enfans qui feroient au-deffous de douze ans. On ne sçait point si cette condition fut exigée & obfervée; mais Léon, foit par politique, pour plaire au Pape & à l'Empereur, foit autrement, donna toute la protection qui lui fut. poffible, à la Religion Catholique; & les Patriarches de fon tems, qui étoient Orthodoxes, en profiterent, pour entretenir une parfaite intelligence avec Rome. Grégoire Ughaiafer, dont nous avons parlé, envoya en 1080. des Ambaffadeurs au Pape Grégoire VII. dont il reçut des régles pour gouverner l'Eglife Arménienne dans la Foi Orthodoxe. Bafile,fon parent & fon fucceffeur, les fuivit fidélement. Grégoire III. fils d'une fœur de Grégoire II. & fucceffeur de Bafile, envoya deux fois des Ambaffadeurs à Rome: la premiere fois à Innocent II. & la feconde à Eugène III. Nierces IV.furnommé Glajenfis, frere de Grégoire III. lui fuccéda. Ce fut un Patriarche animé d'un zéle auffi pur qu'ardent pour défendre la Foi de JefusChrift, & la faire embraffer, s'il l'eût pu, à toute l'Arménie. II avoit un talent rare pour la poësie, qu'il n'employa que pour des fujets de piété. Il compofa plufieurs beaux Livres, & un entr'autres qui eft ici très-commun & trèseftimé. Il a pour titre, Jefus Filius. Il écrivit de fçavantes Lettres à l'Empereur Manuel, fur la Trinité & l'Incarnation du Verbe. Cet Empereur lui envoya Théorien, Théologien Grec, pour conférer avec lui. Leur conférence eft rapportée dans la Bibliothéque des Peres. Ce fut après cette conférence, que ce Théologien s'écria: Je fuis Ro main, & je combattrai toute ma vie avec les Romains contre les Arméniens fchifmatiques. La Nation Arménienne le met au nombre des Saints. Il ne fut que fept ans fur le Siége Patriarchal, Après la mort de ce Patriarche, le Siége fut tranfporté à Sis, Ville de la petite Arménie, l'an 1171. & y demeura 270. ans jufqu'au tems du Moine Cyriaque, dont fuite. nous parlerons dans la nous les On croit devoir attribuer cet te tranflation du Siége Patriarchal au trop grand empire que Grecs vouloient exercer fur les Patriarches. Ce fut, à ce qu'on croit, Grégoire IV. neveu du faint Patriarche dont nous venons de parler, qui fit cette tranflation. Il convoqua enfuite un Concile à Tarfe, Ville de Cilicie, l'an 1177. Nierces de Lampron,Evêque de Tarfe, que les Arméniens appellent le Chryfoftome de l'Arménie, & dont ils célébrent la Fête le 7. Juillet, y préfida. Il en fit l'ouverture par un difcours très éloquent & trèspathétique, dans lequel il expofa vivement les malheurs que le fchifme avoit caufé à fa Nation, & toutes les tentatives qui avoient été faites en différens tems pour le détruire. Il finit fa Harangue par des paroles fi touchantes & fi perfuafives, que tous les Prélats, & autres convoqués au Concile, fe fentirent auffi animés pour la bonne caufe, que le Prélat l'étoit lui-même. On devoit, ce femble, beaucoup efpérer de fi belles difpofitions; mais la mort de l'Empereur Manuel interrompit ce Concile, & en empêcha la conclufion. L'Hiftoire Arménienne fait mention en ce tems, c'est-à-dire en 1221. d'une irruption des Tartares en Arménie. Ils s'emparerent de la Géorgie & de la grande Arménie. Ils détruifirent la Ville de Dam , dans laquelle on comptoit mille Eglifes, & cent mille familles. Si le fchifme n'avoit pas fufcité & entretenu une continuelle divifion entre les Catholiques & ceux qui ne l'étoient pas, les Arméniens auroient toujours été les plus forts contre leurs ennemis; d'autant plus que leurs Rois & leurs Patriarches étoient en ces tems, Catholiques. Les fucceffeurs de Grégoire IV. qui convoqua le Concile de Tarfe, furent Grégoire V. & Grégoire VI. Ce dernier écrivit au Pape Innocent III. fucceffeur de Céleftin III. des Lettres pleines de foumif |