devenu odieux aux Arméniens, & étant mort à Echmiadzin, où il s'étoit refugié, le Roi donna le Patriarchat à Moyfe. Moyfe étoit orthodoxe ; il employa les trois années de fon Patriarchat à rétablir l'Eglife Patriarchale, & le Palais du Patriarche, & mourut l'an 1632. après avoir donné pendant fa vie, & à fa mort, des mar ques d'une édifiante piété.

Philippe, très-zélé Catholique, lui fuccéda. Il fe rendit fi agréable au Roi, qu'il en obtint la permiffion de rapporter à Echmiadzin la fainte relique de faint Grégoire, qui avoit été transférée à Ifpaham par ordre du Roi, & qui y avoit été confervée pendant l'efpace d'environ 30. ans.. Il fit réparer l'Eglife des faintes Ripline & Caïene. Enfuite il alla par dévotion à Jérufalem, où, s'étant trouvé avec le Patriarche

de Sis, nommé Niers, ils firent entre eux une alliance très-étroite; puis étant revenu à Echmiadzin, il y mourut l'an 1655.

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Jacob III. auffi fervent Catho·lique que fon prédéceffeur, tint après lui le Patriarchat; il entreprit le voyage de Rome, pour moigner fa parfaite obéissance au S. Siége; mais étant arrivé à Rome, il y mourut, après y avoir laiffé fa profeffion de Foi.

Eleazar Glaiotfe, pareillement Catholique, favorifa les Mif fionnaires & leurs Miffions: les Miffions reçurent un grand accroiffement fous fon Pontificat, qui commença en 1680.

Nahabiet fon fucceffeur, parut avoir les meilleures intentions du monde pour maintenir la Foi Catholique, & l'union avec le S. Siége; mais fa mauvaise politique, qui lui faifoit craindre de dé

plaire au Roi de Perfe & aux Schifmatiques, le retint dans l'inexécution de la bonne volonté qu'il avoit témoignée, & mourut en 1706.

Alexandre, Evêque d'Ifpaham, lui fuccéda: il fit une guerre fecrette aux Catholiques, cachant fous la peau d'une brebis, toute la malignité d'un loup furieux.

Afvadour qui eft aujourd'hui fur le Siége Patriarchal, eft un Prélat pacifique, qui laiffe vivre les Catholiques en liberté. Il eft le cent-vingtiéme Patriarche. Au refte, dans ce nombre de Patriarches qui ont gouverné l'Eglife Arménienne, il eft aifé de remarquer que le Sauveur des hommes l'a toujours chérie, malgré la réfiftance d'un grand nombre d'Arméniens aux lumieres de l'Evangile, dont la Providence avoit voulu les éclairer : car il leur a en

voyé de tems en tems de très-zélés Patriarches Catholiques, qui ont fait tous leurs efforts pour ramener à Jefus Chrift ceux de leurs ouailles que le Schifme en avoit féparé. Leurs travaux, par la grace de Dieu, n'ont pas été fans fruit; & à ce fujet, je rapporterai pour finir ce Chapitre, un mémorable événement, que l'Hiftoire Eccléfiaftique d'Arménie place en 1330. & qui eft encore un fujet de bénir Dieu, de tout ce qu'il continue d'opérer pour le falut de cette Nation, qui lui eft

chère.

Un faint Religieux de l'Ordre de S. Dominique, nommé Barthelemy, natif de Boulogne en Italie, ayant été facré Evêque, & envoyé en Perfe par le Pape Jean XXII. établit fa réfidence en la ville de Maraga, à deux journées de la ville de Tauris

& y bâtit quelques pauvres cellules. La réputation de fa fainteté & de fa science, le firent bien-tôt regarder comme un homme extraordinaire. Toutes les merveilles qu'on en publioit, vinrent à la connoiffance d'un Abbé, nommé Ifaïe, qui faifoit fa demeure près d'Erivan. Cet Abbé paffoit pour le plus fçavant homme qu'il y eût parmi les Arméniens: il avoit donné le degré de Docteur à trois cens foixante & dix de fes difciples; il fit choix de celui d'entre eux qu'il eftimoit le plus capable & le plus propre à être envoyé auprès de cet Evêque Latin, pour conférer avec lui, & connoître au vrai fi le Prélat mé ritoit tous les éloges qu'on en faifoit.

Ce jeune Docteur député par fon maître, s'appelloit Jean de Kerna, distingué non-seulement