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Au refte, les Arméniens ont comme les Chaldéens & les Egyptiens, leurs antiquités fabuleufes; mais ils ne les font point remonter au-delà du déluge, ainsi qu'ont fait ces deux Peuples; ils ont même confervé mieux qu'eux la tradition de ce rigoureux châtiment de la corruption générale des hommes.

Un de leurs Hiftoriens, nom mé Moyfe de Choren, & qui a écrit, dit-on, dans le quatriéme fiécle, raconte qu'Arfaces, qui fonda le Royaume des Parthes, ayant donné l'Arménie à Valarfaces fon frere, ce Prince voulut s'inftruire de ce qui concernoit fon nouveau Royaume, & envoya un nommé Mariba consul ter les Archives de Ninive. Ma riba y fit l'heureuse découverte d'un vieux livre avec cette infcription : Ce volume traduit dn

Chaldéen en Grec par l'ordre d'Alexandre, contient l'hiftoire origi nale des premiers hommes, Sictuvan, Titan, Apétuftes, & la fuite de leurs defcendans pendant plufieurs années.

Or felon cette ancienne hiftoire, Haik fut le premier Roi d'Arménie ; il étoit fils de Targon, petit-fils de Thiras, arriere petit-fils de Gomer né de Japhet. Il vainquit & tua Belus, qui prétendoit le foumettre à fon Empire, & c'eft de lui que la Nation a été nommée Haikane.

Les Hiftoriens Arméniens ajoû tent qu'ils ont eu cinquante-trois Rois de la postérité de Haik, & que le dernier, nommé Vahé, fut défait & tué dans un combat contre Alexandre; ils comptent enfuite vingt-fept Rois de la race des Arfacides, à commencer par Valarfaces.

Ce qui paroît certain, c'eft que l'Arménie ne fut point fujette aux Rois d'Affyrie, puifque les deux fils de Sennacherib s'y refugierent après l'exécrable parricide, qu'ils commirent en la perfonne de leur pere & de leur Roi. Cette longue fuite de Rois eft contredite par des Hiftoriens très-croyables; & l'on ne peut pas douter que l'Arménie n'ait été une Province de l'Empire des Médes & des Perfes, gouvernée par un Satrape: car Strabon, pour prouver qu'elle eft très-propre à élever des chevaux, dit que le Satrape étoit obligé d'envoyer tous les ans vingt mille jeunes chevaux au Roi de Perfe; & Xénophon raconte que les dix mille Grecs, qui firent cette fameuse retraite après la défaite du jeune Cyrus, prirent leur route au-deffus des fources de l'Euphrate, pour éviter d'être

arrêtés par les Perfes au paffage des rivieres. Arrien faifant le dénombrement des troupes de Darius à la bataille d'Arbéle, y nomme les Arméniens, & leur donne deux Chefs, Orontes & Mithrauf

tes.

On ne croit pas non plus qu'A lexandre foit entré en Arménie; puifque de la Méfopotamie traverfant l'Euphrate, il passa en Affyrie, & combattit Darius proche d'Arbéle, au-deffous du mont Taurus; & fi Quinte-Curce fait voir ce Conquérant fur les bords de l'Araxe, ce n'eft point l'Araxe qui coule dans l'Arménie : il donne ce nom à deux autres rivieres; l'une qui eft dans le Perfide,& qui tombe dans le Golfe Perfique, l'autre, qui arrofe l'Hyrcanie.

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L'Arménie néanmoins fubit le fort commun de l'Orient; car Alexandre la met au nombre de

Les autres conquêtes, dans la belle harangue que Quinte-Curce, au livre 6. de fon Hiftoire, lui fait faire à fon Armée, pour l'animer à fuivre le cours de ses victoires. Peut-être que la crainte feule de ses armes la lui affujettit, ou qu'il y envoya un de fes Généraux. Juftin compte aussi l'Arménie entre les Gouvernemens, qui après la mort d'Alexandre, furent ou diftribués, ou laiffés aux principaux Chefs de fon armée, & il dit qu'elle échut à Frataphernes.

Frataphernes avoit commandé les Parthes, les Hyrcaniens, & les Tapiriens à la bataille d'Arbéle, & il ne s'étoit foumis à Alexandre, qu'après l'avoir vû s'avancer jufques dans l'Hyrcanie, ainfi que nous l'apprenons d'Arrien & de Quinte-Curce. Comme la plupart de ces Gou

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