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rage fe fait par une espéce de Tartares, nommés Turquemis, parce qu'ils font de la fecte des Turcs; & à cela près, ils font bonnes gens & paifibles : ils vivent fous des tentes, qu'ils dref fent en hyver dans la plaine, & en été fur les montagnes ; & ils font confumer les fourages à leurs beftiaux. Je dirai en paffant, que la plus grande partie des habitans de cette Province, fur autrefois tranfportée à l'autre extrémité de la Perfe dans les montagnes, entre Belk Kaboul, &. Candahar, où ils ont confervé leur premier nom, avec peu de changement, étant nommés Akvans, mais l'âpreté des lieux at perverti leur naturel. Ils font devenus voleurs, & fe rendent redoutables aux Caravannes, qui paffent aux Indes.

Les vignes, fans être cultivées,

comme en Europe, portent d'ex-cellens raifins, dont on feroit du vin très-fort, fi dans le tems. de la vendange, on n'y mêloit pas environ la dixiéme partie d'eau; le raifin noir eft de deux: fortes, l'un fort menu & l'autre fort gros le blanc eft fans pe-pins, & a un goût de mufcat. II n'y a ici ni cave ni cellier on enterre les cuves ou dans les jardins, ou dans la cour. C'est en puifant, qu'on en tire le vin. Quand une cuve eft vuidée, on fe contente de la laver, fans la remuer de fa place.

Les arbres fruitiers de toutes les espéces viennent fur les montagnes, & dans les forêts, également comme dans la plaine.. Leurs fruits font auffi bons qu'on peut les attendre des fauvageons ; car on ignore ici l'art de greffer & d'enter. On a des pommes,,

des poires, des cerifes fort peti tes, & extrémement douces, des châtaignes, des nêfles, des noi fettes; les abricots & les pêches font d'un mauvais goût, manque de greffe. Les coignaffes font d'une groffeur étonnante, il y en a d'auffi groffes que la tête. Les bois de charpente, & de chauffage ne fe trouvent que dans les forêts, qui font fur les montagnes, d'où il les faut voiturer. Les légumes y font auffi abondans que les fruits. Les melons, les concombres y font bons, & fort gros, & ne font point de mal. On y trouve des afperges, des épinards, & généralement toutes les herbes potagères, & les racines qu'on voit en France. Les racines de béteraves groffiffent jufqu'à pefer trois ou quatre livres. Les trufles blanches y font communes; mais il femble:

que ce foit ici le Pays du faffran, principalement aux environs de Bachu, où la terre eft extrémement légère. On féme des oignons excellens ; & à la fixiéme année on les tranfplante. On ne débite point le faffran pur; mais on le mêle avec un peu de cire dans une poële, & enfuite on le coupe en petites tablet

tes.

Toute la campagne eft cou verte d'herbes odoriférantes, de pimprenelle, de ferpolet, de petit baume à fleurs jaunes, dont on tire une eau cordiale.

Entre les diverfes plantes, il y en a une remarquable, qui croît fur le penchant de la montagne de Pidrakou, à trois petits quarts de lieue de Chamaké. Sa tige s'éléve fort haut, & eft de la groffeur de la jambe. dun homme. Elle pouffe en s'é

largiffant, & devient large comme une petite meule de moulin. Elle répand une odeur très-agréable. Elle féche en automne, & renaît au printems.

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La campagne eft ornée de diverfes fleurs. Les tulipes y font très-belles les unes font jaunes & petites; les autres rouges, & fort grandes celles-ci ont un fond noir & jaune. Si ces couleurs fe mêloient dans les feuilles, ce feroit la plus belle fleur du monde. L'on en voit par-tout, non feulement dans les champs labourés, & parmi les bleds mais auffi dans les chemins. J'en ai mis & cultivé dans notre jardin, fans avoir pû leur faire changer leur couleur naturelle. Les rofiers naiffent dans les forêts, & entre les broffailles, de même que les capriers; mais en ce Pays-ci, on n'attend pas que les

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