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1'Evangile, que faint Nicon reproche aux Arméniens, eft l'hif toire de la femme adultère, en faint Jean chapitre 8. Mais comme cette hiftoire ne fe trouve point dans quelques anciens manufcrits grecs, ni dans les exemplaires à l'ufage de l'Eglife d'Antioche, la traduction Arménienne qui aura été faite apparemment fur ces exemplaires, ne doit point être refponfable de cette omiffion, d'autant plus que cette histoire n'a aucun rapport à leurs fentimens particuliers, & ne les doit point par conféquent intéreffer.

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A ces erreurs que l'on impute aux Arméniens il faut ajoûter leurs abus dans l'adminiftration des Sacremens, dont nous avons parlé dans le Chapitre précédent, & qu'il feroit inutile de répéter; mais nous ne devons pas

omettre ce qui nous donne une confolante espérance de leur réunion à l'Eglife Romaine. On fçait que le fchifme les en fépare depuis bien des années ; mais malgré leur féparation, ils confervent un refpect & une vénération pour la fainte Eglife Romaine & pour fon chef, qui peut faire honte à des Catholiques. Ils l'appellent le fucceffeur de faint-Pierre, à qui Dieu a confié fon troupeau. Ils avouent fans peine que le Siége de Rome eft le plus ancien & le premier Siége du monde Chrétien qu'il eft la lumiere qui chaffe les ténébres. Ces fentimens, & plufieurs autres, que la bonté divine conserve dans leurs cœurs, eft comme un germe qui produit de tems en tems de bons fruits, mais qui ne viennent pas tous en maturité. Ils y viendront un jour avec

la

la grace de Dieu. C'eft pourquoi nous ne cefferons pas de cultiver cette bonne & aimable Nation portée naturellement à la piété, & à tous les exercices de la Religion les plus févères. Nous prions les personnes qui liront ces Mémoires, de nous aider du fecours de leurs prieres, afin qu'il plaife à Dieu bénir nos travaux Evangéliques, & ceux de nos fucceffeurs, que notre Compagnie ne manquera jamais de nous donner. C'eft en leur faveur que fera le dernier Chapitre, qui finira ces Mémoires.

Tome 111.

K

CHAPITRE VIIL

Maniere de traiter avec les Arméniens.

UN

N de nos plus anciens Miffionnaires qui a eu le bonheur de travailler pendant bien des années, & avec de grands fruits, en Arménie & en Perfe, nous a laiffé d'excellentes régles pour traiter avec les Arméniens. Je ne puis rendre un plus grand fervice à nos jeunes Miffionnaires, que de leur faire part de ces avis importans.

Les ouvriers appellés de Dieu, pour annoncer fon Royaume aux Arméniens, doivent commencer par gagner leur eftime & leur confiance. Pour y parvenir, ils

ne peuvent les traiter avec trop de douceur & de bonté dans les inftructions qu'ils leur feront; il faut leur faire bien entendre qu'ils ne prétendent leur enfeigner que la doctrine de l'Eglife, & celle de leurs ancêtres. Ils vous écouteront alors volontiers, & fe laifferont prendre, pour ainfi dire, par vos difcours, qui bien loin de jetter de la méfiance dans leurs efprits, attireront doucement leurs cœurs, & les difpoferont à recevoir avec docilité les vérités de la Foi que vous leur expliquerez.

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Il faut faire une grande différence des Arméniens, qui ne font, pour me fervir des termes de l'Ecole, que matériellement hérétiques, d'avec ceux qui le font formellement: la claffe des premiers eft la plus nombreuse; car c'eft celle du peuple qui ne

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