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Le Supérieur Général de nos Miffions en Perfe & en Arménie, qui fait fa réfidence ordinaire à Hifpaham, ne fut pas plus tôt averti de la mort du Pere Roux, qu'il envoya le Pere Dupuis pour lui fuccéder. Ce Pere étant arrivé à la Miffion d'Erivan, alla incontinent faluer le Patriarche. Le Patriarche le reçut parfaitement bien, & lui donna dans la fuite toute la confian ce qu'il avoit eue en fon prédé ceffeur. Le Pere Dupuis voulut plufieurs fois s'en fervir pour perfuader d'écrire au Pape, & de lui témoigner par un acte pu blic & folemnel, qu'il vouloit vivre & mourir dans l'union & Communion avec le faint Siége.. Il lui représenta que cette action fi digne de lui, & fi convenable à la place qu'il occupoit, feroit capable de détruire le fchifme qui

lui

défoloit l'Eglife Arménienne; que plufieurs Evêques & Prêtres fuivroient fon exemple, & qu'une grande partie de fa Nation étant Catholique, celle qui ne l'étoit pas, fe déclareroit plus hardiment pour l'Eglife Romaine. Le Patriarche à toutes ces inftances fe contentoit de répondre en termes généraux, que l'Eglife Arménienne n'avoit point d'autre créance que celle de l'Eglife Romaine. Il s'en tenoit à cette décifion fort équivoque: à cela près, il eft certain qu'il se conduifoit en Catholique, du moins à l'extérieur; il protégeoit hautement les Catholiques, puniffoit févérement les Evêques & les Prêtres fchifmatiques qui les moleftoient. Cette conduite du Patriarche faifoit espérer au Pere Dupuis qu'il en obtiendroit une profeffion de Foi authentique :

Dans cette efpérance, il le culti voit avec affiduité, il lui faifoit de petits préfens ; il lui offrit un jour le portrait de Louis XIV. qu'il fouhaitoit avoir. Le Patriarche le reçut avec une joie inex plicable; il le baisa plusieurs fois, & le fit placer fur une des portes des trois Eglifes qui font à Echmiadzin.

Le Pere lui ayant propofé de faire des explications de Théolo gie dans fon Monaftère, il y confentit. Il y invitoit les Evêques les Vertabiets, & les Prêtres, & y étoit toujours préfent. Il ne manquoit à fa conduite qu'une décla ration plus manifefte & plus ouverte de fa fincère & véritable Ca-tholicité.

Mais le point d'honneur, le respect humain, la crainte politique de s'attirer la perfécution: des Schifmatiques, & fur-tout:

'des Vertabiets qui pourroient de mander fa dépofition

tous ces

vains motifs le retinrent, & l'empêcherent de faire ce dernier pas, que fa confcience, la Religion, & que les bons Catholiques exigeoient de lui. Quelque tems après, la juftice ou la bonté divine qui punit fouvent dès ce monde nos réfiftances à la voix de Dieu, permit que ce que fa politique lui faifoit craindre, lui arrivât en effet par un endroit qu'il n'avoit pas prévû. Je rapporterai› ici la Lettre que le Pere Ricard,l'un de nos Missionnaires, qui étoit: alors à Erivan, nous écrivit à ce fujet..

LETTRE DU P. RICARD,, Miffionnaire de la Compagnie de Jefus, du 7. Août 1697.

Après bien des tentatives inu-tiles, pour engager notre Patriar

che à envoyer au faint Siége fa profeffion de Foi, nous en avions enfin obtenu une Lettre qu'il écrivoit à fa Sainteté. Par cette Lettre, il reconnoiffoit la Chaire de faint Pierre comme la premiere Chaire du monde Chrétien, d'où fortoit une abondance de lumieres qui éclairoit l'univers. Elle contenoit d'ailleurs des termes magnifiques, que les Orientaux fçavent fi bien employer pour don ner des loüanges, & faire des complimens. En perfuadant au Patriarche d'écrire cette Lettre',: notre vûe étoit de donner occafion au Pape de répondre au Patriarche, par un Bref qui l'exciteroit à s'unir de coeur & de fentimens à l'Eglife de Rome, à détefter tout fchifme, à faire une profeffion plus ouverte que jamais de la doctrine Catholique, & à faire fes efforts pour

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