoffibles; il découvrit à la fin les ifles de Lucaïes, dont on prit poffeffion au nom du roi d'Arragon & de Caftille. Il nomma la principale l'ifle de Saint-Sauveur ; il en gagna les habitans, en leur donnant des colliers de verre, qu'ils eftimerent plus que des diamans. Colomb découvrit enfuite d'autres ifles, auxquelles il donna différens noms, de la Conception, de Fernandine, de la Soamete, & d'Ifabelle. Il remit enfuite à la voile, & alla mouiller à l'ifle de Cuba, où il fit radouber fes vaifleaux. Après s'être rembarqué avec douze Indiens, qu'il fit monter fur fon bord, il arriva à l'ifle de Bocchia, qu'il appella l'Espagnole, & y fut vifité par le roi de cette ifle, qui entra dans fon navire, & dîna avec lui. Un de fes vaiffeaux ayant échoué fur un banc de fable; il fut fecouru par ce prince, & avec ce fecours il trouva le moyen de fauver tout ce qui étoit deffus. Des débris de la caravelle échouée, il fit faire une tour, & y ayant laiffé quelques Espagnols, du confentement du roi du pays, il partit pour l'Espagne. Mais tout ce qu'on vient de rapporn'arriva que dans les années fuivantes. Pendant que le roi d'Arragon s'occupoit ainfi Inquiétudes à faire des conquêtes dans le nouveau monde, du roi d'An- le comte de Richemond qui étoit toujours en gleterre fur Bretagne , penfoit à fe rendre maître du trône du comte de d'Angleterre, dont il regardoit Richard comRichemont. me l'ufurpateur. Celui-ci qui entretenoit parPolyd. Virg. tout un grand nombre d'efpions, fut exactehift. Anglic. ment averti de la confpiration qui fe tramoit dans fon royaume. Il fçut le nombre & les noms

XXI.

les démarches

1.23.

ter,

AN. 1485.

XXII.

Lecomte de

des conjurés, les provinces d'où ils devaient tirer du fecours, leurs reffources, leurs forces. Il apprit même que le comte de Richemont étoit en liberté, & qu'il devoit faire une descente en Angleterre avec des forces qu'on lui fit plus confidérables qu'elles n'étoient en effet. Il profita en habile homme des avis qui lui avoient été donnés : il prévint les conjurés, les déconcerta par fa diligence, & les obligea de s'enfuir d'Angleterre & d'abandonner leur deffein. Le duc de Buckingham fut arrêté & eut la tête tranchée, fans avoir voulu rien révéler. Plufieurs autres furent pris en différens endroits & traités de même. Jean Morton évêque d'Ely fe fauva en Flandre avec quelques partifans zèlés de la maifon de Lancaftre. Le plus grand nombre fe retira en France, & le comte de Richemont lui-même voyant après fa defcente Richemont fe rembarque qu'il couroit rifque d'être arrêté & de perdre & relâche à la vie, s'il s'arrêtoit plus long-tems, fe rembar- Dieppe qua dans le deflein de s'en retourner en Bre- Harpsfeld. tagne; mais une furieuse tempête l'obligea de hiftor. ecclef. relâcher à Dieppe. Anglic. Ser. Auffitôt il dépêcha un de ses principaux of- 15.0.7. ficiers à la cour de France vers le roi & la comteffe de Beaujeu, pour leur demander permiffion de paffer par la France, & de fe retirer en Bretagne. L'envoyé du comte fut très-bien reçu: il obtint ce qu'il demandoit ; & on lui fit entendre que s'il se fût adreffé au roi, il en eût reçu des fecours plus confidérables que du duc de Bretagne. Il partit donc pour la Bretague, & y alla rendre compte au duc du mauvais fuccès de fon voyage : le duc le confola & lui fit efpérer de nouveaux fecours. Mais les fentimens de Landais étoient alors bien différens de ceux du duc. Regardant le parti du comte comme entierement ruiné, il résolut

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