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câpres foient venues. On coupe les bourgeons, pendant qu'ils font tendres, & on les confit au vinaigre: on confit de même les petits concombres, fortant de leurs fleurs.

Les terres qui ne font pas en labourage, fervent à nourrir de nombreux troupeaux de boeufs & de moutons. Les boeufs font bêtes de voiture, & portent les charges fur le dos.

On voit ici deux manieres toutà-fait différentes de traiter les chevaux. Quand les Tartares voifins du Sirvan viennent en ce Pays pour leur commerce, ils laiffent paître leurs chevaux 'en liberté dans les champs. Ces chevaux demeurent enfemble, comme un troupeau de moutons, fans s'écarter les uns des autres. Les Perfans au contraire panfent les leurs avec un grand foin. Ils

les couvrent toujours d'un grand feutre, ou d'une groffe toile, tant en été qu'en hyver. S'ils les mettent à l'herbe, ils les tiennent au licol, ou avec des en traves aux jambes. Hors du tems des herbes, ils ne leur donnent fur le foir, qu'un fac de paille hachée menu, avec quatre ou cinq poignées d'orge. Cependant ces chevaux, la charge fur le dos, font par jour douze & quinze lieues fans débrider; & ce qui eft de bien commode, c'eft que dix ou douze charges de pail le, avec une demi- charge d'orge, fuffifent pour nourrir deux cens chevaux pendant deux jours de marche.

Outre ces animaux domefti ques, les forêts font remplies de fangliers, de cerfs, de renards, de loups. Il fe fait à Chamaké un commerce confidérable de

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peaux de renards pour Aftracan & pour Erzerom. Les allouettes & les cailles font plus rares dans le Sirvan, qu'en France; mais en récompenfe les perdrix y font très communes, auffi-bien que les outardes, les francolins, & les faifans. On y a des oies, des canards, des pigeons, des grues, Les cicognes en été y viennent faire leurs nids, ils y élévent leurs petits, & difparoiffent enfuite.

Quand l'hyver eft un peu rude, on a quatre francolins pour cinq fols, une outarde pour cinq ou fix fols, un faifan en vie pour dix fols. Ces oiseaux fe cachent la tête dans la neige, & s'y laiffent prendre.

Une région fi heureuse, & qui fournit fi libéralement tout ce "qui peut rendre la vie commode & délicieufe, eft habitée par

un peuple pauvre & miférable. Soit que fa pareffe l'empêche de profiter des biens que la nature lui offre, foit qu'il foit épuisé par de grands impôts dont on le charge. On m'affûre que le Roi de Perfe tire du Sirvan deux millions d'Abaffis. La nourriture ordinaire des habitans du Pays eft de légumes & de fruits. Leurs délices font de manger du ris, du caillé aigre & du fromage. Leur vêtement eft de groffe bûre, en forme de cafaque, fous laquelle ils portent une chemife pendante. Peu d'entr'eux ont une feconde chemise à changer; de forte qu'ils font rongés de vermines: mais ce qui eft de plus étonnant, c'eft qu'ils fouffrent fi patiemment cette mauvaise compagnie, qu'ils ne penfent pas feulement à prendre les moyens de s'en délivrer. Leur chauffure

eft faite du cuir de la tête d'un boeuf ou d'un fanglier : elle est relevée de part & d'autre fur le pied, & attachée avec des cordes.

Ils ont la réputation d'être fourbes & menteurs, & on dit d'eux, qu'ils font perfuadés que fans le menfonge une affaire ne fçauroit réuffir. D'ailleurs ils font bons & paisibles. Rarement entend-t-on parler parmi eux de vols & d'affaffinats, quoique ces crimes ne foient pas punis fort rigoureusement.

On parle trois fortes de Langues dans le Pays; le Turc, qui eft la langue la plus commune; le Perfan, mais corrompu, & l'Arménien les enfans apprennent & parlent ces trois langues fans les confondre.

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On diftingue ici les diverfes par la maniere dont ils

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