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fe couvrent la tête. Comme les Perfans aiment le turban rouge, on les appelle Kefel Bafchi, c'està-dire, rouges têtes : les Arméniens, Karabafchi, noires têtes: les Géorgiens, qui portent un fort petit bonnet, Bafchi Achouk, têtes découvertes.

Je viens à la Ville de Chamaké, qui n'étoit autrefois qu'une fortereffe environnée d'une muraille, avec des tours d'efpace en espace, dont il ne refte que quelques pans. La Ville s'est accrue du côté du midi, & s'étend fur cinq ou fix collines. Elle eft toute ouverte, fans murailles & fans foffés, & compofée d'environ fept mille maifons. Quelques-unes font bâties de pierres, avec de la terre pour mortier; mais la plupart ne font que de terre & d'argille. Plufieurs ont le toit élevé, & cou

vert

vert de planches, au lieu d'ardoifes & de tuiles, & les autres ont le toit en platte-forme. Elles ne font que d'un étage, ayant la porte & les fenêtres du même côté. Plufieurs maisons n'ont que la porte pour fenêtre. Comme ces plattes-formes ne font que de terre batue avec de la paille hachée, & pofée à la hauteur d'un pied fur des folives, & fur de petits ais, elles ne fçauroient arrêter une pluie d'un peu de durée, qui inonde enfin toute la maifon.

Les perfonnes aifées, pour fe délivrer de cette incommodité, font mettre une couche de poix au-dessus ; & afin qu'elle ne fe fonde point à la chaleur du foleil, ils ont foin de la faire arrofer de naphte:

Il n'y a à Chamaké aucun édifice public, qui mérite d'être Tome III.

Q

regardé, ni aucune belle Mofquée. C'eft cependant une Ville de grand commerce, & l'entrepôt de la Mofcovie & de la Perfe. Les Mofcovites y ont leur caravanféra, ou magasin, & apportent de l'étaim, du cuivre, des cuirs de rouffil, des fourures, & d'autres marchandifes de leur Pays. Les Perfans & les Indiens y vendent les étoffes de foie & de coton les brocards d'or & d'argent, & une infinité de balles de foie.

Les Tartares amènent des chevaux & des efclaves.

Il y a un Bazas ou marché où plufieurs rues aboutiffent, garnies de boutiques des deux côtés, &

Couvertes.

Pour les Religions, dont l'exercice public eft permis à Chamaké, il y en a prefque de toutes les fortes. Le Mahométisme eft la

dominante; mais elle eft divifée en deux feces; fçavoir, de Jonis & de Chais, ou Ichais. Ceux-là font fectateurs d'Omar, & ceuxci d'Alis. Ces deux fectes fe maudiffent mutuellement.

Les Juifs ont leur Synagogue, & les Indiens leur Pagode. Les Indiens font ici au nombre d'environ deux cens ; ils y font le plus gros commerce, & font les plus riches Marchands. D'ailleurs ils font gens très-paifibles, & extrêmement unis entre eux. Quand le tems eft beau ils vont ensemble s'affeoir fur le bord d'un ruiffeau, & y font leurs prieres.

Les Chrétiens habitués dans la Ville font Arméniens, & ne font guère plus de deux cens maifons. Leur Eglife eft petite & obfcure. Ils y ont un Evêque, qui réfide ordinairement dans

un Monaftère de la Campagne. Les Mofcovites ont une Chapelle dans leur magasin : les Prêtres de ces deux Nations font habillés de verd, & ils ont malheureufement les uns & les autres le défaut d'aimer le vin fans modération.

Le Gouverneur de la Ville & de toute la Province a le titre de Kan; & le Magiftrat qui maintient la police, & rend la justice, fe nomme Kalenter.

Il arrive rarement que le Sirvan éprouve le malheur de la guerre; car encore qu'il foit à l'extrémité de la Perfe, fa fituation le met en fûreté, & le mont Caucafe eft un rempart que les armées ennemies ne fçauroient forcer. Toutefois

pour être plei nement en repos de ce côté-là, le Roi de Perfe fait une pension de fept cens Tomans, ou trente

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