heures du jour & de la nuit; les mois & les années, & tout cela dans fon ordre fucceffif & naturel.

On entretenoit le mouvement continuel de ces machines par le moyen des clefs qui les montoient , comme nous montons nos Pendules.

On crut devoir confier ces ouvrages fi magnifiques & fi rares à des perfonnes capables de les bien gouverner. Le Pere Longeaux, & le Pere Potier; Jéfuites, qui devoient partir de France pour être Miffionnaires en Perfe, furent chargés des Lettres du Roi, & du foin de ces riches préfens.

Ils partirent de Paris le 15e. Octobre 1682. & après bien des dangers, & des fatigues inféparables d'un fi long voyage par mer & par terre, par terre, ils arriverent

à Hifpaham, capitale du Royaume de Perfe, au mois d'Octobre, précisément au même jour qu'ils étoient partis de Paris l'année précédente. A leur arrivée, ils allerent rendre leurs refpecs à l'Evêque de Babylone, & lui rendre compte de leurs ordres. Ils en furent reçus avec autant de joie, que le Prélat avoit de bonté & d'affection pour notre Compagnie. Les deux Peres Miffionnaires après quelques jours de repos, mirent les préfens en état d'être offerts à Sa Majefté. L'Evêque de Babylone demanda audience du Sophy, pour les lui présenter avec les Lettres du Roi son maître. Le Sophy voulant dans cette occafion faire connoître à fes Sujets la diftinction que méritoit l'Ambaffadeur du Roi de France, lui donna une audience ma

gnifique, où tout ce qu'il y avoit de Seigneurs les plus qualifiés de la Perfe affifterent, étant fuperbement vêtus. Le Roi, avec un vifage affable & gracieux, reçut des mains du Prélat la Lettre du Roi fon maître & fit en la recevant, un éloge du Roi de France, qui marquoit la haute idée qu'il s'étoit faite de ce grand Monarque. Le Prélat lui préfenta enfuite les deux Peres Miffionnaires, & les préfens dont ils étoient porteurs. Le Sophy en fut d'abord charmé; il fe les fit approcher, pour les confidérer de plus près, & examiner les différens mouvemens que les refforts donnoient à ces machines, qui lui représentoient dans un petit objet toute la face du Ciel. Il faifoit remarquer à tous les Seigneurs qui l'environnoient, la délicateffe & la nouveauté

de ces ouvrages inconnus jufqu'à préfent à tous les Perfans. Il mêloit dans fes difcours des loüanges du Roi, qui avoit des Sujets capables d'inventer & d'exécuter de fi grands prodiges de l'Art. Enfin Sa Majefté ajoûta plufieurs chofes obligeantes pour l'Evêque de Babylone, & elle l'affûra de la joie qu'elle avoit de le voir à fa Cour. Le Prélat crut alors devoir profiter d'une audience fi favorable pour préfenter au Roi fa fupplique. Elle contenoit plusieurs articles, qui étoient autant de graces qu'il demandoit à Sa Majefté: entr'autres il la prioit de la part du Roi de France, d'avoir la bonté d'accorder aux deux Peres Miffionnaires la permiffion de s'établir à Erivan, & d'y faire leurs fonctions conformément à leur ufage. Dans un autre article de

fa Requête, il fupplioit très-humblement Sa Majefté Perfienne de donner fa protection à fes fidéles Sujets de la Province de Nafchiran, qui fouffroient une continuelle oppreffion contre fes intentions Royales. Le Roi fe fit lire & interpréter la fupplique de l'Ambassadeur. Il l'affura de l'égard qu'il y auroit, & accorda, fur le champ & trèsvolontiers, aux deux Peres Miffionnaires leur établiffement à Erivan. L'Evêque de Babylone & les deux Peres firent au Sophy leurs refpectueufes actions de graces & fe retirerent. Quelque tems après, les deux Peres Miffionnaires ayant pris congé du Roi, partirent d'Hifpaham pour aller à Erivan, & ils y arriverent le 18. Juillet de la même année. Ils allerent d'abord au Palais du Kan, & lui préfen