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ble affliction la mort du Pere Longeaux, & comprit la perte que faifoit la Miffion naiffante ; c'eft ce qui lui fit prendre la réfolution de venir à fon fecours, pour continuer ce qui y avoit été commencé. Il partit d'Hifpa ham le 29 Novembre 1684. & arriva à Erivan le 16. Janvier 1685.

A fon arrivée, il alla rendre fes devoirs au Kan, & lui demander la continuation de fa protec tion. Le Kan le reçut favora→ blement, lui fit l'éloge du feu Pere Longeaux; il vifita enfuite les principaux Arméniens: fa mo deftie & fon humilité lui gagnerent en peu de tems l'affection de la Nation; mais il s'agiffoit particulierement de fe concifier l'efprit du Patriarche. Il fe fervit d'un Arménien, ami de ce Prélat, pour fçavoir de lui s'il

auroit pour agréable qu'il vint lui rendre fes refpects à Echmiadzin. Le Patriarche qui entendoit dire tous les jours beaucoup de bien du Pere Roux, dit à l'Arménien fon ami, que le Pere Miffionnaire pourroit venir.

Le Pere Roux ne perdit point de tems, & fe rendit incontinent au Monaftère. Le Patriarche le fit entrer le Pere fe préfenta à lui d'un air fi plein de douceur, de modeftie, de politesse & de respect, que le Patriarche fut d'abord prévenu en fa faveur. Il le fut bien davantage, lorfque le Pere lui eut expliqué les motifs de fon voyage, & de l'établiffement qu'il défiroit faire à Erivan, pour lequel il venoit lui demander très-hum-blement fon agrément. Le Patriarche commençant à revenir de fes premieres impreffions, bien

loin de s'opposer à la demande du Pere, lui fit un bon accueil. Il l'entretint affez long-tems, & l'invita à venir fouvent au Monaftère, l'affûrant qu'il le verroit volontiers. Il lui accorda fans difficulté la permiffion de dire la fainte Meffe, de prêcher, & de faire les autres fonctions dans les Eglifes Arméniennes ; il lui offrit même fes fervices dans les occafions où il pourroit en avoir befoin. Le Pere Roux fe retira bien content de fa premiere audience : quelques jours après, il revint au Monaftère. Le Patriarche lui témoigna beaucoup de joie de le voir. Ille retint même pour paffer quelque tems auprès de lui ; il prenoit un fingulier plaifir à l'entretenir, foit en particulier, foit en préfence de fes Vertabiets & de fes Evêques

Le Pere de fon côté fe conduifoit fi bien qu'ayant gagné la confiance du Patriarche, il parvint à le détromper abfolu ment fur tout ce que les fchifmatiques lui avoient dit contre les Miffionnaires. Dans une des vifites que le Pere rendit au Patriarche, le Prélat lui mit entre les mains une Lettre qu'il écrivoit au R. Pere Général, dans laquelle il lui témoignoit la fatisfaction qu'il avoit du Pere Roux, & prioit fa paternité de lui envoyer de nouveaux Missionnaires, qui feroient très-utiles à la Nation Arménienne, voulant au furplus en avoir quelqu'un auprès de lui pour fon confeil, & pour faire des inftructions dans fon Monaftère.

Cette Lettre arriva très-à-propos à Rome. Elle procura des Ouvriers à l'Arménie, & à la

Perfe, qui réparerent les pertes paffées, & celles qu'on étoit encore prêt d'y faire; car le Pere Roux, ufé des fatigues continuelles de fa vie laborieufe, tomba dangereufement malade. Sa maladie caufa au Patriarche une douleur qu'on ne peut exprimer. Il l'envoya vifiter plufieurs fois chaque jour par quelqu'un de fes Evêques, & lui donnoit libéralement tous les fecours dont il avoit befoin. L'heure de rece voir dans le Ciel la couronne de fes travaux Evangéliques, étoit venue. Il finit faintement fa vie le 11. Septembre 1686. Le Patriarche lui fit faire des obféques ma gnifiques, & ne ceffoit point de pleurer fa perte. Il parloit continuellement des vertus qu'il avoit remarquées dans ce grand ferviteur de Dieu, qu'il appelloit fon

pere.

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