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La volonté, & non pas la faculté : c'est ainsi qu'ils abufent de F'expreffion d'actions théandriques qu'ils ne s'accordent pas. entr'eux; & que quand il eft queftion d'expliquer leurs fentimens, ils fe contredifent mutuellement, les uns parlant le langage des Eutychiens, & les autres celui des Monophylites; tous hérétiques condamnés dans le Concile de Chalcédoine. Mais ce qui eft certain, c'eft que le fchif me n'avoit pas fait grande fortune avant le Conciliabule de Thévin. Ses plus zélés partifans n'étoient que quelques Moines & quelques Evêques, qui n'ofoient pas même prêcher publiquement leurs erreurs. Cependant ils n'en étoient pas moins affectionnés à leur parti, & ils cherchoient les moyens de l'augmenter. Ils trouverent à propos

un certain Prêtre né avec des talens tout propres à être un chef de parti. Il fe nommoit Jacques Zangales, homme adroit, fédui fant, parlant bien, populaire fe donnant des airs de modeftie & d'humilité qui cachoient une ambition fans mesure. Il eut plu fieurs conférences avec quelques Evêques & quelques Vertabiets qui penfoient comme lui. Il fie fi bien, qu'il leur perfuada de le facrer Evêque, ce qu'ils firent. Revêtu qu'il fut de cette di gnité, il commença à dogmatifer, parcourant les Villes & les villages. Il fe donnoit la répu tation d'un homme éclairé & envoyé de Dieu cette opinion conçue de lui, jointe à fon art de bien parler, le faifoit écouter volontiers du peuple; il faifoit chaque jour quelque conquête, le nombre de fes Difciples s'aug

mentoit, & devint fi fort, qu'on commença à les appeller Jacobites du nom de leur féducteur Jacques Zangales, & ce nom feur eft demeuré. Le Conciliabule de Thévin, convoqué par le Patriarche Nierfes, furnommé Achdaraghenfis, confirma les erreurs dont Jacques Zangales avoit déja infecté les peuples. Il condamna de plus le Concile de Chalcédoine, & forma enfin le fchifme, qui dura plus d'un fiécle.

Pour ne parler présentement que des Arméniens qui font fous nos yeux, nous leut devons la juftice de dire qu'ils n'entrent point dans toutes ces fortes de queftions. Ils s'en tiennent en général à ce qu'on leur a dit, qu'il n'y a qu'une nature en J. C. fans: en fçavoir davantage. Car pour ce qui eft des autres erreurs qu'on

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reproche aux Arméniens dont nous allons parler, on les doit moins imputer à la Nation, qu'à quelques-uns de fes Docteurs qui veulent fe fignaler dans leur Pays, en dogmatifant con-, tre l'Eglife Romaine & qui croient en même tems qu'il eft de leurs intérêts d'infpirer à leurs compatriotes du mépris & de l'averfion pour les Catholiques Ro

mains.

Quelques-uns de ces Docteurs Arméniens, foutiennent avec les Grecs, que le Saint-Esprit ne procéde que du Pere, & nulle ment de la feconde perfonne de la fainte Trinité. Ils ne peuvent pas cependant ignorer que les Eglifes Arméniennes chantent le jour de la Pentecôte une Profe contenue dans un de leurs Livres nommé Hiachouft, où font ces mots: Guériffez, Seigneur, le

Seigneur des vertus, & vrai Dieu, fource de lumieres & de vie, Efprit faint, procédant du Pere & du Fils. Comme une erreur conduit toujours à une autre, ils enfeignent de plus que Dieu diffère la récompenfe des Juftes, & la punition des pécheurs jufqu'après le Jugement dernier ; & cependant dans les Prieres publiques, ils demandent à Dieu qu'il place les ames des défunts dans le Royaume du Ciel avec les Saints, & ajoûtent que les Saints font dans la gloire avec les Anges. A ces erreurs groffieres, ils en ajoûtent d'autres qui ne font pas moins extravagantes; fçavoir, que Dieu créa toutes les ames dès le commencement du monde, que Jefus-Chrift defcendant aux enfers, en retira les damnés; que depuis ce tems-là il n'y a plus de Purgatoire, &

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