la bienveillance poffible; nous nous reffentons déja de fon crédit en Cour, l'honneur qu'il nous fait de fe fervir de nous pour fes Chapelains, rend notre Eglife, qui eft affez belle d'ailleurs, & très-commode, beaucoup plus fréquentée qu'elle ne l'étoit auparavant. Enfin fa protection, & celle dont notre digne Archevêque de l'Ordre de faint Dominique, nous honore, nous mettent plus en état que jamais de remplir nos fonctions Evangéliques avec autant de liberté que de fruit. Nous pouvons donc affûrer les Ouvriers, qui viendront partager avec nous nos occupations, qu'ils auront de quoi fatisfaire leur zéle. Le Pere Bachoud, l'un de nos deux Missionnaires, qui ont accompagné M. Gardanne, nous fa écrit de Chamaké, où il fait Miffion, qu'il n'auroit jamais cru trouver un travail auffi grand & auffi continuel que celui que Miffion lui donne, & qui demanderoit plusieurs Ouvriers. Le Pere de la Garde fon Compagnon, qui eft demeuré ici avec nous en dit autant de notre Miffion d'Hifpaham. En parlant du Pere de la Garde, nous devons à fon occafion, & par reconnoiffance, finir ce Mémoire par le récit d'un accident qui devoit nous le ravir en chemin, & dont il fortit heureufement par la puiffante interceffion du bienheureux François Régis. La Caravane du Pere de la Garde & du Pere Bachoud, ayant eu avis qu'une troupe de foixante voleurs étoit en embuscade dans un bois pour la furprendre & la voler, fe détourna de fon droit chemin pour l'éviter, & en prit un autre par des montagnes très-efcarpées, qui ne laiffoient aux voyageurs qu'un fentier raboteux & etroit, bordé d'affreux précipices que l'œil n'ofoit regarder. Le cheval du Pere de la Garde, qui n'étoit pas des meilleurs de la Caravane un faux fit par malheur pas, qui le fit tomber lui & fon cheval chargé d'une groffe valife. Ils roulerent enfemble jufqu'au fond de cet abysme. Ceux qui marchoient devant & après lui, ne firent qu'un cri à la vûe de cette chûte effroyable. Le Pere Bachoud, tout troublé de cet accident, fe fentit inf piré de recommander fon cher au Bienheureux Compagnon Chacun pleuroit déja la perte de de ce cher Pere, qui avoit l'eftime & l'amitié de toute la Caravane & qu'on croyoit perdu. Le Pere Bachoud, fuivi de quelques voyageurs, firent leurs efforts pour defcendre dans ce précipice, s'attachant à des branches d'arbres, & à tout ce qu'ils pouvoient faifir. Après avoir fait quelques pas en defcendant, ils entendirent la voix du Pere de la Garde, qui leur difoit: Graces à Dieu, je ne fuis point bleffé. Je laiffe à penfer quelle fut alors la joie du Pere Bachoud, & de toute la Caravane. Chacun s'empreffa pour l'aider à remonter du fond de cet affreux abyfme. Il se trouva en effet sain & fauf. Toute la Caravane qui fut témoin de cet événement miraculeux, rendit des actions de graces à Dieu, & à fon ferviteur le B. J. F. Régis, que Dieu conTome III. gra tinue d'honorer par toutes les ces qu'il accorde fi fouvent à fa puiffante interceffion. JOURNAL DU VOYAGE DU PERE MONIER, d'Erzeron à Trébizonde. No Ous partîmes le 17. Octobre 1711. de la ville d'Erzeron, pour aller coucher à Cars. Comme notre perfécution avoir commencé dans ce Village, je m'abftins d'y aller vifiter nos Catholiques, pour ne les pofer à de nouvelles peines ; mais un des plus fervens d'entr'eux qui avoit fouffert la baftonnade pas ex |