페이지 이미지
PDF
ePub

grand nombre d'Etrangers. On dit que le Grand-Seigneur tire chaque année d'Erzerom & de fes dépendances, plus de fix cens bourses, & que le Bacha en a trois cens pour fon compte. Chaque bourfe eft de cinq cens écus. Erzerom eft environ au 40e dégré de latitude; & néanmoins l'hyver y eft rude & long : à peine y eft-on délivré du froid au mois de Juin, & il revient dès le mois de Septembre; de forte qu'on peut prendre à la lettre ce que dit Horace:

Ufquè nec Armenis in oris, Amice Valgi, ftat glacies iners Menfes per omnes.

A deux lieues d'Erzerom, ou environ & près d'un villagenommé Elija, il y a un bain d'eau chaude, qui fe renouvelle continuellement par deux fources, qui. jettent deux bouillons auffi gros

chacun, que le corps

d'un hom me. Le baffin eft octogone, environné d'un bâtiment de la même figure, dont la voûte eft ouverte au milieu. Ces bains font trèsfréquentés, fur-tout dans un Pays où les bains font fi fort à la mode.

D'Erzerom à Erivan, il y a quatorze ou quinze journées de caravannes, les unes plus grandes, les autres plus petites, fuivant la commodité des gîtes. On a le choix de deux différentes routes; l'une par Cars, qui eft la derniere place des Turcs en Arménie; l'autre par Teffis Capitale de la Géorgie.

Erivan eft la feule place importante que le Roi de Perse pofféde en Arménie : elle eft la conquête de Cha-Séphi, fils de ChaAbas, qui l'an 1635. l'emporta d'affaut, & fit main-baffe fur la garnifon Turque, qui étoit, dit

on, de vingt-deux mille hommes. Erivan n'étoit pas alors où il eft aujourd'hui, mais à huit ou neuf cens pas plus loin.

Les Perfans ont jugé que cette nouvelle situation feroit plus avantageufe. Son Château eft fur un roc efcarpé & inacceffible vers le couchant le refte eft défendu par une triple enceinte de murailles de briques féchées au foleil. C'eft la demeure du Kan ou du Gouverneur, & des autres Officiers de la garnifon. La Ville. eft au deffus enfermée d'une double muraille, plus remplie de jardins & de vignes, que de maifons. On y compte environ quatre mille ames. Les Arméniens n'en font que la quatrième partie, & ont cependant quatre Eglifes.

Au pied du roc fur lequel eft bâti le château, on voit une riviere, ou pour mieux dire, un tor

rent nommé Zengui, qui defcend d'un grand lac de vingt-cinq lieues de tour, à deux journées & demie de la Ville vers le nord:: c'eft le lac d'Agtamar. Dans une des Ifles qu'il forme, il y a un Monastère où réside un Prélat, qui fe donne le titre de Patriarche d'Arménie, quoique fa jurifdiction foit bornée dans fon Ifle. On dira en fon lieu à quelle occafion fut fondé ce Patriarchat imaginaire. Le Zengui va fe jetter dans l'Araxe, à trois lieues audeffous d'Erivan; on le paffe en cette Ville fur un beau pont de trois arches, fous lesquelles on a pratiqué des chambres, pour y aller prendre le frais. Il y a encore de l'autre côté une petite riviere nommée Queurboulac.La Ville eft de plus arrofée de plufieurs ruiffeaux & de fontaines Cette abondance d'eau n'en donne que de

mauvaise à boire, au lieu que celles d'Erzerom font excellentes : mais en récompenfe le vin d'Erivan eft excellent, & celui d'Erzerom eft détestable..

En fortant d'Erivan, on entre dans une charmante plaine, fertile en toutes fortes de fruits & de grains, abondante en ris & coton,, avec de beaux vignobles & de gras pâturages. Grand nombre de villages & de jolies maifons de plaifance agréablement fituées, donnent à cette Ville une vûe délicieufe.

On met Erivan entre le 28€ & le 29e dégré d'élévation du pôle.. Les glaces & les neiges n'y manquent pas pendant l'hyver; mais en été l'air s'enflamme fi vivement, & devient fi mal-fain, que le Kan & la plupart des Habi tans font contraints d'abandonner la Ville, pour aller refpirer

« 이전계속 »