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terent leurs Lettres Patentes, par lefquelles le Roi lui ordonnoit d'établir les deux Peres dans la ville d'Erivan, & de leur laiffer faire avec liberté leurs inftructions aux Chrétiens fes Sujets. Le Kan les reçut très-favorablement: Choififfez, leur dit-il, le terrein qui vous conviendra, & je ferai défense à qui que ce foit de vous molefter.

Ces commencemens alloient trop bien pour n'être point troublés par une des contradictions qu'ils avoient prévûe. Le Patriarche d'Echmiadzin fut bien-tôt inftruit de l'établissement que les deux Peres s'étoient procuré à Erivan. Les Vertabiets fchifmatiques qui étoient auprès de fa perfonne, n'omirent rien pour l'animer contre les deux Missionnaires. Ils ont méprisé votre Thrône, lui repréfentoient-ils, ils veulent

habiter

habiter près de vous, fans votre permiffion, ils vont y enfeigner une doctrine oppofée à celle de votre Monaftère, & vous enlever vos Sujets. Il n'en fallut pas davantage pour irriter le Patriarche. Jaloux de fon autorité, & animé de l'efprit de fchifme, il envoya fur le champ faire défense expresse aux deux Miffionnaires de paffer outre fous peine d'excommunication & défendit pareillement fous la même peine aux Arméniens, de s'adreffer à eux, & de favorifer leur entreprise. Cette fignification ayant été faite aux deux Peres ils demanderent confeil aux Arméniens Catholiques de ce qu'ils avoient à faire pour adoucir l'efprit du Patriarche. Leur avis fut qu'ils allaffent lui rendre une vifite de

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civilité qui pourroit le gagner, & détruire par leur préfence, les Tome III.

préventions qu'on lui avoit données contr'eux ; ils fuivirent ce. confeil, ils allerent au Monastère; mais le Patriarche ne voulut pas les voir. Le Kan en ayant été informé, appella les deux Miffionnaires, & leur dit que fa feule protection leur fuffiroit, pour les mettre en poffeffion de leur établiffement, conformément aux ordres qu'il en avoit du Roi fon maître; mais un trif te & fubit événement penfa détruire leurs projets dans leur naiffance, ce fut la mort du Pere Longeaux.

Ce Pere tomba tout-à-coup dans des convulfions effroyables, accompagnées d'une foif continuelle, & d'une faim dévorante. Le malade fe fentant frappé à mort, demanda les derniers Sacremens de l'Eglife; il les reçut & mourut incontinent après, âgé

feulement de trente-huit ans. Ceux qui l'affifterent dans les derniers jours de fa vie, jugerent que fa mort n'étoit pas naturelle, & on en vit des marques après fon décès: quoi qu'il en foit, la nouvelle Miffion perdit celui qui en avoit jetté les premiers fondemens.

Le Patriarche, toujours irrité témoigna fa mauvaise volonté même après la mort du Miffionnaire; car il défendit à tous les Prêtres Arméniens de donner la fépulture à fon corps, qui demeura trois jours fans être inhumé; & il fallut employer l'autorité du Kan, pour faire rendre au défunt les der niers honneurs.

Nous devons, à la mémoire de ce digne Miffionnaire, dire de lui qu'il joignoit un excellent efprit à une très-rare vertu, & une douceur une bonté, une

rien

charité pour tout le monde, å une auftère févérité pour lui-même les inftrumens teints de fon fang qu'on trouva après fa mort, en furent des preuves bien fenfibles. Son courage fut toujours au-deffus de toutes les contradic tions qu'il eut à foutenir n'étant capable de le rebuter, quand il s'agiffoit de la gloire de Dieu; dangers, perfécutions, menaces, travaux, fatigues, voyages, maladies: il étoit fur-tout très-propre pour aller annoncer notre Foi aux perfonnes d'une condition diftinguée; mais il difoit qu'on gagnoit beaucoup plus à l'annoncer aux petits qu'aux grands. Dieu voulut récompenfer fon ferviteur, après avoir travaillé la premiere heure dans fa vigne. Le Pere Roux, qui étoit Supérieur de la Miffion d'Hifpar kam, apprit avec une très-fenfi

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