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pour la défense de la Foi, me vint trouver de nuit, & m'affûra que tous nos difciples perfévéroient conftamment dans leur Foi.

Je dis la fainte Meffe en action de graces, & je demandai à Dieu leur perfévérance. Le lendemain 18. nous arrivâmes à un autre Village appellé Chacuf, qui n'avoit jamais vû aucun Miffionnaire. Il ne recevoit des inftructions que d'un Prêtre que j'y trouvai & qui me dit dans un entretien, que le Saint-Efprit s'étoit incarné; que Jefus-Chrift n'avoit eû que l'apparence de l'humanité qu'il n'avoit tiré des enfers que fept cens ames; que ces ames étoient répandues dans l'air, où elles attendoient leur dernier Jugement. Je fis de mon mieux, pour lui ôter de l'efprit toutes ces rêveries.

Il m'avoüa franchement qu'il n'étoit pas fçavant; mais il n'en étoit pas moins opiniâtre à perfifter dans ces opinions extravagantes. Il fallut me contenter de demander à Dieu pour lui la docilité des enfans de lumiere.

Le 19o. nous paffâmes par Chi maghil, pour aller à Avirag, autre Village habité partie par des Arméniens, & partie par des Turcs. Je fus loger chez un Arménien, qui affembla toute fa famille pour recevoir mon inftruction; quelques-uns d'eux profiterent de l'occafion qu'ils avoient de faire leur Confeffion générale.

Le 20. fans nous arrêter Baybourt, Village, nous allâmes coucher à Varzouhan. A juger de ce lieu par les mafures de deux grandes Eglifes ornées de Mofaïques, & par les autres reftes

d'un grand Maufolée, il eft à croire qu'il étoit autrefois plûtôt une Ville qu'un Village; le Prêtre, feul Curé de ce lieu, fe difoit avoir été difciple du Vertabiet Aujédik, le plus grand perfécuteur que les Catholiques aient jamais eû dans le Levant fon disciple étoit tout fier d'avoir eû un tel maître. Il voulut difputer avec moi en préfence d'un Diacre, & de plufieurs autres Chrétiens qui s'étoient affemblés dans la maison où j'étois. Les témoins de notre difpute convinrent qu'il n'avoit pu répondre à mes objections, & me promirent de faire à mon retour abjuration du fchifme où leur Curé les entretenoit.

De Varzouhan, nous paffâmes par Palakou, Village qui n'en eft qu'à trois heures de chemin: nous y féjournâmes. Le 21. le Prê

tre du lieu m'invita à loger chez lui; il ne demandoit qu'à être mieux inftruit qu'il ne l'étoit. Je lui laiffai deux Livres Arméniens pour lui donner les inftructions que mon peu de loifir ne me permettoit pas de lui faire. L'un étoit une expofition de notre Foi, l'autre du devoir des Pafteurs des

ames.

il

Lorfque je pris congé de lui, parut fi content de moi, qu'il me dit par amitié & par eftime, que je devrois être un de leurs Vertabiets. J'espère qu'il profitera de la lecture de mes deux Li

vres.

Le 22. nous fumes à Teké Village qui n'eft habité que par des Turcs. Les ruines d'un Château fur un rocher, font tout ce que nous y vîmes de plus beau.

De Teké nous allâmes à Hamichkané, où nous étions ren

dus le vingt-troifiéme. Nous logeâmes hors de la Ville dans la maifon d'un Aga, ami de Muftapha. Nous marchâmes le 24. par de rudes montagnes, & prefque toujours fur le bord de quelque précipice. Nous campâmes près du Village de Jotauvry, habité par des Grecs, qui n'ont que de mauvaises maisons éparfes çà & là, fur le penchant de deux montagnes.

Le lendemain 25. nous arrivâmes à Trébizonde, qui eft dans la Cappadoce fupérieure. Cette Ville eft fituée fur la mer Noire, & eft célébre pour avoir été la demeure des Comnénes. Alexis l'avoit établie en 1204. & Mahomet II. l'abolit en 1460. ainfi elle n'eft plus ce qu'elle a été.

J'y trouvai environ cent cinquante Arméniens fous la direction de quatre Prêtres. Pen

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