페이지 이미지
PDF
ePub

m'en faire écouter, il leur eût fallu parler du profit des mines. L'Evêque Arménien étoit mieux difpofé; il me témoigna même qu'il penfoit à quitter fon Diocèle pour fe retirer dans une Ville, ou dans un Monaftère, où il pût librement faire profeffion de la Religion Catholique ; mais je lui repréfentai qu'il feroit mieux de garder fon Siége, & de tâcher de faire entrer fon peuple dans fon fentiment.

Le de fruit de mes paropeu les dans le voifinage de ces mines, me faifoit défirer d'en fortir, pour aller travailler ailleurs plus utilement, & nous rapprocher de ma Miffion d'Erzeron. Nous en partîmes le 10e. de Décembre; nous allâmes coucher à un Village Turc nommé Sobra, & le lendemain e. nous arrivâmes à Palacour. J'espérois y rece

voir la profeffion de Foi d'un Prêtre, qui m'avoit promis de la faire à mon retour; mais l'embarras des nôces d'une de fes filles, lui fervit de prétexte pour la remet tre à un voyage qu'il devoit faire à Erzeron.

Le 128. du même mois, nous laiffâmes à notre gauche Verhouzan & Baibout, pour aller à Aroufga, Village d'Arméniens & de Turcs, où je n'eus de tems que pour inftruire deux familles. Nous en partîmes le 13. pour al ler à Chacuf: j'engageai le Curé du lieu à fe rendre inceffamment à Erzeron, où il m'avoit promis de venir faire fa profeffion de Foi.

Nous arrivâmes enfin à Erzezon le 16. Décembre : mon premier empreffement fut pour aller vifiter nos Catholiques. Je les trouvai par la grace de Dieu

dans la ferveur, où les perfécu tions paffées les avoient mis; j'efpère qu'avec la protection & l'amitié dont notre Aga m'honore, je continuerai ma Miffion avec fuccès. Je vous demande, mon R. Pere, le fecours de vos prieres, afin que je puiffe toujours agir & fouffrir pour Dieu; j'aurai foin de fatisfaire le défir que vous avez d'être inftruit de tout ce qu'il plaira au Seigneur d'opérer par notre ministère. Je fuis, mon R. Pere, votre, &c.

333

MEMOIRE

DE

LA PROVINCE

DU SIRVAN.

En forme de Lettre adreffée au Pere FLEURIAU.

Ous avez fouhaité mon R. Pere, que je vinffe en notre Miffion de Chamaké, qui demandoit des Miffionnaires, & que je vous envoyaffe des Mémoires, non-feulement au fujet de cette Miffion, mais encore

tan

fur tout ce que je pourrois connoître de la Province du Sirvan. C'est après l'avoir parcourue affez exactement, & y avoir fait Miffion tantôt d'un côté tôt d'un autre, que j'ai l'honneur de fatisfaire à ce que vous avez fouhaité de moi ; je m'eftimerai très-heureux, fi en vous obéiffant, j'ai rempli vos intentions.

La Province nommée aujourd'hui Sirvan, eft l'ancienne Albanie, terminée au Septentrion par le Mont Caucafe, appellé aujourd'hui la Montagne du Roi * ; à l'Orient par la mer Cafpienne; au Midi par la Riviere du Cyrus, au-dessus du Confant avec l'Araxe, & par une riviere qui fe jette dans le Cyrus & appellée par les anciens

* En Perfan, Couh-fcab, ou Koukscha, ne s'éloigne pas du nom de Caucafus,

« 이전계속 »