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que les ames féparées de leurs corps font errantes dans la région de l'air. On reproche de plus aux Arméniens, & non fans raifon, que fe faifant honneur d'être Chrétiens, ils défigurent le Chriftianifme par des pratiques Judaïques. En effet, ils obfervent le tems prefcrit par la Loi de Moyfe pour la purification des femmes. Ils s'abftiennent de tous les animaux que la Loi a déclarés immondes dont ils exceptent la chair du pourceau, fans pouvoir dire la raison de cette exception. Ils fe croiroient coupables d'un péché, s'ils avoient mangé de la chair d'un animal étouffé dans fon fang. Comme les Juifs, ils offrent à Dieu le facrifice des animaux qu'ils immolent à la porte de leurs Eglifes par le ministère de leurs Prêtres. Ils trempent le

doigt dans le fang de la victime égorgée. Ils en font une croix fur la porte de leurs maifons. Le Prêtre retient pour lui la moitié de la victime, & ceux qui l'ont préfentée en confomment les reftes. Il n'y a point de bonne famille qui ne vienne offrir fon Agneau aux Fêtes de l'Epiphanie, de la Transfiguration, de l'Exaltation de la fainte Croix & de l'Affomption de la fainte Vierge, qu'ils appellent le jour du Sacrifice général. Ils font de pareilles offrandes à Dieu pour en obtenir la guérifon de leurs maladies ou d'autres bienfaits temporels. Mais ils ne s'apperçoivent pas qu'en faifant ces facrifices, ils fe condamnent euxmêmes; car ils prononcent ces paroles contenues dans leur Ri tuel: Nous fçavons, Seigneur, que vous ne voulez plus de victimes

Ceux qui font intéreffés à les maintenir dans ces pratiques, ne manquent pas de leur citer l'exemple de l'Eglife Romaine, qui bénit des Agneaux dans les Fêtes Pafchales. Mais nous leur faifons remarquer la différence de leur pratique à la nôtre; car notre feule intention eft de bénir des viandes qui nous font données pour notre nourriture, mais non pas d'offrir à Dieu des facrifices qu'il a abolis lorfqu'il nous a donné fon Fils unique, qui s'immole continuellement pour nous.

Saint Nicon, célébre Miffionnaire dans le Levant, dont nous avons la vie traduite élégamment par le Pere Sirmond, fur un manufcrit grec, & qui a été inférée dans les Annales de Baronius, met entre les erreurs des Arméniens, l'an 960. le retranchement qu'ils ont fait de deux

endroits de l'Evangile; le premier eft du verfet 43. du 22o. Chapitre de faint Luc, où cet Evangélifte narre l'agonie & la fueur de fang de Jefus Chrift au Jardin des Olives. Ce faint Miffionnaire a cru apparemment que ce retranchement avoit été fait par quelques Docteurs fchifmatiques, qui non-feulement n'admettoient qu'une feule Nature en J. C. mais qui foutenoient que J. C. avoit été impaffible. Erreur en effet condamnée par ce verfet 43. du 22. chapitre de faint Luc.

Pierre le Foulon, Patriarche intrus d'Antioche & quelques autres Docteurs après lui, donnerent dans une héréfie contrai

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que

la divinité mê

fa

me avoit été crucifiée, & qu'elle avoit fouffert ; & ce fut pour yorifer cette opinion impie, que

cet hérésiarque fit inférer dans le Trifagion des Arméniens, c'està-dire, dans la Priere qui répéte trois fois, faint Dieu, faint fort, faint immortel, les paroles fuivantes, qui avez été crucifié pour nous, faites-nous mifericorde. Mais les Evêques Arméniens Catholiques anathématiferent cette héréfie dans les Conciles de Sis & d'Adana, profcrivirent cette addition hérétique, & ordonnerent qu'on chantât publiquement le Trifagion en cette maniere: faint Dieu, faint fort, faint immortel, Jefus Chrift qui avez été crucifié pour nous, faites-nous miféricorde. Dans cette Priere Catholique, on reconnoît la divinité & fon humanité; on diftingue deux natures en fa perfonne, l'une immortelle & exempte de douleur, l'autre fouffrante & mortelle.

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