페이지 이미지
PDF
ePub

à moins que quelqu'autre vaiffeau venu d'Aftracan, ne leur annonce que le Volga eft dégelé, & qu'il eft navigable.

Le trajet eft de cinquante lieues :: par un bon vent on les fait en cinq jours, mais affez ordinairement en neuf jours; fix fur la mer, & trois fur le Volga.

La difficulté eft de trouver le canal qui conduit à Aftracan, & d'éviter les bancs de fable: car ce grand fleuve, difent les Mofcovites, fe décharge dans la mer par foixante & douze embouchures & il charrie une grande quantité de fable.

Quand le vent vient à changer, on ne fçauroit décider du tems du voyage.. Un de nos Marchands Catholiques m'a raconté qu'il fut quarante-huit jours errant fur cette mer. Il fut pouffé à la côte des Jeufbeks, où le

[ocr errors]

vent lui ayant ayant manqué tout-àcoup, le laiffa plufieurs jours dans un continuel danger d'être fait efclave, & d'avoir le nez & les oreilles coupées par ces barbares, qui heureufement ne trouverent point de barque pour aller à lui. Il m'ajoûta que l'équipage, pour se tirer de cet endroit dangereux, & pour obtenir du Ciel un fouffle de vent réfolut de jetter un homme dans la mer; mais que le vent qui furvint, arrêta leur criminel deffein. Les Mofcovites, pour faire remonter le Volga à leurs grands bateaux chargés, fe fervent de cette invention. Ils font porter dans un petit bateau un gros cable & un cabeftan. Ils attachent ferme le cabeftan fur un des bords dela riviere. Ils le tournent enfuite: à force de bras, & par le moyen du cable qui tient d'un côté aus

cabeftan & qui eft attaché de l'autre au gros du bateau, ils le forcent de remonter les eaux du fleuve.

Si le voyageur craint les périls & les inconftances de la mer, il peut faire le voyage par terre, fur-tout depuis que le Chamkal eft en paix avec le Roi de Perfe. Je vois plufieurs caravannes qui prennent maintenant cette route par Derbent, Tarkou & Tarki. Elle eft de vingt-cinq journées pour un Cavalier, depuis Chamaké jufqu'au Baffafaray, capitale de la Crimée ou petite Tartarie.

Les habitans de Chamaké ont une forte de divertiffement, auquel ils prennent grand plaisir; mais je ne fçai fi le récit que j'en ferai en donnera autant à ceux qui le liront. Quoi qu'il en foit, je dirai ce que j'ai vû. Quand

il leur prend envie de fe divertir dans les beaux jours de l'année, plufieurs familles fe joignent enfemble, & font bourfe commune. Ils vont fur des collines aux. environs de la Ville, ils y dref fent des tentes, font bonne chère, & dansent tout le jour au fon des inftrumens de musique ; la nuit ils font des illuminations de naphte. Lorsqu'ils font prêts de s'en retourner chez eux, & qu'il s'agit de finir leurs jours de fêtes, ils prennent les nappes, dont ils fe font fervis, & qui font des piéces de toile de diverfes couleurs, & longues d'environ dix aunes. Ils tiennent en l'air ces nappes étendues & danfent en cadence à droite & à gauche, chacun tenant toujours en main la nappe, & la tirant de fon côté. La danfe continue, jufqu'à ce que la nappe fe déchire, &

tombe par terre en lambeaux. Une nappe de moins coûte peu à des gens qui ont pour tout meuble un matelas étendu à terre, & qui ne fçavent ce que c'eft qu'un fauteuil, une chaise, & une table.

La capture d'un loup donne lieu à un autre divertiffement :: lorfqu'on en a pris un, on lie cet animal de deux cordes, dont deux hommes tiennent les bouts, en forte que le loup ne fçauroit fe jetter fur l'un, que l'autre ne le retienne: on prend jour pour donner le loup en fpectacle.

La Scéne eft dans une place, à cent pas de Chamaké, entre deux collines qui fervent d'amphithéâtre. Les jeunes gens fe. rangent en cercle, & le maître du loup le lâche, le retenant, cependant attaché par un pied. Cer animal fe lance de côté &

[ocr errors]
« 이전계속 »