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grand Souverain, & du plus fameux Conquérant qui eût jamais paru en Europe. Le Sieur Michel répondit au Sophy, en l'affûrant de tous les fentimens d'eftime & d'amitié du Roi fon maître pour Sa Majefté Persienne, & dit que pour lui en donner des preuves certaines, le Roi fon maître défiroit unir fes Sujets avec les fiens, par le lien d'un commerce qui leur feroit également avan tageux.

Le Sophy lui repartit alors, que le fujet de fon voyage dont il avoit été inftruit, lui étoit trèsagréable, & qu'il entreroit avec plaifir dans les intentions du Roi fon maître. En effet, il ordonna fur le champ à fon Miniftre de faciliter par tous les moyens poffibles, l'exécution des propofitions de l'Envoyé de France, qui étoient fi glorieuses à fon regne.

Le Miniftre, auffi-bien intentionné què fon maître pour cet établiffement, eut plufieurs conférences avec le Sieur Michel.

Ils drefferent de concert les articles du Traité qui devoit être figné de part & d'autre. Le Sophy les ayant approuvés, & le Sieur Michel ayant fatisfait à fa commission avec tout le fuccès qu'il pouvoit délirer, prit fon audience de congé, & fe remit en chemin pour venir rendre comp te en France de l'exécution de fes ordres.

Le rapport qu'il fit à fon retour de ce qu'il avoit vû & fait en Perfe, confirma ce qui avoit été dit des avantages que retireroit la France de ce nouveau commerce, dont d'autres Nations avoient profité jufqu'à préfent. Il affûra de plus que les Perfans, qui aimoient & efti

moient les François par préférence à tous les autres peuples, attendoient avec impatience, & verroient arriver avec joie un Conful de la Nation Françoise, & des Négocians François, pour donner commencement à leur commerce. Enfin le Sieur Michel crut devoir ajoûter que la Religion Chrétienne, dont un grand nombre des Sujets du Roi de Perfe faifoit profeffion, acquéreroit une puiffante protection, par la réfidence d'un Conful François dans la Capitale de cet Empire, lequel feroit continuellement à portée d'employer l'augufte nom du Roi de France en faveur des Chrétiens & des Miffionnaires qui les inftruisent. Toutes ces raifons, & particulierement la derniere, qui regardoit les intérêts de notre Religion, déterminerent le Roi à

donner fon agrément au Sieur Gardanne, pour exercer le Confulat de la Nation Françoise dans la Ville capitale de l'Empire des Perfes. On lui mit fes inftructions en main, dont les principaux articles, & les plus recommandés, concernoient la Religion & les Catholiques.

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Nous avons eu de la joie de voir arriver dans cette Ville Impériale Monfieur Gardanne près avoir fait un long & pénis ble voyage par mer & par terre. Il ne lui falloit pas moins que l'honorable réception qu'on lui a faite en cette Cour, pour le dédommager des difgraces qu'il a effuyées fur la route, & qui lui ont été caufées par ceux qui fe font crus intéreffés à faire échouer le projet de la France. Nonob ftant leurs efforts; ils ont été témoins de toutes les marques

d'honneur qui lui ont été accordées par le Sophy, & par les Grands du Royaume, en confidération du Roi de France fon maître.

Je dois ajoûter ici, pour rendre justice à notre nouveau Conful, que fa fage conduite & fon habileté en matiere d'affaires, lui ont gagné l'eftime & la confidération de ceux qui ont à traiter avec lui. Il attend les ordres de la France, fur les importantes représentations qu'il a cru devoirfaire à S. A. R. Monfeigneur le Duc d'Orléans.

Au refte, nous ne pouvons affez nous louer de la bonté de M. Gardanne pour nous nos deux Miffionnaires qui ont eu l'honneur d'être à fa fuite fur la route, lui ont de grandes obligations. Depuis fon arrivée en cette Ville, il nous témoigne toute

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