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milieu d'une nombreuse troupe d'Officiers de fa Maison qui l'efcortoient. Enfin plufieurs Palfreniers conduifoient les chameaux, & les chevaux de main tous riche ment caparaçonnés, & fermoient la marche.

rés

Stéphanos, pour faire fa cour au Kan, avoit fait dreffer une grande tente fur fa route, & l'y attendoit en habit de cérémonie, accompagné de ce qu'il avoit pu ramaffer de Vertabiets, de Prêtres & de Moines qui s'étoient déclapour lui. Lorfque le Kan approcha de fatente, il s'avança vers lui, & lui fit une harangue que le Kan entendit froidement, & fans y répondre. It continua fa marche jufqu'à la maifon qui lui avoit été préparée. Il y reçut les complimens & les honneurs ordinaires en pareille occafion.

Stéphanos avoit grand foin de

lui aller faire tous les jours fa cour; mais craignant que le Patriarchat ne lui échappât, il demanda au Kan la permiffion d'en aller prendre poffeffion à Echmiadzin. Le Kan qui n'avoit point encore reçu le contre-ordre qu'il attendoit de la Cour, le laiffa aller. Stéphanos, fans vouloir perdre de tems, fe fit inthronifer par le Patriarche Arménien de Jérufalem, qui étoit alors dans ce Monaftère. Si-tôt que Stéphanos fe vit en place, il crut n'avoir plus rien à craindre; mais pour mieux affermir fon invasion, il voulut s'affûrer de l'eftime & de la confidération de tout le Monaftère & des Arméniens ; il affecta à cet effet un air de févérité & de régularité extraordinaire. Il ne parloit que de réforme dans le vivre & dans les habits monaftiques. Il prêchoit

continuellement aux Moines & aux Vertabiets la folitude & la résidence dans leurs cellules. Il parloit avec mépris de fon prédéceffeur. Il blâmoit fa conduite. Il détruifoit tout ce qu'il avoit fait, jusqu'à démolir des bâtimens que Nahabiet avoit fait conftruire. Enfin il fe déclara pour le fchifme & les Schifmatiques, & entreprit de faire la guerre aux Catholiques. De tels commencemens nous donnoient fujet de craindre pour nous & pour notre Miffion; mais Dieu y pourvût par l'événement que je vais rapporter. Curgekan, Prince Géorgien, difgracié du Roi de Perfe depuis quelques années, par des raifons de politique fut rappellé à la Cour, Il vint à Erivan pour y voir le Kan fon ancien ami. Ce Prince y arriva malade : le Kan, qui avoit ap

pris le bon effet de quelques reinédes que nous avions reçus de France, m'envoya chercher, & me pria inftamment d'aller vifiter le Prince fon ami & de lui procurer, s'il y avoit moyen, une prompte guérifon. J'y allai; & comme fa maladie n'étoit qu'une fiévre double - tierce, je lui donnai du Quinquina. Dieu bénit ce reméde; il en fut guéri, & fa guérifon nous concilia fa faveur, & augmenta celle du Kan celle du Kan pour nous nous en profitâmes pour leur parler en faveur de Nahabier, & ils nous affûrerent que nous ferions contens.

Stéphanos, qui ne trouvoit plus fon entrée bien libre chez le Kan, & qui n'y recevoit que des audiences courtes & froides, commença à juger qu'il n'en étoit pas où il croyoit être. Son Thrône lui parut chancelant fous Les pieds; mais quelque tems

après, il fe crut près d'en être chaffé, lorsqu'on vint lui fignifier de la part du Kan une taxe de mille fequins, parce qu'il avoit refufé de venir à Erivan, pour bénir les eaux de la riviere le 6. Janvier, felon. la coutume des Arméniens. Nahabiet de fon côté, apprit d'Hifpaham, par des lettres de fes amis, que fes affaires alloient auffi bien que celles de l'intrus Stéphanos alloient mal, & qu'il ne lui en coûteroit que de l'argent pour remonter fur fon Throne. Nahabiet entendit bien ce que cet avis vouloit dire; il fe fit en peu de tems la fomme de mille écus qu'on lui demandoir, & il l'envoya à Hifpaham.

Ce puissant moyen, joint aux lettres, & aux informations du Kan & du Chancelier, auffi favorables à Nahabiet qu'elles étoient

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