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en étoient morts entre fes mains. Il femble que l'ennemi du falut des hommes n'attendoit que le moment de la mort de ce digne ouvrier de l'Evangile, pour femer la zizanie dans le champ que le ferviteur de Dieu avoit cultivé avec tant de foin. Cet efprit infernal fufcita deux Vertabiets nommés Cholax & Ariedik, hérétiques emportés contre l'Eglife Romaine, qui commencerent avec un Prêtre hérétique comme eux, nommé Arourhcoir, à décrier publiquement la doctrine des Miffionnaires, & à prêcher une doctrine contraire, à vomir des blafphêmes contre le Pape & les Catholiques, à lancer des excommunications contre eux, & dans les termes les plus injurieux. Non contens de tout cela, ils y ajoûterent la calomnie, accufant les Miffionnaires

'de vouloir révolter les Sujets du Grand Seigneur contre leur Prince légitime, de s'entendre avec les Mofcovites pour les faire entrer en Arménie, & d'avoir chez eux à cet effet un magafin d'armes pour faire armer leurs Néophytes.

Fefulach Effendi, le premier Magiftrat de la Ville, fentit le ridicule de cette accufation; mais foit qu'il appréhendât que fon filence fur cette accufation ne lui fit une affaire à la Porte, foit qu'il fût de ces Seigneurs Turcs, qui ont coutume de donner gain de cause à la partie, qui fçait le mieux contenter leur avarice, il ne voulut rien écouter de tout ce que le Bacha lui pût dire pour la défense des Miffionnaires & des Chrétiens. Il perfifta au contraire à vouloir leur faire un crime d'Etat de cette

extravagante accufation.

On feroit trop long à faire le détail de cette affaire. Je dirai fommairement que des Prêtres zélés & très-bons Catholiques furent bâtonnés ; que plufieurs Arméniens furent condamnés à payer deux mille-écus de taxe, qu'ils la payerent avec joie - s'eftimant heureux de facrifier une partie du gain de leur commerce pour une fi bonne caufe ; qu'un Miffionnaire fut mis aux fers, & que les autres furent chaffés d'Erzeron. Mais, Dieu qui tient toujours en main la cause des innocens, & qui peut quand il veut, fubmerger dans les eaux de la mer rouge, les ennemis de fon peuple, punit exemplairement les auteurs d'une fi criante injuftice. Fézulach Effendi, le plus coupable de tous, eut ordre du Grand Seigneur de lui envoyer

de

tapha

fa tête. Il avoit été Précepteur de Mahomet IV. & avoit eû granpart à la confiance de Mufqui l'avoit fait Grand Mufti. Toutes les dignités dont il avoit été revêtu, & les richeffes qu'il avoit amaffées pendant fa fortune, n'empêcherent pas que fon corps, après la mort, ne fût traîné par les rues de la Ville.

Le Bacha d'Erzeron, qui ne fut coupable que par fa molleffe dans la défense des Miffionnaires, ayant été accufé à la Porte de quelques vexations caufées par fon avarice, perdit la vie par le cordon, felon la coutume ordinaire.

Cholax, un des Vertabiets 'dont nous avons parlé, fut puni comme il le méritoit, pour un crime infâme, dont il fut atteint & convaincu. L'Evêque fut condamné à cinq cens écus d'amen

de. Il ne reftoit plus qu'à faire rentrer les Miffionnaires dans Er

zeron.

Monfieur le Marquis de Château-neuf, alors Ambaffadeur à la Porte, & zélé protecteur des Miffionnaires, entreprit leur rétabliffement. Il en fit la demande à la Porte; fon crédit y étoit fi grand, qu'il l'obtint aifément & promptement.

Un faint Prêtre Arménien, qui avoit été banni avec les Miffionnaires, prévint fecrettement leur retour à Erzeron, & s'employa très-utilement en leur faveur auprès des Catholiques. C'eft un grand fujet de joie & de confolation pour nous, lorfque nous pouvons nous affocier de vertueux

Eccléfiaftiques, qui veulent bien partager avec nous les occupations de la Miffion.

Les Miffionnaires étant ren

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